De l’oppidum d’Ensérune au tunnel de Malpas le long du canal du Midi
Le territoire de la France, nation bi-millénaire, est pétri d’histoire et c’est notamment visible dans le Languedoc, région qui a connu nombre d’invasions. Aujourd’hui, nous partons de l’oppidum d’Ensérune, cité fortifiée créée vers -575 avant J.-C. sur une colline dont les pentes escarpées offrent une protection naturelle et dominent le canal du Midi. Ses premiers habitants appartenaient au peuple celte des Élysiques auquel ont succédé les Volques Tectosages. Ils possédaient une grande maîtrise dans les arts du feu, de la céramique, du verre et de la métallurgie du fer.
Ils commerçaient avec les ports grecs de la côte méditerranéenne comme Massalia (Marseille), Agathé (Agde), Emporion (Ampurias) et Rhodé (Rosas). A partir de -450 à -200 avant J.-C., les échanges commerciaux se développèrent avec le monde ibérique comme en témoignent plus de 1000 graffitis en alphabet ibère gravés sur des céramiques. La montée en puissance de la République romaine amplifia les échanges avec les cités gauloises du Midi. Le commerce du vin s’intensifia via la voie Domitienne tracée au pied d’Ensérune et reliant l’Italie à l’Espagne. Les vins de la Narbonnaise devinrent plus réputés que ceux d’Italie ce qui provoqua, en réaction, un arrachage partiel des vignes.
Les habitants stockaient leurs récoltes de céréales dans des silos enterrés pouvant atteindre jusqu'à trois mètres de profondeur installés sur une vaste terrasse.
On voit ici la façon dont ces silos ont été creusés.
Et ici, les modalités de leur utilisation. La création de la province de Narbonnaise par les romains a intégré la cité dans la nouvelle organisation administrative romaine. L’utilisation du latin, l’imposition de nouveaux systèmes de mesures, la diversification du panthéon ont fait d’Ensérune une cité romanisée alors que de grandes demeures urbaines (domus) furent édifiées à Ensérune. Vous pouvez découvrir cette histoire en parcourant ce site magique doté d’un magnifique musée.
Du haut de l’oppidum, on découvre une autre étonnante et impressionnante réalisation historique: l’étang de Montady ancien marais qui fut drainé à la moitié du 13ème siècle, à l'initiative des seigneurs de Colombiers et de Montady. Il comporte 60 fossés drainants qui rejoignent au centre un drain circulaire, le redondel. Les eaux, convergeant vers le cœur de la cuvette, sont évacuées vers l'étang de Capestang par un grand canal prolongé par un aqueduc souterrain d'1,5 km sous le Malpas. Les différentes cultures créent selon les saisons un superbe patchwork de couleurs.
Vue du ciel, l’étang ressemble à une immense cible de jeu de fléchettes!
Nous redescendons de l’oppidum pour suivre la canal du Midi en direction de Poilhes. Ce canal, qui permet de relier l’océan Atlantique à la Méditerranée, aujourd’hui consacré aux croisières nautiques, fut l’un des plus grands chantiers du XVIIe siècle initié et géré par le génial Pierre Paul Riquet sous le règne de Louis XIV. Il n’aura fallu que 14 ans pour qu’il soit ouvert à la navigation et permette aux bateaux de rallier la Méditerranée à l’Atlantique. Sa création signa une véritable révolution du transport fluvial en France et dans le monde. Son usage commercial périclita avec le développement du chemin de fer au milieu du XIXème siècle.
Déjà l’empereur Auguste, Charlemagne, François 1er et Henri IV avaient rêvé de réaliser un tel projet permettant aux bateaux d’éviter de contourner la péninsule ibérique et le détroit de Gibraltar et de ne pas s’exposer aux pirates.
Aujourd’hui l’ancien chemin de halage a été transformé en sentier pédestre et piste cyclable, ponctué de nombreux restaurants, hôtels et gites qui permettent d’entreprendre son parcours sur plusieurs jours. De nombreux ouvrages vous permettent d’organiser votre périple.
Le canal du midi est paraît il un paradis pour les pécheurs. On y trouve la carpe, la brème et de nombreux carnassiers: le sandre, la perche, le brochet, le blackbass, et même le silure sur certains biefs.
Des rives du canal, on découvre un aspect typique du paysage languedocien : le vignoble traversé par des routes bordées de platanes plantés autrefois pour apporter de l’ombre aux carrioles, piétons cavaliers qui y circulaient.
A cette saison la nature est à son acmée, les talus foisonnants de fleurs et la végétation affichant mille nuances de verts.
Au lieu où nous nous arrêtons pour pique-niquer nous découvrons un vestige historique : une vieille boite de sardines sans doute laissée là par un soldat de la légion romaine qui conquit la Narbonnaise.
La nature quant à elle nous offre le magnifique spectacle de ces graines de salsifis majeur en forme d’ombelles prêtes à s’envoler dans le vent. Ces plantes voyagent ainsi grâce à l’anémochorie !
Au niveau de Poilhes, nous quittons provisoirement le canal du Midi pour traverser une zone collines parsemées de vignes, d’oliveraies et de bosquets d’arbres.
Vers le nord, on aperçoit la masse sombre des monts de l’Espinousse où les nuages venus du Nord se sont fort heureusement arrêtés.
Pour vivre heureux vivons cachés semble être la devise des quelques domaines vignerons que l’on aperçoit ici et là .
La présence de coquelicots, plantes sauvages très sensibles aux pesticides, nous rassure sur les pratiques du paysan qui a semé ce champ de blé.
Notre circuit nous ramène vers le canal du midi et nous nous dirigeons vers l’étonnant tunnel de Malpas. C’est le dernier grand chantier conduit par Pierre-Paul Riquet. L’importance du relief l’a conduit à faire percer ce tunnel de 160 m de long pour le passage du canal.Cet ouvrage d’une ingéniosité exceptionnelle est unique en son genre.
A cet endroit, se trouvent deux autres tunnels dont les tracés se croisent: une galerie pour permettre le drainage de l’étang de Montady et un tunnel ferroviaire creusé pour laisser passage à la ligne de chemin de fer Béziers-Narbonne comme le montre cette maquette
Le tunnel a été percé dans des grès sableux avec un risque permanent d'effondrement, dans l'hiver 1679-1680. Il s'agit du dernier grand chantier mené par Riquet ; en effet, ce dernier mourra quelques mois plus tard, le 1er octobre 1680. Une banquette de halage d’un mètre permettait aux hommes de tirer les bateaux, les chevaux passant par dessus le tunnel.
Depuis son creusement il a été nécessaire de renforcer plusieurs fois la voute.
Le canal du midi a connu ces dernières années un drame car le chancre coloré a tué l’ensemble des platanes qui avaient été plantés tout le long pour apporter de l’ombre aux bateliers. Ils ont été remplacés mais les arbustes sont encore de petite taille et n’ont pas la majesté de leurs ancêtres que vous pouvez découvrir sur cette photo que j’ai prise en 2009 alors que j’ai parcouru une partie du canal en vélo !
Mon ami Gibus a écrit un nouveau roman
que vous pouvez commander chez
" Une aventure à la recherche du trésor des Templiers"
Je vous invite à écouter ma chanson
ma vie aura passé...
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS* ULYSSE
sauf 2, 4 &5 Hérault Tourisme et 7 Matthieu Colin
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