Un grand calamar m'a dit.....
Alors que je me promenais, il y a quelques jours, sur la plage du Grau d'Agde, j'aperçus, échoué sur le sable, un calamar géant en train d'agoniser. Tout d'abord effrayé, je restai à une distance respectable et m'apprêtai à le contourner quand, à ma grande stupéfaction, il me héla et me dit « Holà Ulysse, tu n'as rien à craindre de moi, je suis aussi inoffensif que les sardines que les hommes mettent en boite, approche toi j'ai quelque chose à te dire ». A moitié rassuré, j'hésitai quelques secondes, mais prenant mon courage à deux pieds, je me dirigeai vers lui et m'arrêtai à quelques mètres. Ses tentacules s'agitèrent faiblement, faisant naître chez moi quelques frissons, puis il roula sur le coté et me contempla de son oeil fixe, hublot ouvert sur l'infini de ces gouffres amers d'où il venait.
« Quelle tempête t'a arraché aux abysses ! Elle a du être monstrueuse pour qu'en dépit de ta taille et de ta force tu n'aies pu lui résister ! » lui dis-je. « Aucune tempête ne m'a fait violence, Ulysse, aucune d'ailleurs ne le pourrait, là d'où je viens, je suis maître en mon royaume et ne crains ni les courants, ni la houle, ni les requins, ni les orques qui sont parmi les plus redoutables prédateurs marins » me répond-t-il. « Alors quel événement extraordinaire t'a fait échouer sur cette plage ? » lui demandai-je interloqué. « Je me suis échoué volontairement Ulysse à cause de l'homme qui est en train de faire des océans et des mers des déserts liquides où ne flotteront plus bientôt que des bouts de plastique. Sur tous les rivages des individus aveuglés et hypnotisés par le chant des Sirènes qui ont pour nom Avidité et Cupidité pillent et polluent ce paradis liquide d'où sont issus vos ancêtres. Ces inconscients ne se rendent pas compte que le jour où les océans seront devenus de vastes espaces stériles, les jours de l'homme seront comptés. Je me suis donc échoué pour protester contre ces actes de banditisme auxquels se livrent impunément ces individus et sauver les océans d'une mort certaine, ainsi que votre espèce par la même occasion ».
« Mais pourquoi te sacrifier pour sauver une espèce aussi peu recommandable que la notre ?» dis-je un brin perplexe. «Parce qu'il y a fort longtemps j'ai rencontré un homme respectable, le capitaine Némo, qui naviguait à bord du Nautilus et qui a fuit le monde des hommes pour vivre sous les mers. Après quelques affrontements, nous avons appris à nous respecter et c'est en hommage à cette belle amitié que je suis venu protester et vous prévenir de ce qui vous attend». Sur ces derniers mots, je vis son oeil se ternir puis se tentacules se raidir. Il venait d'expirer sous mes yeux. D'un pas accablé je suis rentré chez moi et je vous fais passer son message afin que vous même vous le colportiez et que ce magnifique et admirable calamar ne se soit pas sacrifié en vain.
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Texte & Photos Ulysse