Eldorad-Oc

 

Les grosses chaleurs sévissant toujours en Languedoc, nous décidons d’aller nous rafraîchir dans les gorges de la Vis où coule une limpide et fraîche rivière dont les eaux actionnaient autrefois les superbes moulins de la Foux.

 

La Vis a creusé son lit dans le plateau calcaire du Larzac et un sentier - qui part du charmant village de Navacelles situé au fond d’un vertigineux cirque - permet d’en longer la rive droite jusqu’aux moulins. Ce sentier, hormis un court passage, est d’un abord facile et permet à nos ados de cheminer de concert*en discutant comme de vieux randonneurs. C’est plus gratifiant et moins dangereux que de marcher en regardant l’écran de son ‘zombiphone’ comme l’on voit de plus en plus d’inconscients le faire !

* Le français étant une langue riche et subtile, si le chemin avait été plus aventureux et propice à de mauvaises rencontres, j’aurais pu écrire « de conserve » comme on l’explique ICI .

 

Ne pas regarder son «zombiphone » en marchant permet de prêter attention aux merveilles que la nature recèle, comme cet arbre vénérable dont la taille impressionne Emilie. Ce qui l’étonne le plus est qu’il arbore (c’est normal pour un arbre !) une superbe frondaison, bien qu’il soit creux. De fait, la sève brute (qui monte) et celle élaborée (qui descend) circulent respectivement dans le liber et l’aubier situés sous l’écorce de l’arbre, le cœur n’étant là que pour le faire tenir.

 

Certaines merveilles sont plus près du sol, comme ces oursins  bleus, riches en nectar, dont se régale un clairon des abeilles dont la larve vit dans les nids des abeilles maçonnes dont elle dévore les larves. Nous vivons dans un monde impitoyable.

 

Nous arrivons au passage un peu délicat où le sentier descend brutalement pour se rapprocher de la rivière. Des cordes ont été opportunément installées qui permettent d’éviter les glissades sur les rochers recouverts de feuilles.

Ayant franchi cette courte difficulté, nous arrivons au bord de la Vis, rivière limpide et sauvage et aujourd’hui relativement paisible mais dont on devine, en voyant les troncs d’arbre dans son cours, que son débit peut devenir impétueux à la saison des pluies.

 

Cette généreuse rivière donne vie à une abondante végétation qui, en échange, en ombrage le cours et préserve la fraîcheur de son eau propice à la présence de truites. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, dans la nature la coopération est plus fréquente que la lutte qui ne répond qu’à la nécessité. L’homo sapiens, lui, se bat souvent pour des raisons futiles et stupides.

 

Les remous qui agitent la surface de l’eau créent un joli treillis d’ombres et de lumière sur les cailloux qui jonchent le lit de la rivière.

 

La Vis n’est pas profonde mais les petits loups ne résistent pas à une eau si avenante. A vrai dire ils sont plutôt contents qu’elle ne soit pas plus profonde car sa température ne dépasse pas les 10° et vous allez en connaître la raison après.

 

De fait, la rivière prend sa source dans les Cévennes puis disparaît sous terre à Alzon pour jaillir une dizaine de kilomètres en aval au pied d’une falaise où nous arrivons. Ce parcours souterrain préserve sa fraîcheur même en cas de canicule.

 

L’édification de deux moulins, dont le nom « Foux » vient de l’occitan « fos » synonyme de « font » ou « fos » qui veut dire « source » ou « fontaine », remonte au début du 11^ème siècle par la famille de Vissec (nom d’un village proche). Ils furent rasés en 1629 sur l'ordre du duc de Rohan, général des armées protestantes, car ils servaient de refuge à Pierre de Montfaucon, baron de Vissec, coupable de nombreux pillages et viols dans la région. Reconstruits par son fils, Michel de Montfaucon, leur activité cessa en 1907 lorsqu’une crue provoqua la destruction des mécanismes de meulage.

 

Il est arrivé dans le passé que la résurgence se tarisse et selon la légende, il existerait dans le lit, à cet endroit, un bloc portant l'inscription : "Quora me vieras, ploraras" (quand tu me verras tu pleureras). Il est à craindre que dans les années à venir cette funeste prédiction ne se produise !

 

Nos petits loups, un brin facétieux, imitent Kali, épouse de Shiva, déesse de la destruction et de la transformation, ce qui a pour effet d’assécher immédiatement la résurgence, euh ! non, pardon, la bouteille de rosé que j’avais prévue pour le pique-nique. Je les ai du coup privés de cookies au chocolat. Certaines mauvaises langues, j’en suis sûr (n’est-ce pas Gibus ! ) diront que ce n’est pas Kali qui a asséché ma bouteille !

 

Pour revenir à Navacelles, nous empruntons le sentier qui remonte sur la rive gauche de la rivière et traverse une superbe forêt de cèdres.

 

Il se poursuit par un chemin en balcon situé à environ 100 mètres au dessus de la Vis, et que je déconseille aux personnes ayant le vertige.

Ce sentier a été tracé par les anciens pour accéder aux terrasses qu’ils ont dégagées dans le flanc pierreux qui le surplombe. A intervalles réguliers ils ont creusé et édifié des puits couverts alimentés par l’eau circulant sous le causse et qui servaient autrefois à l’irrigation. Aujourd’hui, ils font le bonheur de quelques demoiselles, libellules* et grenouilles.

* les demoiselles au repos ont les ailes à la verticale et les libellules à l’horizontale.

 

Nous approchons de Navacelles que nous apercevons au fond de son cirque au milieu d’une dense végétation qu’abreuve la rivière.

 

Pour la franchir et rejoindre le village un pont muletier a été édifié au XVIème siècle qui a résisté aux crues dantesques que provoquent parfois les épisodes cévenols.

 

Puis nous remontons (en carrosse) sur le causse où un belvédère permet d’admirer l’immense cirque de Navacelles profond de 300 mètres qui résulte de l’effondrement des plateaux calcaires et de l’abandon d’un méandre de la Vis. Au centre du cirque on aperçoit le rocher de la Vierge, appelé « l’huître » qui émerge d’une oasis de verdure où est niché le village de Navacelles. C’est assurément une balade à faire en famille, le retour pouvant se faire par le chemin du matin pour ceux qui ont le vertige.

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 Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical 

 Canta-la-Vida   

pour écouter  ma chanson "T'inquiète ! "

 

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 Texte & Photos (sauf 5,9,17 &18 Sébastien) Ulysse