Jour blanc pour aller au refuge de la Blanche
Celles et ceux qui font ou ont fait du ski savent combien il est désagréable et risqué de pratiquer ce sport quand le jour est « blanc » c’est à dire quand le ciel est couvert et que le brouillard envahit les pistes. Il faut alors avoir une très grande souplesse et réactivité pour ne pas se laisser déstabiliser par les irrégularités de la piste que l’on ne discerne pas. Quand on fait de la raquette en des lieux où il n’y a pas de piste damée, la difficulté lors des jours « blancs » ne vient pas du relief mais de pouvoir garder le cap que l’on s’est fixé. Sans aucun repère le risque est grand, en effet, de finir par tourner en rond comme les Dupond dans le désert dans « Tintin au pays de l’or noir » ! Aujourd’hui – notre dernier jour de raquette - le jour est malheureusement « blanc », mais il en faut plus pour nous faire renoncer à aller déjeuner, comme tous les ans, au refuge de la Blanche, soit une balade de « santé » de 18 km aller-retour et 500mètres de dénivelé. Quand on aime, on ne compte pas !
Pour nous guider, il y a fort heureusement des bâtons plantés environ tous les cinquante mètres le long de la piste forestière qui y mène mais que l’on peine à discerner et quelques éléments de relief que nous connaissons bien pour avoir effectué ce parcours un grand nombre de fois.
Après deux heures de marche, nous apercevons la chapelle de Clausis, ce qui nous confirme que nous sommes sur le bon chemin. Aujourd’hui les lieux de culte sont malheureusement fermés à cause des cancrelats qui les pillent ou les vandalisent, mais dans le passé, quand cette chapelle était ouverte, elle a dû servir de refuge à plus d’un berger, colporteur ou contrebandier (la frontière italienne n’est pas loin) lors d’une tempête inopinée.
Nous grimpons en ahanant l’épaule rocheuse où elle est campée, la pente et la neige instable nécessitant un surcroit d’efforts.
Les sommets qui ferment le cirque où est installé le refuge de la Blanche surgissent devant nous comme des fantômes. On a le sentiment que ces milliards de tonnes de roches flottent dans l’espace ! A vrai dire, c’est toujours un étonnement pour moi de savoir que je marche sur une planète qui flotte aussi dans le vide !
Après deux heures trente de marche « au radar » nous sommes soulagés d’apercevoir le refuge entouré de congères de neige.
La seule vue de la salle à manger et des cuisines du refuge, signe annonciateur d’un déjeuner montagnard roboratif, emplit notre âme d’aise. Il en faut peu à l’homme simple pour être heureux ! Pas besoin de villa de luxe, de yacht ou de compte en banque garni ….
Un petit coup de blanc ……
….suivi d’un verre de rouge (voire deux) et d’une salade montagnarde suffisent pour être au Nirvana !
Après avoir rendu hommage au Génépi de Marc, patron du refuge, nous prenons le chemin du retour ….
….que seul les bâtons qui le bordent matérialisent !
Mais après une heure de marche de bâton en bâton à l’aveuglette, le brouillard se dissipe et la couverture nuageuse se déchire laissant apparaître un coin de ciel bleu.
Un pâle rayon de soleil illumine la chapelle de Clausis que nous venons de contourner.
Nous assistons alors à un fabuleux ballet de nuages poussés par le vent que le soleil, qui sombre derrière la chaine de montagne surplombant le chemin, poudroie peu à peu d’or.
Le lendemain matin, nous quittons avec regret Prats Hauts, ce lieu enchanteur en nous promettant d’y revenir l’an prochain. Si mes récits vous ont donné envie d’y aller, cliquez ICI !
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Texte & Photos Ulysse