De la baie des Paullilles au Cap Béar
A lire mes escapades, vous savez que j’ai un penchant (le mot est idoine) pour les escapades montagnardes et les cimes que survolent aigles et vautours et où gambadent mouflons, isards et bouquetins. Ce sont les endroits du monde qui nous rendent humble car s’y révèle la fragilité de l’être humain. Mais je prends aussi plaisir à l’occasion à baguenauder sur des sentiers campagnards ou en bordure de mer, où la nature plus sereine (sauf bien sur en cas de tempête !) nous charme par son bouquet d’odeurs et son kaléidoscope de couleurs.
Nous partons ce matin de la baie des Paulilles sur la côte Vermeille, située non loin de Banyuls et où était autrefois installée une fabrique de munitions. Ce lieu a été racheté et magnifiquement aménagé par le Conservatoire du Littoral. Il est réconfortant de constater que grâce à nos « contributions d’intérêt général », là où on produisait autrefois des engins de mort, les familles viennent s’y baigner et y pique-niquer. Tout ne va pas si mal en Gaule !
Cette cote « Vermeille » - que l’on pourrait prononcer aussi « Merveille » - n’usurpe pas son nom. Les monts et collines des Albères couverts de chênes-lièges, de vignes – multicolores à l’automne – et d’odorantes garrigues plongent dans les eaux émeraudes, turquoises ou outremer de la Méditerranée, par endroits ourlée de plages de sable ou de galets bordées de pins parasols.
En dehors des villages comme Banyuls, Collioure, Port-Vendres, la cote Vermeille est quasiment vierge de constructions et a préservé son aspect originel au contraire de la cote d’Azur défigurée par les promoteurs. Il faut dire que les figuiers de Barbarie qui y prospèrent en défendent l’accès.
C’est un lieu où la beauté de la nature vous incite à marcher où à utiliser la force du vent pour naviguer. Ici pas de yacht, de hors bord, de scooters des mers, tous ces engins qui donnent aux poissons un goût de diesel que certains malheureusement semble apprécier !
Les goélands n’ont certes pas l’impressionnante envergure des vautours mais ils sont, tout autant qu’eux, maîtres des airs. Leur voilure blanche et noire leur confère un aspect très distingué. L’on peut s’interroger sur la raison de ces rémiges noires à l’extrémité des ailes : est ce pour impressionner les éventuels prédateurs : aigles ou autres rapaces ?
Arrive l’heure du pique-nique et nous choisissons une crique tranquille pour déjeuner. On a peine à croire que ces eaux limpides deviennent peu à peu un bouillon de particules de plastiques infimes qui contaminent tous les animaux marins et donc nous mêmes, leurs ultimes prédateurs. Et d’où vient ce plastique : du pétrole, mauvais génie de notre hyper développement que l’on a du mal à faire rentrer dans la bouteille ! Encore un plein, monsieur le bourreau ! C’est le cri du jour !
En se baladant en bord de mer on pourrait croire que le sentier est des plus pénards. Que nenni, car ici la cote rocheuse, bordée de caps et de falaises, vous impose d’incessantes montées et descentes pour les franchir. Au bout du compte, l’on grimpe l’équivalent d’une montagne tout en se retrouvant, in fine, au ras des flots ! Les marcheurs, c’est bien connus sont les conquérants de l’inutile.
Nous arrivons en vue du Cap Béar et de son phare, terminus de notre balade. Le retour se fait par le même sentier mais le paysage que nous découvrons est sensiblement différent du fait du changement de perspective.
Mais avant de reprendre notre marche vers l’Ouest, vaillants randonneurs que nous sommes, nous nous offrons une baignade étonnamment tiède en ce 10 novembre. Oh ! Donald ! Il serait peut être temps que tu mettes tes grosses Cadillacs au garage ! Hélas je sais que c’est le genre de message qui va se perdre dans un cerveau vide !
Même si mon cri d’alerte était repris par cet énorme Goéland, je doute qu’il soit entendu outre Atlantique où malgré les feux qui ravagent la Californie et les ouragans qui dévastent la Floride, on continue d’extraire une mer de pétrole du sous sol du Texas en qualifiant le réchauffement climatique de canular.
Mais, j’arrête de radoter et de ratiociner, vieille noix que je suis, car vous êtes passés par ici pour vous détendre et admirer la beauté du monde et en ce lieu nous sommes plutôt gâtés ! Le soleil commence à préparer son lit dans un édredon de nuages et la mer prend une couleur argentée.
Il règne une ambiance un brin mélancolique où le monde peu à peu s’estompe et nous fait ressentir plus intensément le temps qui passe. Voir le monde peu à peu disparaître dans la nuit qui vient à pas de loup (ah ! quel bel animal !) nous rappelle que nous sommes mortels et l’heure que l’on vit devient alors plus précieuse.
Mais avant de tirer sa révérence, Aton va déverser sur les vignes des tombereaux de poudre d’or.
Au vu d’une telle magnificence, on n’est pas étonné que les crus de Banyuls, développés par les Templiers, produisent des nectars à nul autre pareils.
Ces nectars, bus avec votre amie Modération, vous feront monter au ciel où les anges de leurs palmes rafraichiront vos fronts et dissiperont les tracas et soucis de l’existence. Quel beau pays que la Gaule et quelle chance d’être gaulois !
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Texte & Photos Ulysse