A l’assaut des arêtes de Ribescé et de Razigade !
Quant on avance en âge le plus dur à supporter n’est pas tant sa lente mais naturelle décrépitude que les mauvais coups qui frappent nos amis les plus chers. C’est ainsi que mon frère de chemin Gibus se trouve pour le moment dans l’impossibilité de m’accompagner du fait de graves ennuis de santé, mais connaissant sa vitalité, son courage et son amour de la vie, je lui donne rendez vous sur les chemins au printemps prochain. Aujourd’hui, nous partons, Bernard, (qui a un joli blog accessible ICI) Claude et moi, à l’assaut des arêtes de Ribescé et de Razigade dans le massif de l’Espinousse en vue de rejoindre le Plo des Brus. Contrairement à ce que peut laisser penser ce toponyme, il ne s’agit pas d’un rendez vous galant, les lieux étant plutôt fréquentées par des mouflonnes que par des « belles filles » !
Il n’ y a pas à proprement parler de sentier sur l’arête de Ribescé qui n’est qu’une longue succession de pierriers plus ou moins chaotiques et pentus. Mais Bernard qui arpente les lieux depuis près d’un demi siècle sait garder le cap dans cet océan de rochers.
Derrière nous se dresse la masse imposante du Marcou, que nous avons maintes fois gravi, sommet le plus élevé du Haut Languedoc avec 1081m, altitude qui fait sans doute sourire nos amis montagnards alpins ou pyrénéens. Mais son ascension part de la plaine et cela représente quand même près de mille mètres de dénivelé. Pour les « vieillards » que nous sommes, c'est déjà une belle grimpette !
Il est surprenant de rencontrer en un lieu aussi difficilement accessible une antique jasse (bergerie) qui illustre le courage des anciens qui ne mesuraient pas leur peine pour assurer leur subsistance. Ils devaient trouver ici, l’été, pour leurs bêtes, l’herbe tendre qui manquait dans la plaine calcinée par le soleil.
Nous progressons cahin-caha de barre rocheuse en barre rocheuse dont l’effritement continu, que révèlent les endroits plus clairs de la roche, nous console de notre propre décrépitude. Même les montagnes sont mortelles ! Vous noterez d’ailleurs que l’un de mes compagnons se tient imprudemment à l’endroit où s’est produit une chute de pierre. Sans peur, mais peut être dignes de reproches, nous sommes !
Saluons l’intelligence de ces arbres qui se sont installés à l’abri de cette aiguille rocheuse qui les protège de la Tramontane qui y souffle parfois violemment. N’ayant pas la possibilité de migrer, il est fondamental pour eux de naître en un endroit propice à leur croissance. En l’occurrence comme il s’agit de Hêtres, la formule shakespearienne « hêtre ou ne pas être » s’applique avec pertinence !
Cela dit, dans tout groupe humain, animal ou végétal il y a des aventuriers, des individualistes qui refusent la règle commune, comme cet arbrisseau qui a choisi de grandir loin de ses congénères et qui le paie cher. La Tramontane l’a courbé et soumis à sa volonté, comme elle tente de le faire avec nous aujourd’hui, qui subissons ses rafales qui essaient de nous déstabiliser. Mais ce n’est pas demain qu’Eole arrivera à nous mettre le cul par terre !
Ayant marché à vue hors sentier, nous nous retrouvons au dessus d’une petite barre rocheuse que nous devons dégrimper. J’avoue que je n’excelle pas dans cet exercice où il faut se contorsionner, car mes articulations, de fait, ne s’articulent plus guère. Je peux dire que papi fait de la résistance mais ce n’est pas pour une noble cause!
Ayant rejoint l'arête de Razigade et retrouvé un sentier, nous parvenons enfin sur le somptueux plo (plateau) des Brus dans une ambiance wagnérienne, la Tramontane redoublant de violence et chahutant les nuages qui créent un fantastique ballet d’ombres et de lumière.
Après avoir pique-niqué à l’abri d’une jasse en ruine, nous entamons la descente poussés par la Tramontane qui ne nous laisse aucun répit.
Nous arrivons en vue du portail de Roquandouire brièvement illuminé par Amon.
Mes fidèles lecteurs connaissent bien cet étonnant lieu géologique qui résulte de la mise à la verticale d’un plateau sédimentaire lors de la surrection des Pyrénées, il y a quarante millions d’années.
Dans le ciel, le remue ménage de nuages se poursuit qui nous offre un spectacle kaléidoscopique sur les flans des montagnes recouverts de leur parure automnale.
Chanceux sont ceux qui comme nous peuvent encore marcher à pieds et découvrir de tels spectacles ! Espérons qu’il nous reste encore quelques paires de souliers à user ! Carpe diem !
Les GAFA peuvent investir des milliards pour mettre au point des lunettes d’immersion dans la réalité « virtuelle » jamais ils ne parviendront à susciter dans nos âmes une telle émotion qui naît du lien secret qui se tisse alors entre nous et Gaïa , notre berceau céleste.
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Texte & Photos (sauf la 12ème B. Rius) Ulysse
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