Mettez votre cache-col, on va à Caissenols !
La loi de l’entropie qui régit l’univers veut que peu à peu tout aille à veau l’eau : les soleils s’éteignent, les montagnes s’érodent, nos genoux grincent ! Ce n’est pas une raison pour se laisser aller et prendre prétexte d’un temps froid et maussade pour rester bien au chaud chez soi à arpenter son canapé ! Les cimes de l’Espinouse que j’aperçois de chez moi à l’horizon étant enneigés, avec mon copain Jo nous décidons d’aller «goûter» cette neige fraiche malgré le ciel plombé et la Tramontane qui s’en donne à coeur joie !
Partis de Compeyre nous arrivons au pied de la serre de More d’où l’on découvre vers le Sud-Ouest le massif de l’Espinouse enneigé. Bien que culminant à 1127m d’altitude ce massif connait un climat relativement froid, le Caroux, auquel il est adossé, bloquant l’influence méditerranéenne.
Vers le nord on découvre le Marcou point culminant des monts d’Orb (1091m) également enneigés que nous avons gravi maintes fois. Quand on aime on ne compte pas !
Pour le moment la pente nous protège de la Tramontane, mais nous approchons de la ligne de crête de la serre où elle va nous inviter à «danser» !
Nous y sommes et nous marchons de guingois bousculés par cette turbulente «danseuse». Je ne sais quel malotru a donné un nom féminin à un vent aussi froid et brutal. Généralement les vents violents ont des noms masculins : le Mistral, le Sirocco, le Cers….
La couche de neige s’épaissit au fur et à mesure que nous progressons. Le voile de nuages se déchire par moments baignant le paysage d’une féerique luminosité.
Le sentier traverse une barre rocheuse par une brèche jonchée d’éboulis qui nécessite beaucoup de vigilance alors que la Tramontane qui s’y engouffre cherche à nous renverser. Allons madame un peu de tenue !
Le portail de Roquendouire est en vue d’où part un sentier qui sera mieux protégé du vent et nous permettra, à notre tour, de souffler un peu ! Curiosité de notre langue : le vent s’active quand il souffle et nous quand nous soufflons nous nous reposons !
Nous marchons effectivement à l’abri du vent sauf au niveau des cols que le sentier franchit en chevauchant le pied des barres rocheuses.
Il traverse aussi quelques torrents dont le débit hivernal nous conduit à tester notre agilité. Mais les papis que nous sommes traversent sans se mouiller les pieds ! Chapeau qui !
Nous arrivons à Caissenols le Haut avec l’idée de faire une bonne flambée dans le refuge qui a été magnifiquement réhabilité par une association de bénévoles. Malheureusement il est occupé par de jeunes randonneurs qui ont du faire la fête et n’ont pas fini leur nuit!
Respectueux du sommeil d’autrui, nous dégageons la table et les bancs extérieurs de la neige pour nous y installer.
Et stoïquement nous pique-niquons en regrettant seulement de ne pas avoir un vin chaud pour ravigoter nos vieilles carcasses. Ah ! si seulement les dormeurs avaient été des dormeuses, peut être que…..mais ne fantasmons pas!
Nous repartons alors qu’un faible rayon de soleil illumine le refuge, petit coin de paradis dans un vallon sauvage où nous avons passé en toutes saisons de merveilleux moments.
Bien que le retour se fasse par le même chemin, le paysage n’est pas le même à l’envers qu’à l’endroit et le plaisir de marcher est ainsi toujours renouvelé ! L’heure et les saisons ajoutent aussi leur touches qui font que, lorsque l’on est attentif on ne voit jamais deux fois le même paysage.
Quelle chance nous avons d’avoir à notre porte un tel environnement aussi sauvage quant tant d’hommes survivent plutôt qu’ils ne vivent dans des mégacités polluées et bruyantes sans pouvoir s’en échapper.
Nous revoilà au portail de Roquendouire où nous faisons une halte, la Tramontane s’étant enfin apaisée.
Nous reprenons le chemin qui grimpe sur la Serre de More sous les yeux d’un patou indifférent perdu dans la contemplation de la ligne d’horizon. Mais qui d’entre vous saura le voir ?
Le monde est beau quand on va ainsi par monts et vaux libre comme l’air subjugué par le tournoiement des couleurs que fait naître sur la Terre le lent défilé des nuages.
Point n’est besoin de gravir l’Himalaya ou le Mont Blanc pour éprouver l’ivresse des cimes d’autant qu’ici pas de file d’attente, pas de monceaux de déchets laissés par les prétendus amoureux de la montagne dont le seul but est d’emmener leur «égo» sur les toits du monde pour ensuite s’en glorifier, sans égard aucun pour la nature !
Sur ces modestes montagnes, on trouve la sérénité et le bonheur de sentir battre son coeur à l’unisson de celui de notre Terre.
Nous redescendons vers la plaine riche des émotions éprouvées et du bonheur d’avoir vaincu une nouvelle fois les lois de l’entropie et de la gravité qui font qu’une partie de l’humanité passe sa vie dans un canapé ! Et le pire est à venir avec le «metavers» que nous promet ce fou de Zuckenberg sinistre empereur de «face de bouc» !
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Texte & Photos Ulysse