Virée en Aveyron - 4 - De ville en ville le long de la Truyère et du Lot
Comme dans le cochon en Aveyron tout est bon et tout est beau aussi. A la douceur et l’harmonie de la nature répond le pittoresque des villages et des villes jamais pollués par les hideux murs de parpaings bruts qui défigurent ceux de mon département l’Hérault. Nous voici au dessus du hameau de Vallon dominé par son château médiéval. En dessous coule la Truyère dont la rive Sud est entaillée par le torrent qui donne naissance à la cascade du Saut du Chien que vous pouvez découvrir dans le précédent article.
Ce château du XIIème siècle a subi les atteintes du temps et une partie des pierres de ses murailles ont été pillées par les villageois des siècles passés pour construire leurs maisons. Qui peut leur en vouloir? Le respect des monuments du passé est très contemporain, peut être parce que nous savons aujourd’hui que les civilisations sont mortelles et que nous essayons à tout prix de retarder l’échéance pour ce qui nous concerne. Mais soyons en sûr, notre tour viendra vite quand on voit l’évolution du monde et qu’un cancrelat rêve d’être président de la République !
Nous nous rendons à Mur-en-Barrez et visitons l’imposante église Saint Thomas de Cantorbery édifiée au XIIème siècle mais profondément remaniée au XVIIème. Elle n’est pas près, quant à elle, de tomber en ruine, bien campée sur ses murailles épaisses. La référence à l’évêque anglais est un vestige de l’occupation anglaise de la ville pendant la guerre de cent ans.
Elle comporte une sculpture unique en France: un gisant en clé de voûte qui reste serein malgré son inconfortable position.
Nous voici devant la porte dite de Monaco ainsi nommée car les Barréziens furent étrangement les sujets du Prince de Monaco de 1643 à la Révolution. Notre histoire est riche en surprises !
La rue qui part de cette porte est bordée de beaux immeubles ornés de façades renaissances. Elle conduit à un tertre où trônait un château démoli sur ordre de Louis XIII en 1620. Son accès est néanmoins gardé par un chevalier auquel manifestement on a oublié de donner son congé !
Sa servitude est adoucie par la présence d’une noble demoiselle qui lui lit de la poésie. Peut-être qu’à la nuit tombée entend-t-on des bruits de cliquetis !
Du haut de la butte on découvre un superbe panorama des monts du Cantal à ceux d’Aubrac.
Ici chacun cherche à embellir son habitation comme l’illustre ce magnifique paon en métal qui orne le portail d’une maison. Ah! Si on avait tous ce souci en mon beau pays !
Nous arrivons à St-Côme-d’Olt, petite ville fortifiée médiévale où l’on pénètre par l’une des trois portes de l’enceinte, aujourd’hui intégrée aux habitations.
L’église gothique du XVIème siècle comporte un étonnant clocher flammé de 42m de haut unique en France
Le portail comporte d’intéressants ventaux sculptés de style renaissance
L’un des médaillons représentant un cavalier suscite de nombreuses hypothèses : au premier abord, la monture paraît-être un animal fantastique. Son cou est d'une longueur démesurée et ses pieds sont fourchus. Il est possible, cependant, que l'artiste ait voulu représenter un cheval. Les traits du cavalier sont hideux ; sa tête est couverte d'une sorte de casque au-dessus duquel on croit reconnaître un mélange de plumes et de cornes. En avant du cavalier, on aperçoit des flammes. Serait-ce le diable dont le sculpteur a voulu reproduire l'image ? D'autres interprétations ont été formulées. La première s'appuie sur la concomitance des dates de découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, 1492, avec celle de 1532, date de la construction de ce portail. D’autres y voient l'image d'un lama supportant un "indien emplumé" qui aurait transité par la Péninsule ibérique grâce aux pérégrinations des artisans-sculpteurs, constructeurs des églises et cathédrales et qui sillonnaient les nations. Une autre, plus prosaïque, donnée par un médiéviste contemporain suggère qu’il s'agirait plutôt d'un chameau bien souvent représenté de cette façon à cette époque ! Le sculpteur qui nous lit doit bien se «marrer» là haut !
Le soleil qui traverse les magnifiques vitraux créent une ambiance propice à la prière même si l’on est comme moi un mécréant. Mais il n’est interdit de souhaiter que ses semblables homo sapiens - bien mal nommé ! - se montrent un peu plus fraternels et moins irrationnels.
Faisons comme cette charmante jeune femme et honorons la mémoire de toux ceux qui sont morts pour que nous vivions dans un pays libre et fraternel et cessons de déblatérer sur les faux périls qui nous menacent.
Cet édifice, qui a six ou sept fois mon âge et a été maintes fois rapiécé, a encore belle allure et sera longtemps admiré des touristes alors que je fumerai un havane avec le grand Manitou. Là haut on pourra se permettre tous les vices puisqu’on sera mort !
De la rive sud du Lot on découvre toute la ville où l’on ne dénote aucune fausse note dans l’architecture. Qu’on se le dise en Languedoc !
Un charmant jardinier nous accueille à l’entrée de St-Eulalie-d’Olt jolie cité médiévale, presque trop jolie dirai-je même car elle est en train de devenir une ville musée tant l’emprise touristique finit par dénaturer son authenticité. Mais je suis en partie coupable de cette évolution puisque j’y suis et vous en parle. Cela dit ce ne sont pas les cinquantes lectrices et lecteurs de ce blog qui vont submerger les lieux dont je parle! mais comment faire en sorte que le tourisme ne finisse pas par tuer l’âme des lieux? Sans doute faut-il limiter l’invasion de ces jolies villes par les marchands de souvenirs douteux fabriqués sous d’autres cieux !
Il est vrai que le village-classé parmi les plus beaux de France- comporte de magnifiques demeures de style renaissance.
Tout a été restauré à la perfection, trop peut être? Il y a un aspect «nickel-chrome» qui atténue l’émotion esthétique.
Emus nous sommes, par contre, en entrant dans l’harmonieuse église romane Ste Eulalie qui rappelle l’abbatiale de Conques où je vous emmènerai la semaine prochaine.
Nous achevons notre périple par la visite de St-Geniez-d’Olt autre ville médiévale point de passage entre les causses et l’Aubrac qui étale ses habitations le long des deux rives du Lot. Elle fut autrefois une riche cité drapière mais somnole aujourd’hui au bord de ce fleuve.
Ses habitants sont curieusement appelés les «marmots» surnom qui leur vient d’une légende dont les personnages sont les sujets d’une sculpture qui orne le pont qui franchit le Lot. Selon cette légende il était une fois deux enfants qui avaient apprivoisé une marmotte qui, alors qu’il s’était mis à pleuvoir, s’était enfuie dans les bois environnants. Les enfants partirent à sa recherche et finirent par la trouver dans une vielle cabane, où ils s’abritèrent pour la nuit. Quand ils revinrent au village ils constatèrent effarés que le Lot avait débordé et emporté toutes les maisons de leur quartier dont les habitants et parmi eux leurs parents s’étaient noyés. La marmotte avait ainsi pressentie la catastrophe, comme souvent lors de cataclysmes. Des voisins les recueillirent et on leur donna le nom de «marmots » qui s’étendît ensuite à tout le village.
A suivre….
Je vous invite à aller également sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma dernière chanson
Les roses noires
et aussi sur mon blog Palabres
Pour y découvrir la dernière gaffe de Gaston
M'enfin !
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Texte & Photos Ulysse