Périple dans le Nord-Est de l'Espagne - 6 - Huesca & Balade dans les "mallos...."
Nous arrivons à Huesca, capitale du Haut Aragon, que domine son imposante cathédrale dont la façade est ornée d’un auvent en bois sculpté, élément typiquement aragonais.
Sur la gauche du tympan sont perchées des statues dont certaines représentent les rois mages qui ont les avants bras coupés, sans doute par des voleurs qui se sont emparés des cadeaux qu’ils apportaient à l’enfant Jésus. La cupidité et la bêtise de certains homo sapiens est sans limite et les choses ne sont pas près de s’arranger.
Par chance, une célébration est organisée ce jour là en l’honneur de laquelle la cathédrale est éclairée. On peut ainsi mieux admirer l’élégance et la hardiesse de sa nef de style gothique ainsi que la beauté du retable en albâtre derrière l’autel qui compte parmi les chefs-d’œuvre de Damià Florent. Comme moi sans doute avant cette visite, vous ne connaissiez pas ce sculpteur (1480-1540), l’un des plus importants de l’Aragon, dont le style « renaissance » de ses œuvres – décoration foisonnante au lieu de la sobriété médiévale - laisse penser qu’il aurait étudié en Italie.
Le plafond de l’une des chapelles adjacentes surprend car il est orné d’une décoration très profane et de personnages masculins et féminins torse nu. Est ce une représentation du paradis pour conforter la foi défaillante de certains paroissiens ?
Nous quittons ce chef d’œuvre bâti par les humains pour aller admirer ceux de la nature et notamment les « mallos » énormes masses de poudingue (roches agglomérées) taillés par l’érosion en immenses « pains de sucre » qui dominent le petit village d’Agüero au nord ouest d’Ayerbe.
Nous entamons une courte randonnée qui fait le tour de ces impressionnantes formations rocheuses.
Les monts en face de nous révèlent les maelstroms qui agitent de temps en temps la croute terrestre qui se tord et se plisse alors comme de la guimauve. Nous ne sommes pas à l’abri, hélas, d’une nouvelle poussée de fièvre de Gaïa, notre belle planète.
Ces rocs semblent indestructibles mais l’érosion poursuit lentement son œuvre, comme on peut le voir sur les parties plus claires des falaises qui résultent d’une chute relativement récente de pans entiers de rochers.
Malgré ce danger latent, nous nous arrêtons de temps à autres pour admirer et photographier, subjugués par la beauté sauvage des lieux. Tenir un blog de reportages n’est pas une activité sans risque ! Mais, chères lectrices et chers lecteurs, vous le valez bien !
Mais pour être franc, nous passons un peu fébriles au pied d’une spectaculaire aiguille un brin bancale…
Cette photo où nous cheminons vous permet d’apprécier pleinement l’échelle de grandeur de ces mastodontes de pierre.
Et celle-ci vous montre que l’on peut légitimement être inquiet quand on passe au pied de l’aiguille. Si un jour vous y allez, faites moi savoir si elle est toujours là !
Parvenus sains et saufs au bout du circuit, un vieux soldat nous interpelle en nous disant « Pour faire ce genre de balade, vous feriez mieux de porter un casque comme moi ! ».
Puis nous reprenons nos « chars », comme disent nos amis québécois, pour aller visiter d’autres « mallos » qui surplombent de leur masse rougeoyante le village de Riglos, situé non loin de là.
Les villageois qui se sont installés au pied de ces mastodontes de pierre ont pleine confiance dans leur solidité. Ils ont même édifié leur église au plus près de la paroi, en se disant sans doute que si la foi soulève les montagnes, elle peut aussi empêcher qu’elles ne s’écroulent.
De fait, la roche dont elles sont constituées est plus solide qu’il n’y paraît et de nombreux grimpeurs viennent s’y frotter !
En voici d’ailleurs deux, minuscules fourmis à l’assaut d’une paroi vertigineuse. Personnellement je préfère fouler des sols un peu moins verticaux !
A un endroit se dresse comme une « bougie » dans la paroi. Ma vie et bien d’autres auront passé avant que l’érosion ne la consume !
Nous retournons à Huesca, où se trouve notre hôtel, pour y passer la soirée. Déambulant dans les rues nous découvrons un superbe portrait de Buster Keaton, surnommé l’homme qui ne souriait jamais. Cet acteur, dont l’impassibilité dans les pires situations a fait rire des générations de cinéphiles, a confié à un ami peu de temps avant sa mort: « Je souhaiterais être mis en terre avec un jeu de cartes et un chapelet afin d'être prêt à toute éventualité ». Pour ma part ce serait plutôt avec ma guitare et un « bag in box ». Je suis sûr qu’au bout de trois jours St Pierre me fichera dehors.
A la tombée de la nuit, en nous rendant au restaurant, une belle autochtone, un brin aguicheuse, nous interpelle en nous proposant de l’eau. Nous déclinons poliment son offre en lui faisant valoir que nous préférons de beaucoup les nectars « bacchusiens » hispaniques.
Nous arrivons sur la place où trône la cathédrale illuminée en raison de la célébration en cours.
La foule a envahit la place, toutes génération mêlées, pour participer à cette fête religieuse de façon totalement décontractée et festive. C’est là l’un des charmes du peuple espagnol ! Viva España !
A suivre…
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Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical
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Texte & Photos Ulysse
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