Eldorad-Oc

Aujourd’hui, nous partons de Cazedarnes village situé au coeur du Saint Chinianais dont les vins sont appréciés par les gosiers avisés, notamment ceux produits par Jean Marie Rimbert, vigneron d’exception et personnage haut en couleur et plein d’humour. Mais bon l’heure n’est pas encore à déguster ces nectars car nous avons quelques kilomètres à faire avant la pause déjeuner!  Pour le moment, nous nous dirigeons vers le Puech (sommet) de la Vigno Negro que quelques nuages raclent de leur panse cotonneuse.

Ayant facilement ascendé ce modeste Puech, nous découvrons, en nous retournant, un panorama d’une beauté à couper le souffle: un pittoresque mazet bordant une vigne que domine au loin le majestueux massif du Caroux. Heureux humains nous sommes à pouvoir jouir d’un tel spectacle à moins d’une heure de route de chez nous !

Ajoutant à sa beauté, une rare fleur d’agave confère à notre environnement une touche exotique. Notons que cette plante ne fleurit que lorsqu’elle a atteint sa maturité sexuelle qui ne survient qu'après dix à trente ans d’existence et à condition que les conditions climatiques soient favorables. Il lui faut environ huit mois et une débauche d’énergie pour achever son unique cycle floral. Toutes ses réserves nutritives ayant été orientées vers la production des fleurs et des graines, l’agave ne survit pas à sa floraison et se délite à mesure que la hampe se développe. C’est une plante monocarpique, du grec «mono» (unique) et « karpos » (fruit), qui ne fleurit qu’une fois. 

Nous traversons le plateau de Lous Crouzal en direction de l’ouest, émoustillés par les jolis mamelons de Gaïa qui pointent à l’horizon. Jusqu’à présent notre bonne vielle planète ne s’est pas plainte qu’on les lui caresse de nos semelles.

Plus discrète que la fleur d’agave, une pervenche - appelée également violette des sorciers et violette des morts - pointe son nez, annonciatrice du printemps. C’est une plante faite pour nous car elle est réputée améliorer la circulation cérébrale notamment chez les personnes âgées connaissant des troubles de la sénescence cérébrale.

Ces iris nains des garrigues éclairent de leur élégante parure violette ce champ de cailloux. C’est une plante saxiterricole, héliophile, xérophile et calcicole. Elle est saxiterricole car elle préfère les sols pauvres et caillouteux, héliophile car elle a besoin de lumière, xérophile car elle apprécie la sécheresse et la chaleur et enfin calcicole car elle pousse sur les sols calcaires, 

Comme vous le voyez les sentiers du jour sont plutôt tranquilles et sollicitent peu notre coeur et mes camarades en profitent pour jouer les pipelets (et oui les mecs papotent aussi!) tandis que je musarde et mitraille avec mon appareil photo.

Nous traversons des paysages faits pour les peintres avec leurs jeux d’ombres et de lumières et ce mazet vers lequel convergent les lignes de fuite conférant à ce lieu une profondeur infinie.

Nous descendons dans la combe de Farguette où les vignes recouvertes de fausses roquettes en fleurs semblent enneigées. 

Nous arrivons au pied des ruines de l’ancienne métairie de Saint Baulery édifiée au XIVème siècle et qui fut occupée jusqu’en 1850. 

Un superbe pigeonnier a vaillamment résisté aux assauts du temps bien qu’il ait perdu - comme votre serviteur - sa toiture.

Prenant la direction de l’aire de pique-nique de la Guerlio, nous apercevons une poule faisane qui se dandine devant nous sur notre sentier. Elle ne semble aucunement effrayée par notre présence. Il s’agit probablement d’un oiseau d’élevage qui été lâché dans la nature pour que  les «nemrods» ne rentrent pas à la maison bredouilles, vu qu’ils ont exterminés tous les oiseaux sauvages !

Dans ce blog, j’ai souvent souligné que l’Hérault était le paradis des géologues et de fait on y découvre, sur de faibles espaces, une grande diversité de sols et de paysages, comme ici où les terres rouges contrastent avec la végétation.

Les vignes qui dominent dans le paysage sont environnées de garrigues et de bosquets de pins qui préservent la biodiversité et embaument l’air d’essences qui se retrouvent dans les arômes des vins.

Non seulement les vignerons ont eu l’intelligence de préserver des zones de végétation sauvage autour de leurs vignes mais ils laissent, en outre, les plantes comme la fausse roquette aux fleurs blanches et la tussilage aux fleurs jaunes envahir les rangs de leurs vignes. Ces fleurs favorisent les pollinisateurs et la petite faune (oiseaux et petits mammifères). Elle permettent également de lutter contre l’érosion et d’enrichir le sol lors de leur enfouissement. La F.N.S.E.A qui promeut une agriculture industrielle dévastatrice de l'environnement ferait bien d'en prendre de la graine. Mais il suffit de connaître les revenus de son président pour savoir ce qui le motive ! 

Ici le vigneron a poussé le raffinement jusqu’à alterner les espèces de fleurs créant une oeuvre artistique naturelle de toute beauté.

Que ceux qui veulent nous faire croire que le vin est un poison s’étranglent avec leur verre d’eau pollué aux particules de plastiques. Comment un breuvage né dans un environnement d’une telle beauté pourrait il nuire à la santé quand il est bu avec modération!

D’ailleurs, de retour à Cazedarnes à la fin de notre randonnée, une accorte jeune femme nous propose de déguster le vin du lieu qu’elle nous verse avec générosité d’une cruche qu’elle avait mis au frais dans la fontaine du village. Quel régal ce fut chères ami(e)s blogonautes. J’aurais aimé partager ce nectar avec vous mais hélas ce jour là Modération n’était pas des nôtres !

Je vous invite à écouter ma chanson

"T'inquiète"

sur mon blog Canta-la-Vida

(lien dans la barre de titre)

TEXTE & PHOTOS ULYSSE