Le long des falaises du Pas de l’Escalette
Comme je vous le disais la semaine passée l’Hérault, où je vis, qui est pour la majorité des touristes un pays de plages et de dévergondage comme en témoigne la réputation sulfureuse du Cap d’Agde, offre une diversité de paysages unique en France et ce blog en est l’illustration. Après le Saint Chinianais, que nous avons exploré la semaine passée, je vous emmène aujourd’hui vous balader sur le plateau du Larzac, le long des falaises qui dominent le Pas de L’Escalette, ce passage fort abrupt qui permet à partir de la plaine d’accéder au plateau à environ 800mètres d’altitude.
Le Larzac est un vaste plateau de calcaire sédimentaire créé par une ancienne mer et très pauvre en eau. A peine tombée, celle-ci s’infiltre dans le sol et creuse des avens et des grottes dont la température et l’humidité constantes permettent notamment l’affinage du Roquefort. Les arbres, dont la graine a malencontreusement chu dans un creux de rocher, sont contraints de développer un extraordinaire système racinaire pour aller chercher un peu d’humidité et les nutriments nécessaires à leur développement.
L’érosion, due à la pluie au vent au soleil et au gel – il neige souvent l’hiver sur le Larzac - a fortement érodé la plateau qui comporte d’impressionnants reliefs ruiniformes.
Par endroits ces chaos rocheux à l’assaut desquels part une végétation tortueuse et très diversifiée ressemblent aux temples ou pyramides d’une ancienne civilisation qui nous donnent le sentiment d’être des explorateurs.
Ils sont aussi dépaysants et impressionnants que les temples mayas que j’ai autrefois visité dans les Chiapas.
Les contempler nous donne une échelle du temps géologique sachant que l’érosion « grignote » 20 à 50mm de roche par millénaire !
Cette érosion, qui n’est pas uniforme, crée des galeries et des canyons sauvages qui sont un régal à parcourir .
C’est un excellent exercice pour des seniors dont les articulations ont perdu un peu de leur souplesse !
Le sentier par endroits se rapproche de la falaise et mieux vaut l’éviter les jours de Tramontane !
On découvre, en contrebas, le village de Pégairolles de l’Escalette d’où part un superbe et sportif sentier qui mène sur le plateau : avis aux amateurs ! Pour en avoir un aperçu vous pouvez lire ICI l’un de mes récits qui le concerne.
Puis le sentier revient vers l’intérieur du plateau où, succédant aux «temples», se dressent d’antiques châteaux médiévaux !
Nous quittons la zone érodée pour pénétrer dans de vastes pinèdes où l’on découvre un pin en forme de harpe dont Eole doit tirer des sons mélodieux. Mais pour l’heure, et c’est aussi bien, Eole se repose !
Nous faisons une rencontre macabre : un blaireau mort d’une cause inconnue une espèce devenue rare en France ! Il est malheureux que dans notre pays les seuls animaux sauvages que l’on croise soient des animaux morts ! C’est dû à une pratique intensive de la chasse qui font que les animaux nous fuient comme la peste ! Nous sommes le pays d’Europe dont la période de chasse est la plus longue et qui autorise la chasse d’espèces protégées ailleurs. Cela me fait rire jaune quand les chasseurs se prétendent protecteurs de la biodiversité et manifestent pour défendre cette barbarie qu'est la chasse à la glu !
Au milieu d’une vaste clairière un arbre, qui ombrage une terrasse pierreuse, nous offre un lieu idéal pour pique niquer. Nous avons le sentiment d’être seuls au monde mais pourtant sévit autour de nous un redoutable prédateur dont le « pique-nique » est fatal pour l’environnement !
Il s’agit de ce petit et apparemment inoffensif papillon que l’on appelle la Pyrale du buis….
…. dont les larves se régalent des feuilles de buis et dévastent ceux qui couvrent le Larzac après ceux de bien d’autres régions de France. Ce papillon, qui comme bien d’autres fléaux dont le Covid vient de l’Asie Orientale, pond de 200 à 400 œufs qui éclosent en 48heures ! Il existe des traitements difficiles à mettre en place sur de vastes zones.
Heureusement ces pyrales sont herbivores mais d’autres dangers guettent le randonneur, comme en témoigne cet éboulement dans la falaise que l’on devine récent à la couleur des roches et dont l’un des blocs a été arrêté non loin du chemin par un arbre.
Nous progressons dans un environnement moins tourmenté que le matin, mer de collines boisées d’où émerge au loin le mont Baudille.
Ici le sol plus fertile permet aux conifères de prospérer et leur ombre nous offre une parenthèse rafraîchissante .
Ils se sont implantés depuis que les hommes se sont retirés des lieux au milieu du siècle dernier.
Car autrefois, ici, s’étendaient de vastes zones herbeuses qui permettaient l’élevage de moutons. Les ruines imposantes du mas de Rouquet envahies par la végétation témoignent de l ‘importance qu’avait alors cette activité.
C’est avec émotion que l’on voit cette porte entrouverte peut être par un fantôme qui s’y promène à la nuit tombée !
Impressionnante et magnifique est la voute de la bergerie, chef d’œuvre architectural.
Nous quittons la zone forestière pour retrouver une zone plus aride du plateau qui offre à nos yeux un panorama à l’infini et nous donne envie de marcher jusqu’au bout du monde !
Sur le bord du chemin, les beautés ne manquent pas non plus comme cet étonnant échinops ritro ou chardon bleu.
Ou bien cette valériane où s’est posée une punaise qui ressemble à un grain de café !
Nous approchons d’un élevage de pur-sang et un jeune poulain encore un peu farouche cherche refuge dans les « jupes » de sa maman !
Un autre cheval affiche de superbes «dreadlocks» et porte un masque non pas en raison du Covid mais pour le protéger des mouches ! La boucle est bouclée! j’espère que vous l’avez appréciée !
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Texte & Photos Ulysse