Chaos rocheux du Larzac : du roc Traucat au Roc Pounchut en passant par les Baumes....
Grâce à de vaillants agriculteurs qui s’opposèrent dans les années soixante-dix, dans le cadre du mouvement «Gardarem lo Larzac», à l’extension du camp militaire installé à La Cavalerie, nous pouvons, vaguer et divaguer à travers le Larzac. Et c’est un grand bonheur car nombreuses sont les merveilles que recèle ce vaste plateau d’altitude à première vue monotone et austère, entre cités templières, antiques jasses*, cirques vertigineux et chaos rocheux dolomitiques. Après notre randonnée de septembre dernier autour du Roc de Servière, nous partons aujourd’hui à la découverte du Roc Traucat et du Roc Pounchut en passant par celui des Baumes. Notre cheminement débute à Potensac par le GR71D qui emprunte la magnifique buissière créée par les anciens pour canaliser leurs bêtes et s’abriter du vent et du froid l’hiver ainsi que du soleil infernal l’été.
* Bergeries
Nous quittons le GR pour suivre la petite route qui mène à Saint Martin du Larzac et au large de laquelle, vers le sud, se dresse le Roc Trauca. Il faut «bartasser» un peu à travers le plateau pour le trouver mais les paysans du coin ont aimablement disposé à des endroits idoines des marches en pierre et des protections en caoutchouc pour franchir les clôtures barbelées posées pour les troupeaux de moutons dont le lait permet de produire le roi des fromages : le Roquefort. Qu’ils en soient remerciés car nous n’avons jamais pratiqué le «Fosbury-flop»!
Ce roc est percé de part en part, comme l’indique sa dénomination occitane. Curieusement deux petits orifices apparaissent au dessus et de part et d’autre de l’ouverture ce qui lui donne l’aspect d’un visage coiffé d’un chapeau.
Peut être chante-il «Mon beau chapeau !» quand le vent le traverse.
Après être revenus sur le GR71D, nous arrivons au pittoresque hameau de Saint Martin du Larzac où se dresse une magnifique ferme caussenarde dotée de son four.
Une buissière mène à l’entrée de la chapelle du XVIème siècle
Celle ci est dédiée à Saint Martin, cet officier romain qui, prétend-t -on, partagea son manteau avec un mendiant frigorifié. Cette histoire est «chelou» ne trouvez vous pas ? Car enfin une moitié de manteau ne protège pas du froid! C’est le manteau entier qu’il aurait dû donner vu qu’il pouvait facilement s’en procurer un autre étant donné son statut. De fait, je ne crois pas trop à cette histoire ! Mais mécréant je suis, alors….
Cette superbe tapisserie moderne d’Anne Marie Letort, une artiste locale, représentant Marie et Jésus qui orne le choeur m’inspire beaucoup plus.
Poursuivant sur le GR, nous arrivons à l’impressionnant chaos rocheux des Baumes. Il faut rappeler que le Larzac est constitué de couches sédimentaires calcaires laissées par une ancienne mer que la surrection des Pyrénées a soulevées il y a quarante millions d’années et que les éléments n’ont pas cessé d’éroder depuis lors.
Nous restons prudemment à l’écart de cette grande quille dont on se demande comment elle tient encore debout. Mieux vaut ne pas jouer à la pétanque dans le secteur!
L’eau et le vent viennent à bout de ces roches comme les secondes viendront insidieusement à bout de mes genoux et de ma carcasse.
Nous passons devant l’étonnant abri troglodytique des Baumes qui fut occupé pendant des siècles à partir du moyen âge et dont l’élégante fenêtre à meneau dénote dans ce contexte rupestre plutôt rustique.
Après une longue marche passant par Combebren, Combelongue et le hameau de la Blaquière, nous quittons les chemins pour mettre le cap à travers le plateau vers le roc Pounchount.
Il est environné de chaos rocheux qui ravissent les gens qui, comme moi, sont atteints de paréidolie aigüe.
Ce qui fait que j’ai vainement cherché les oeufs de cette grosse cocotte !
On éprouve un réel parfum d’aventure à sinuer entre ces chaos ruiniformes là où il y a cent millions d’années nageaient des poissons!
Certains font des milliers de kilomètres pour admirer de semblables paysages où ils sont des milliers à se retrouver alors qu’ici, rare et précieux privilège, nous sommes seuls!
A vrai dire, il faut un bon sens de l’orientation pour s’aventurer en ces lieux où il n’y a pas de chemin. Cela dit les risques sont minimes si vous avez assez d’eau et des vêtements chauds pour pouvoir passer une nuit dehors!
Mais quel bonheur de crapahuter de chaos rocheux en chaos rocheux dont les formes inouÏes nous laissent admiratifs vis à vis de ces artistes que sont le gel, la pluie, le soleil et le vent.
La graine d’un arbre, amenée par le vent ou un oiseau, s’est retrouvée perchée sur un rocher lui offrant une vue panoramique mais le condamnant à une vie plutôt rude et frugale!
Le Larzac comporte plusieurs anciennes cités templières comme la Couvertoirade ou Sainte Eulalie de Cernon et nous croisons un templier assoupi enroulé dans sa cape et qui a échappé au sort funeste de ses congénères condamnés par le roi Philippe IV. Le Bel.
Nous débouchons sur une Lavogne étonnamment pleine d’eau alors qu’il n’a pas plu dans le sud depuis des semaines. Peut être y a-t-il en ce lieu, comme en d’autres endroits du Larzac, une résurgence ?
Puis nous découvrons quelques pieds d’anémones pulsatilles fraîchement sorties de leur gangue de poils. Fraîche, c’est une plante toxique mais une fois séchée elle aurait, paraît-il, de nombreuses vertus. Ainsi elle calmerait les tensions nerveuses, les insomnies et les peines d’amour. Cela dit sur le Larzac c’est une plante protégée alors amoureux transis, pas touche !!!
Puis nous traversons une zone où se dressent plusieurs menhirs naturels.
Nous avançons à l’aveuglette, comme dans un labyrinthe sans savoir si nous trouverons une issue.
Nous passons au pied d’un sphinx auquel nous demandons où est la sortie ….Il nous répond de façon énigmatique, ce qui est normal pour un sphinx : «Allez de l’avant et là où est le pied, vous trouverez le chemin ! »
Suivant son conseil, nous avançons et apercevons effectivement un sentier qui passe au pied …d’un pied dressé vers le ciel !
S’agit-il d’un pied fossilisé d’une race de géants qui aurait vécu ici dans un lointain passé? Je n’ai trouvé aucune information à ce sujet.
Toujours est-il que le chemin nous ramène sur une petite route qui nous permet de rejoindre le GR71D puis la buissière empruntée le matin qui nous ramène à notre point de départ.
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Je vous invite à écouter ma chanson
Léo, là haut ....
Sur mon blog Canta-la-Vida
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE