Balade le long du canal du Midi
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Aujourd’hui, nous allons faire quelques étapes le long du canal de Midi, géniale œuvre de Pierre Paul Riquet, baron de Bonrepos (1609 – 1680), titre qui fait sourire quand on sait qu’il s’est quasiment tué à la réalisation de ce chantier pharaonique, dont il ne verra pas la fin. Il a réussi à persuader Colbert de l’intérêt du projet, réputé infaisable, en faisant valoir qu’il enrichirait le Languedoc, région qui connaissait des troubles et qu’il éviterait aux galères du roi le contournement de Gibraltar, lieu infesté de pirates barbaresques de la Méditerranée. Bien qu’ancien fermier général chargé de prélever la gabelle, profession qui n’incline pas à l’empathie sociale, Pierre Paul Riquet sera le premier entrepreneur à instituer la mensualisation des salaires et la sécurité sociale pour ses ouvriers (même malades ou s'il pleuvait, ils étaient payés en partie avec sa propre fortune) afin de les fidéliser.
Long de 241 km et reliant Marseillan dans l’Hérault à Toulouse, cet ouvrage exceptionnel culmine à 190 mètres au seuil de Naurouze (ligne de partage des eaux) pour descendre au niveau de la mer à Marseillan, ce qui a impliqué la construction de très nombreuses écluses. Halées par des chevaux (qui peuvent tirer jusqu’à 120 fois leur poids quand la charge est sur l’eau) les barges mettaient trois à quatre jours pour aller de Toulouse à Marseillan. Jusqu’au milieu du XIXème siècle le canal a favorisé le développement du Languedoc puis a périclité avec le développement du chemin de fer. Classé aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO, il est exclusivement parcouru par les bateaux des nombreux touristes qui passent quelques jours de farniente au fil de l’eau. L’une des écluses les plus originales est celle de l’Aiguille près de Puichéric, notre première étape et dont l’éclusier est un véritable artiste.
Au premier abord, cette écluse ressemble aux 64 autres qui émaillent le canal (mis à part les magnifiques écluses multiples de Fonséranes près de béziers). Mais une fois en haut des marches un éclusier un peu particulier vous accueille.
Il vit ici en compagnie d’une « faune » aussi étrange qu’inoffensive.
Cette jolie cycliste nous donne envie d’aller faire un tour en sa compagnie à bicyclette.
Tous ces personnages, faits à partir d’anciens outils et ustensiles, témoignent d’une extraordinaire créativité.
Ils ont parfois un aspect utilitaire qui ajoute à leur charme.
Ce « louphoque » illustre bien la loufoquerie qui empreint les oeuvres de cet artiste méconnu.
Et tout est à vendre, comme cette sirène qui n’apprécie pas l’eau du canal mais se plairait peut être dans votre baignoire !
Cette charmante meneuse de revue ne manque pas de séduction !
Et certains personnages trouvent le paradis sous un coin de parapluie.
Mais ce caïman qui s’approche un peu trop de nos basques nous incite à quitter les lieux.
Nous rejoignons le site où a été édifié l’épanchoir de la rivière Argent Double que le canal du Midi traverse sur un pont canal.
Ce magnifique ouvrage permet d’évacuer les eaux de la rivière lorsqu’à l’occasion des crues elle submerge le pont canal.
Le canal du Midi est un antidote au monde stressé d’aujourd’hui, un éloge de la lenteur. Ceux qui y naviguent ont le temps d’admirer le paysage des berges et de saluer, voire même de discuter, avec les piétons qui déambulent sur ses rives.
Les canetons peuvent y apprendre en toute quiétude à naviguer sous la surveillance de leur mère.
Nous voici maintenant au Sommail, sans doute l’une des étapes les plus pittoresques du canal avec son remarquable Pont Neuf construit en 1773.
Je ne suis pas sûr d’avoir envie de manger les poissons que prendraient ces pêcheurs mais je ne suis pas non plus très sûr qu’ils soient venus pour en prendre. De fait la pêche est surtout une très agréable manière de passer le temps…
Au Sommail on trouve ce qui est sans doute la seule épicerie flottante de France et de Navarre
Et surtout un véritable temple du livre ancien où plus de 50.000 livres sont offerts à la vente.
Nous voici maintenant au pont canal qui franchit la Cesse. Ce qui est remarquable c’est qu’après plus de 300ans il n’y ait pas une fuite !
Nous concluons notre périple par la belle et tranquille étape de Sallèles d’Aude dont les palmiers confirment que le canal du Midi n’a pas usurpé sa dénomination.
Mais vous n’êtes pas sans savoir que les platanes qui ornaient les rives du canal du Midi et contribuaient largement à la beauté du site ont dû être coupés car ils étaient condamnés par un minuscule champignon, le chancre coloré, et remplacés par de nouvelles essences résistantes. Il faudra hélas près d’un siècle pour que le canal présente de nouveau cet aspect enchanteur ! (photo prise il y a neuf ans). Mais même sans ses platanes, le canal du Midi, du fait des nombreux ouvrages d’art dont il est orné, mérite vraiment une visite !
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Canta-la-Vida
où ma dernière chanson postée est "Le temps d'un thé...."
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Texte & Photos Ulysse