Il neigeait dru ce matin là….
Me voici de retour d'une semaine de raquettes dans le Queyras. En attendant de vous en faire le récit, je republie un article sur une rando enneigée faite il y a quelques années dans le Caroux et qui avait inspiré à ma plume une âme poétique.
Il neigeait dru ce matin là sur l’Espinousse,
J’y suis monté à l’aurore, vieux loup solitaire,
Sur mon front ridé, comme la neige était douce,
Baisers de la nature qui rendent aimable l’hiver.
Vers les nuages noirs qui couraient dans les cieux,
Les pins rugueux dressaient leurs fûts gigantesques,
Quand les hommes auront coupé le dernier d’entre eux,
La Terre connaîtra alors une époque dantesque.
Dans cet univers chaotique et minéral
Où s’efface aussitôt l’empreinte de nos pas,
Ici et là se dresse un cairn comme un fanal
Qui tisse un lien secret entre ceux qui passent là.
Les hêtres tortueux aux troncs ourlés de neige
Supportent vaillamment la morsure du vent,
En attendant que jaillisse à nouveau la sève
Qui leur donnera leur parure de printemps.
Un vieux loup édenté, affamé, tire la langue
Et reconnaît en moi un frère compatissant.
Mais je ne peux rien pour lui et le laisse exsangue ;
L’univers où l’on vit n’a pas de sentiment
Les ruines d’un vieux mas se dressent solitaires
A travers lesquelles la Tramontane gémit.
Où sont les mains qui ont dressé ces murs de pierre,
Où sont les âmes qui ont rêvé et aimé ici ?
J’arrive au Plo des Brus, lieu empli de mystère,
Où Brutus dit-on édifia un camp romain.
Aujourd’hui y règne en maître la bruyère,
Où les abeilles l’été font un royal festin.
Jusqu’à l’horizon les montagnes se succèdent,
De notre Terre mère orgueilleux mamelons
Que j’aime à parcourir, faible et humble bipède
Qui trouve, dans l’effort, l’âme et le cœur d’un lion.
Mais en ces lieux hostiles le plus fort reste frêle,
Comme ce hêtre géant que l’on voit foudroyé.
Pensons chaque jour que nous sommes mortels,
Et vivons le comme si c’était le dernier.
A l’aube de notre vie la route nous paraît belle,
Bordées de merveilles qui restent à découvrir.
Quand hélas les chagrins aux bonheurs s’entremêlent,
Souvenons nous de nos premiers désirs.
Et ne perdons jamais espoir car il arrive,
Qu’un arc en ciel surgisse d’on ne sait où,
Et croyant se noyer on aborde une rive,
Où le ciel est plus bleu et l’air est plus doux.
Sans doute chacun de nous a-t-il un ange gardien,
Dont le corps subtil se fond dans le paysage,
Qui au moment fatal sagement nous retient,
Et nous empêche de partir au delà des nuages.
Parfois, le but nous apparaît inaccessible,
Mais il faut néanmoins poursuivre son chemin.
Pas à pas on accomplit alors l’impossible,
Quand on ne renonce pas, le monde nous appartient.
Loin des méga-cités, immenses fourmilières,
La nature offre son inaliénable beauté,
Qui nous invite à briser sans tarder les fers,
Qui entravent nos âmes et nos cœurs étiolés.
D’étonnantes merveilles alors se révèlent,
A ceux qui on gardé une âme d’enfant :
Des nuages forment des visages dans le ciel,
Et de la neige naît un mouton blanc.
Mais le ciel se couvre, ramenant la tempête
Que mon âme accueille avec sérénité.
C’est lorsque, face aux éléments, nous tenons tête,
Que notre existence a le plus d’intensité.
De retour à la barrière du col de l’Ourtigas
Le soleil est de nouveau au rendez-vous.
A mes petits enfants, je rends aujourd'hui hommage
Ici, ils m’ont payé le passage en bisous !
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Je vous invite à aller sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma nouvelle chanson
Les êtres chers qui sont partis devant....
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Texte & Photos Ulysse