Dans Arles où sont les Alyscamps..
Qui n'a pas entendu parler d'Arles, ou du moins de ses Arlésiennes, celles que l'on attend toujours et que l'on ne voit jamais! Cette cité est un joyau avec les merveilles architecturales de l'époque romaine et du haut moyen âge qu'elle recèle, que complète avec bonheur l'accueil chaleureux de ses habitants.
Les Arlésiens, ont hérité de leurs ancêtres romains une stature impressionnante digne d'Hercule. Ils sont certes un peu peu exhibitionnistes, ce que permet le climat, mais sont aussi forts affables
Quant aux Arlésiennes, elles ont le tempérament ombrageux et impudique des filles du sud, mais n'allez pas croire pour autant qu'elles soient complaisantes. C'est, au demeurant, la beauté des Arlésiennes qui conduisit à la colonisation de la région dès le 6ème siècle avant J.C par les Grecs puis par les Romains. Arles devint sous le règne de César (50avant J.C) un grand port fluvial et maritime, puis préfecture des Gaules sous le règne d'Auguste. On vient d'ailleurs de retrouver dans le rhône une magnifique collection d'oeuvres d'art de l'époque romaine dont un exceptionnel buste de César qui étaient transportés par une péniche qui a fait naufrage. Ces oeuvres sont exposées au riche et magnifique musée départemental d'Arles antique situé à l'entrée de la ville (à visiter absolument).
Rendons nous tout d'abord au théatre antique en franchissant la tour de Roland aménagée au moyen âge dans l'une des travées de l'enceinte extérieure
Ce théatre était l'un des plus importants du 1er siècle avant J.C. Il conserve deux superbes colonnes de marbre qui se dressent orgueilleusement vers le ciel, ultime défi de Rome à travers le temps aux barbares qui ont mis fin à son règne.
Quelques blocs de pierre sculptés subsistent qui donnent une idée de la richesse des décorations qui ornaient le fronton du théatre. Ces pierres témoignent d'une époque où le souci de la beauté imprégnait l'ensemble des oeuvres humaines qu'elles fussent grandioses ou modestes. C'est notre civilisation hyper technicienne qui a inventé le hideux parpaing qui défigure les villages de l'Hérault.
En pénétrant au coeur de la ville, on voit soudain se dresser les impressionnantes arcades des arênes (amphitéatre) construites par Vespasien (75 après JC) et qui peuvent contenir 20.000 spectateurs
On y donne aujourd'hui des corridas qui ne déparrent pas des spectacles sanguinolents organisés par les romains. Ainsi est l'homme, capable d'édifier des oeuvres grandioses pour y commettre des massacres. Mais peut être qu'en assistant dans le confort d'un fauteuil à des scènes de mise à mort, les spectateurs éprouvent-ils un sentiment de puissance et exorcisent ainsi la terreur que leur inspire la perspective de leur propre mort ?
Il faut arpenter les galeries qui font sur plusieurs niveaux le tour des arênes pour apprécier la prouesse architecturale que représente l'édifice.
Elles ont aujourd'hui silencieuses mais les murs gardent l'écho des clameurs qui jaillissaient lors des combats de gladiateurs.
Plus paisibles étaient les thermes de Constantin construits vers le IVème siècle en bordure du Rhône où, chaque après midi, toute la population, les femmes d'abord, les hommes ensuite, allaient au sauna, puis se plongeaient dans des bains chauds, tièdes et froids avant de conclure par un massage.
Les différentes pièces et piscines étaient chauffées par de l'air chaud circulant sous le plancher dans des conduits en briques. Ce sens de la propreté s'est hélas perdu en occident avec la chute de l'empire Romain et il a fallu l'invention de la savonnette Cadum en 1907 par l'américain Michaël Winburn pour redonner aux Gaulois, qui se lavaient juste le gosier avec de la cervoise, le goût de l'eau !
On ne peut parler d'Arles ou la visiter sans évoquer la mémoire de Frédéric Mistral (1830-1914) cet écrivain provençal fondateur en 1854 de «Lou Félibrige» association littéraire ayant vocation à assurer la défense des cultures régionales traditionnelles et la sauvegarde de la langue d'Oc. Après avoir reçu le prix nobel de littérature en 1904, il fonda à Arles le "Museon Arlaten" consacré à l'art de vivre dans l'ancienne Provence et contenant des collections représentatives des arts, de l'ethnologie et de l'histoire du pays d'Arles.
Sa statue trône sur la place du forum où Van Gogh, qui vécut à Arles de février 1888 à mai 1889, a peint son magnifique tableau intitulé «Terrasse du café le soir» qui montre une terrasse de café illuminée sous un somptueux ciel étoilé.
Que l'on soit ou non croyant, une visite s'impose à l'église St Trophime située au coeur de la vieille ville et dont le portail est l'un des chefs-d'oeuvre de l'école romane provençale de la fin du XIIème siècle ainsi que son cloitre. Saint-Trophime, premier évêque d'Arles, aurait été un des sept missionnaires envoyés par Rome pour évangéliser la Gaule, sous le règne de l'empereur Dèce. Il serait arrivé à Arles en 46. On découvre au centre du tympan le Christ qui, d'après les commentaires officiels, bénit l'assistance les deux doigts levés en tenant l'évangile sur ses genoux. Il est entouré des symboles des quatre évangélistes : l'aigle de Saint jean, le lion de St Marc, le boeuf de St Luc et l'ange de St Mathieu. Quant à moi, qui suis un parfait mécréant, j'ai plutôt l'impression que ce pauvre Jésus semble nous dire «arrêtez un peu vos âneries et vos querelles de chiffonniers et faites un effort pour vous entendre car je ne reviendrai pas une seconde fois pour vous épargner les colères de mon père qui risque un jour de perdre patience et de vous envoyer tous rôtir dans les chaudrons de Lucifer ! »
Bien évidemment quand on va à Arles une visite s'impose aux Alyscamps immortalisés par les vers de Jean Paul Toulet (1867- 1920) :
Dans Arles, où sont les Alyscamps
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses,
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton coeur trop lourd,
Et que se taisent les colombes:
Parle tout bas si c'est d'amour,
Au bord des tombes.
Le nom de ce «cimetière» étonnant vient d'Alysii campi (c'est-à-dire les champs Elysées, la voie qui conduisait au royaume des morts les guerriers valeureux). Son implantation remonte à l'antiquité, les cimetierres étaient à l'époque toujours construits à l'extérieur des cités le long des grands axes routiers afin que l'on puisse en permanence rendre hommage aux morts. A Arles dès le début de l'empire les sarcophages et les mausolées s'égrenèrent au bord de la via Aurelia, pratique qui s'est ensuite perpétuée à l'époque chrétienne avec l'installation de la sépulture des premiers évêques d'Arles entourée par des milliers de tombes pressées sur plusieurs rangs. Cette sépulture est devenue en 1040 un prieuré sous le nom de Saint Honorat qui fut lui même au XIIème siècle transformé en église de style roman couronnée par une splendide tour lanterne octogonale.
Devenue une étape obligée du pélerinage de Saint jacques de Compostelle, son charme romantique a attiré de nombreux artistes, dont Gauguin et Van Gogh qui y posèrent leurs chevalets.
Pour conclure en beauté une visite d'Arles il faut faire pédibus jambis un pélerinage à l'un des sites les plus pittoresques également immortalisé par Van Gogh : il s'agit du pont basculant « Réginel » situé sur le canal d'Arles à Port le Bouc
Vincent Van gogh lui a donné le nom de pont Langlois qui était le nom de celui chargé d'actionner le pont, il l'a peint car il lui rappelait son pays natal la Hollande. Certes à l'époque ce site avec ses lavandières et sa voiture à cheval avait plus d'allure qu'aujourd'hui ! Si vous aimez ce peintre vous pouvez également visiter à Arles sa chambre reconstituée, telle qu'il l'a peinte, au sein de la magnifique Fondation Van Gogh et suivre un cheminement piétonnier dans la ville comportant une dizaine de haltes où figurent des reproductions d'oeuvres qu'il a peintes (voir le circuit à l'OT). C'est avec regret que nous quittons cette cité si vivante où le cheminement dans ses ruelles nous fait franchir les siècles et où rode l'ombre tourmentée de Vincent Van Gogh.
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Texte & Photos Ulysse
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