Au hasard dans le brouillard à la recherche de la grotte de Susterragne!
Il y a des jours où rien ne se passe comme prévu et, ma foi, c’est le charme de la vie ! Ce fut le cas en ce jour de début janvier où sur la foi d’une météo favorable, nous avons décidé de grimper sur le causse du Larzac pour fuir les nuages apportés par les vents marins sur la plaine littorale. De fait, une fois de plus la météo s’est révélée une science approximative car un brouillard épais régnait sur les lieux ! Il en fallait d’autres pour nous faire renoncer à notre objectif du jour qui était d’aller explorer la grotte de Susterragne perchée sur la crête de la Séranne.
Muni d’un vague tracé de randonnée trouvé sur internet, nous partons dans le brouillard sûrs de notre sens de l’orientation et les premiers kilomètres qui empruntent une route départementale se passent, ma foi, sans encombre. L’ambiance fantomatique qui règne en ces lieux magnifie la ramure des arbres d’une infinie complexité et délicatesse. Il est prodigieux qu’une graine qui tient dans le creux de notre main puisse donner naissance à une telle merveille.
Nous croisons quelques spécimens de la plus belle conquête de l’homme sans doute étonnés de voir des bipèdes se balader par un temps pareil. Sans ce noble animal l’histoire de l’homme aurait été différente : Alexandre et Attila n’auraient pas conquis leurs empires, les cavaliers de Cortès n’auraient pas impressionnés et vaincus les Aztèques qui ne connaissaient pas cet animal et prirent les espagnols pour des dieux. Notons également que Richard III était prêt à donner son royaume pour un cheval et que Montaigne n’aurait sans doute pas écrit ses essais s’il n’avait parcouru 2500 kilomètres à cheval à travers la l’Europe
Considéré comme moins nobles mais pourtant tout aussi utiles à l’humanité, nous passons devant trois ânes qui nous font une haie d’honneur, espérant sans doute un morceau de pomme ou de carotte qu’hélas nous n’avons point. Ces animaux ont longtemps été pris pour des «ânes» mais sont bien plus intelligents que certains humains!
Je suis toujours ému de croiser le témoignage du passé comme cette antique charrue, outil rudimentaire utilisant la traction animale, qui a aidé l’homme à façonner les paysages que nous contemplons aujourd’hui.
Mais il est révolu ce temps ou partout des fermes émaillaient les campagnes et des troupeaux paissaient en permanence dans les champs et sur le causse comme en témoigne cette ancienne lavogne asséchée. Aujourd'hui les fermes industrielles saccagent nos campagnes alors que les paysans d'autrefois la magnifiaient.
On y monte encore quelques troupeaux de mouton l’été qui ont laissé, ici et là, des touffes de laine accrochées aux barbelés.
Mais si l’hiver les humains désertent les lieux, de discrètes ouvrières y tissent sur les buissons et dans les branches des arbres de magnifiques pièges dont la rosée née du brouillard trahit la présence.
Je vous laisse admirer leur superbes et délicates oeuvres fatales à tout un monde buzonnant.
Je remercie Vichnou de ne pas être né moucheron !
Absorbés par la contemplation de ces merveilles, nous n’avons pas pris garde que nous perdions le bon cap. Mais au bout d’un moment le contexte n’étant pas celui attendu nous sortons notre boussole et constatons que nous allons à l’opposé de là où nous souhaitions nous rendre. Nous rebroussons donc chemin en suivant cette fois ci notre boussole pour nous retrouver après deux heures de marche quasiment au point de départ !
Le brouillard étant toujours aussi épais et l’heure étant venue nous décidons de faire notre pause pique-nique.
Après avoir refait le plein de calories et dégelé nos veines en y injectant un peu de vin d’Oc nous repartons à la recherche de la grotte de Susterragne en empruntant un itinéraire plus facilement repérable.
Parvenus sur la crête de la Séranne nous suivons le chemin au bord duquel la grotte d’après la carte IGN est située. Mais à l’endroit où elle est supposée se trouver, nous battons la campagne pendant une demi heure arpentant vainement les fourrés. A notre mésaventure du matin s’ajoute la déception de faire chou blanc! Notons au passage que cette délicieuse expression vient du fait qu’autrefois au jeu de quilles on disait du joueur qui n’avait pas fait un seul point qu’il avait fait « coup blanc » or dans le Berrichon coup se propice «choup» expression qui est restée.
Nous prenons donc le chemin du retour fort marris de cet échec car cette grotte a la réputation d’être ornée de superbes stalactites. Mais c’est promis à la belle saison nous reviendrons !
Mais la fin de notre randonnée se révèle heureusement plus fructueuse car nous rencontrons une charmante jeune femme qui marche depuis cinq mois et vient de Santiago de Compostella. Nous faisons un bout de chemin avec elle et nous lui faisons découvrir le vénérable chêne du Coulet pluricentenaire. Il est regrettable qu’en France ces arbres ne jouissent pas d’un statut de protection particulier comme il en existe dans d’autres pays.
Ce chêne probablement né sous le règne du roi scélérat Louis XIV pourrait inspirer une belle histoire à Laurent Tillon, auteur d’un merveilleux ouvrage «Etre un chêne » dont je vous recommande chaudement la lecture.
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Texte & Photos Ulysse