Virée dans le Haut Languedoc - 1- de Murat sur Vèbres à Gijounet...
Nous partons pour une virée de trois jours dans le parc régional du Haut Languedoc qui chevauche une partie de deux départements: l’Hérault et le Tarn et présente un territoire vallonné et verdoyant que ponctuent les étendues azur des lacs de Laouzas et de Raviège.
Après avoir remonté la vallée de la Mare, nous arrivons à la croix de Mounis où nous découvrons le versant nord du massif de l’Espinouse où se trouve le sommet de l’Hérault (1127m), altitude respectable pour un département plutôt connu pour ses plages.
Nous faisons une première halte au passionnant musée des statues-menhirs de Murat sur Vèbres, petite ville au demeurant sans attrait. C’est en 1888, qu’un jeune vicaire Frédéric Hermet a découvert la première statue menhir abandonnée le long d’un chemin à Saint-Sernin-sur-Rance (Aveyron). La communauté scientifique s’est alors passionnée pour cette oeuvre et a lancé une vaste et fructueuse campagne de recherche.
On découvre en ce musée les copies ou les originaux de menhirs sculptés ou gravés qui ont été retrouvés dans la région et qui remontent sans doute à environ 5.000 ans. Leur fonction reste un mystère et on ne sait s’il s’agit de divinités, de héros ou de dignitaires. Il est probable toutefois que ces statues incarnaient des êtres de pouvoir. On distingue des statues menhirs arborant des signes distinctifs masculins: le visage est représenté ainsi que les bras et mains, on y voit aussi un baudrier et un arc ou un poignard.
Sur les statues féminines on voit en particulier deux protubérances qui représentent les seins ainsi qu’un collier.
Les humains ont depuis des temps immémoriaux occupé et cultivé ces territoires fertiles et ils l’ont fait de façon intelligente en préservant des bois et bosquets d’arbres qui protègent du vent et de l’érosion et abritent une riche biodiversité.
Nous faisons un crochet par le village de Barre, plus haute commune du Tarn (930m), dont l’église du XVème siècle sans charme particulier comporte toutefois un vitrail représentant une scène plutôt rare: le jeune Jésus apprenant le métier de menuisier sous la direction de son père Joseph. Savait-il déjà, ironie du sort, qu’il finirait sa vie cloué sur une croix de bois ?
Nous nous rendons ensuite à la maison du Payrac, joli site présentant des activités ludiques et pédagogiques pour les enfants situé sur le versant nord d’une colline qui domine le lac du Laouzas où l’on peut pique-niquer et faire de belles balades.
Une courte marche nous mène jusqu’à la statue menhir de Laouzeto où nos yeux profanes peinent à distinguer des traces très érodées d’objet et de ceinture.
Puis nous faisons une halte à l’église St Victor de Nages qui fut reconstruite au XVème siècle après sa destruction par les protestants et modifiée au XIXème siècle.
Sur le parvis de l’église se dressent deux statues dont l’origine mérite d’été contée. Un conflit s’est noué il y a un siècle entre le maire Joseph Cavaillès et le curé de la paroisse le Père Vieules lequel avait fait abattre un grand frêne situé devant l’église mais très utilisé pour son ombre par les habitants! Le maire lui fit un procès qu’il gagna devant la justice de paix de Lacaune mais perdit devant le tribunal civil de Castres. Un siècle après, le maire eu l’idée de faire réaliser par Gérard Saez des sculptures - une bergère et un chevalier - dans le tronc qui avait été conservé.
Il faut reconnaître que le chevalier a fière allure !
L’intérêt de cette église n’est pas tant architectural que pictural. On y découvre en effet de superbes fresques réalisées par Michael Greschny fils du grand fresquiste lituanien Nicolas Greshny dont la vie fut un vrai roman. On y découvre, notamment, le Christ en Majesté, entouré de Marie, de saint Jean-Baptiste, et des saints patrons de Nages : saint Martin et saint Victor.
Ici on découvre l’ange Gabriel qui vient annoncer à Marie que le père éternel va lui faire un enfant. Elle n’a pas l’air très réjouie par la nouvelle. Elle a du dire à l’ange «J’ai déjà quatre garçons et deux filles, ça commence à faire beaucoup ! Est ce que le ciel va me verser une pension alimentaire? ». Je crains qu’elle n’ait pas eu de réponse !
On nous rappelle ici le sort heureux qui sera réservé aux fidèles croyants qui mèneront une vie chrétienne et seront appelés à gagner le ciel le jour du jugement dernier. Pour moi cette histoire n’est que pure faribole car poussière d’étoiles nous étions et poussière d’étoiles nous redeviendrons.
Là on voit le sort de ceux qui, selon les chrétiens, seront condamnés aux flammes de l’enfer. De fait si nous continuons à traiter la planète comme nous le faisons c’est ici bas que nous connaîtrons bientôt les flammes de l’enfer !
Mais le ciel se couvre et il est temps de rejoindre Lacaune où se trouve notre hôtel. En chemin nous nous arrêtons pour voir la Peyro Lebado (pierre levée) statue menhir la plus haute d’Europe (4,5m) dont on peine toutefois à distinguer les motifs gravés.
Nous voici à Lacaune, ancienne station thermale, aujourd’hui capitale du jambon Tarnais dont la maison Oberti est la plus talentueuse représentante. La ville ne présente guère d’intérêt mis à part la place du Griffoul où se dresse la fontaine des Pissaïres (des pisseurs).
Lacaune possède des sources chaudes naturelles, dont les propriétés diurétiques sont connues depuis l’antiquité et qui sont encore exploitées aujourd’hui.
La Font dels Pissaires édifiée en 1559 illustre les effets de ces eaux par l'intermédiaire de quatre enfants qui «pissent» ces eaux par la tête et par leurs pénis.
On découvre aussi sur cette place l’ancien lavoir avec une pittoresque illustration des lavandières qui venaient y laver leur linge pendant que leurs chers époux buvaient un canon à l’auberge du coin! Nos épouses peuvent remercier Jacob Christian Schäffer !
Puis nous rejoignons notre agréable Hôtel, le relais de Fusiès, lieu de séjour idéal pour visiter la région où nous festoyons le soir dans la salle à manger romantique.
Le lendemain matin nous partons à la découverte du pittoresque village de Gijounet dont toutes les maisons arborent une superbe parure de pierres chamarrées qui nous changent des murs en hideux parpaings bruts qui entourent les maisons héraultaises.
Ici même les boites aux lettres sont couleur locale !
Le village doit son nom au Gijou dont les eaux vives et limpides lèchent les murs de ses habitations
Comme beaucoup de villages isolés Gijounet voit peu à peu ses habitants partir….
Mais ceux qui restent ont a coeur de préserver le charme de ce village.
Et ce vieux four est prêt à affronter les siècles qui viennent…
Qui sait si dans cinquante ans, quand les plaines en contrebas seront invivables, les humains ne seront pas heureux de s’y retrouver pour y faire cuire un chichoulet ou un frésinat !
Nous quittons à regret ce village, havre de paix et de sérénité dans notre monde qui devient fou….
A suivre…
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Je vous invite à écouter ma chanson
A quoi rêvent les jeunes filles.....
Sur mon blog Canta-la-Vida
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE