Périple dans le Nord-Est de l'Espagne : 2 - Le canyon d’Anisclo et le monastère de San Juan de la Pena
Nous poursuivons notre périple par l’exploration du canyon d’Anisclo, longue échancrure d’une vingtaine de kilomètres excavée par un torrent dans les contreforts du Monte Perdido (3355m), ainsi appelé car il est souvent caché par les nuages. On aperçoit, juché sur un éperon rocheux, l’ermitage de San Urbez, patron des bergers, et qui fait l’objet de pèlerinages pour obtenir la pluie.
Nous voilà donc partis pour une rando de quelques heures, pique-nique solide et liquide dans le sac. L’Espagne est aussi un pays de grands vins et il serait inconvenant de ne pas y faire honneur.
Malgré la sécheresse qui a sévit ici comme ailleurs, il reste de jolies vasques émeraudes dans le torrent, mais la baignade y est interdite pour protéger la qualité des eaux ! En compensation, nous arroserons un peu plus abondamment nos gosiers de breuvages ibériques pour lutter contre la chaleur encore estivale.
Le sommet du Monte Perdido abrite le troisième plus grand glacier des Pyrénées qui permet à l’Anisclo d’être abondamment alimenté en toutes saisons, mais pour combien de temps encore ?
Notre sentier sinue entre d’impressionnantes falaises de calcaire dont la moindre anfractuosité ou le plus étroit rebord ont été colonisés par d’audacieux pins d’Alep.
Par contre, au bord du torrent, les arbres à feuillages caducs prospèrent apportant une opportune fraîcheur.
Celles et ceux de mes lecteurs atteints, comme moi, de paréidolie, verront sans doute ce vieux berger assoupi au sommet de la montagne, le béret sur le front, las sans doute de chercher ses brebis égarées dans la montagne.
Et ils ne manqueront pas de discrètement saluer cet ermite méditant au bord du chemin, un léger sourire aux lèvres.
Faute d’avoir pu se baigner, pour nous rafraîchir, nous concluons cette superbe randonnée par un hommage à la « cerveza » Alhambra, du nom du célèbre palais mauresque de Grenade. Ce nom convient fort bien à cette délicieuse bière couleur brique, car il vient de l’arabe « Al Hamra » qui veut dire : la rouge, couleur du magnifique édifice de Grenade (que nous avons visité lors d'un précédent voyage).
Le lendemain matin nous partons visiter le monastère San Juan de la Pena qui est constitué d’un bâtiment dit « nouveau » édifié au XVIIème siècle - que l’on découvre sur la photo - pour abriter les moines qui avaient dû fuir l’ancien bâtiment détruit par un incendie. C’est en ce lieu que l’on achète les billets pour visiter les deux édifices.
Si ce nouveau bâtiment ne présente pas un grand intérêt architectural, il abrite les deux derniers moines de la confrérie de St benoit qui occupait les lieux. L’un deux est agonisant, ce qui est normal, vu son âge plus que séculaire.
Son compagnon, en meilleure forme, s’active pour lui préparer des tisanes qui, bien qu’elles ne le guérissent pas, ont le mérite de le maintenir en vie. Si un jour vous visitez ce lieu, dîtes moi si ce moine a survécu !
Mais laissons nos deux moines à leur sort, pour aller visiter le vieux monastère édifié au IXème siècle par un groupe d’ermites au pied d’une impressionnante falaise. L’église de ce monastère abrite les tombes des rois d’Aragon qui ont régné pendant cinq siècles.
Mais n’étant pas monarchiste ni particulièrement attiré par les têtes couronnées (très souvent « fêlées pour ce qui concerne les rois de France) c’est le magnifique cloitre qui a retenu mon attention.
Les éléments architecturaux sont d’une grande élégance qui tranche avec la rudesse et la masse imposante de la falaise à laquelle il est adossé.
Les chapiteaux des colonnes d’un style naïf dégagent une grande douceur et sérénité.
Et cela, malgré les scènes tragiques que certains représentent. Probablement pour nous suggérer que la mort n’est qu’un passage vers un ailleurs meilleur.
Ici, on voit Adam chassé du paradis et plaquant d’une main une feuille de vigne sur son sexe et de l’autre protégeant sa poitrine avec l’air de dire « Brrr ! Il fait frisquet ici ! « Il faut dire qu’à l’époque où ça s’est produit selon la Bible ( il y a 8000ans) la Terre sortait d’une période glaciaire !
J’aime particulièrement ce chapiteau où Jésus change l’eau en vin. Si j’avais vécu à cette époque j’aurais volontiers été l’un de ses apôtres !
Mais, le soir venu, après avoir comblé nos âmes de ces magnifiques nourritures spirituelles, nous soignons également nos estomacs avec de simplissimes mais sublimissimes plats espagnols, tel ce combiné de jambon de Cerrano et de melon blanc, accompagné d’un rosé du Somontano, dont Gibus et moi, malgré nos efforts, n’avons pas réussi à multiplier les bouteilles ! Qu’à cela ne tienne, le restaurateur les a multipliées pour nous ! Carpe diem, et au diable l’avarice !
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Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical
Canta-la-Vida
pour écouter ma chanson " Quitte moi !"
(lien direct vers le blog Canta-la-Vida dans la barre de navigation
de l'en tête de ce blog)
Texte & Photos Ulysse
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