Bain de forêt sur l'Escandorgue
On sait aujourd’hui que ce sont les plantes qui ont rendu la planète habitable en lui fournissant son oxygène et en permettant le développement de son extraordinaire biodiversité. Parmi elles, les arbres sont habités par une force prodigieuse et de nombreuses traditions conseillent de parler aux arbres, de les toucher, ou de méditer sous leur ombrage. C’est le cas chez les Celtes (rites druidiques), chez les bouddhistes taoïstes, chez les Amérindiens et aussi au Japon où on pratique une médecine préventive, le Shinrin Yoku, sylvothérapie qui prescrit balades dans les bois, câlins d’arbres et goûter d’écorce. En France cette pratique se développe également (cf. le livre d’Eric Brisbare « Un bain de forêt ») et ses adeptes - dont je suis – constatent ses bienfaits. Aussi, comme vous m’êtes chers, lectrices et lecteurs de ce blog, je vous emmène aujourd’hui prendre un bain de forêt dans les magnifiques futaies qui s’étendent au dessus du cirque de Labeil.
Un sentier escarpé part du hameau niché au pied des falaises et grimpe cahin-caha au travers d’un chaos rocheux sur la partie Sud-Ouest du causse du Larzac, dénommée Escandorgue, où se déploie une magnifique forêt domaniale.
Il y a environ un million et demi d’années un épisode volcanique est venu enrichir les sols sédimentaires et ont permis le développement d’une intense végétation. Les reliefs calcaires ruiniformes qui émergent ici et là contraignent les arbres à des contorsions qui leur confèrent un aspect fantasmagorique.
Insouciants des quelques randonneurs qui s’aventurent dans ces lieux sauvages, les arbres dansent sur un tempo infiniment lent imperceptible à l’œil humain.
Nous sommes à environ huit cents mètres d’altitude et l’abondance des précipitations fait que le climat chaud et humide favorise le développement des mousses qui revêtent arbres et rochers, créant un univers féerique.
Toutes les plantes partent à l’assaut de la lumière qui leur permet de transformer les minéraux de la terre en cellulose, composant principal des cellules du bois. Parfois elles doivent se contorsionner pour y parvenir !
De vastes espaces cultivés jouxtent cette forêt, vaste damier de champs et de prairies ou le regard et l’esprit peuvent de nouveau vagabonder.
Dans ces espaces ouverts, des bouddhistes ont édifié un temple Lerab Ling qui a été Béni par le Dalaï-Lama et constitue l’un des principaux centres d’étude et de pratique du bouddhisme tibétain en Europe. Sur le plateau qui le domine, ils ont installé des drapeaux de prières qui sont censés dans la culture tibétaine, propager grâce au vent l'énergie positive des prières dont ils sont ornés.
Après cette brève incursion sur le plateau du Larzac, nous retournons sous le couvert de la forêt où les arbres nous tendent leurs troncs et branches fraternelles, prêts à nous offrir leur inépuisable énergie.
Nous approchons d’un abri forestier qu’un talentueux «tagueur» a orné d’une tête d’aigle.
Les vomisseurs de graffitis immondes qui polluent les lieux urbains et les transports en communs feraient bien d’en prendre de la graine et de venir s’en inspirer. L’oxygène de la forêt ne peut que faire du bien à leur cerveau emmerdouillé.
L’autre façade est également plaisamment décorée de dessins plus « dysneysiens » mais fort sympathiques .
Le lieu est opportunément doté d’une table de pique-nique où malheureusement des cancrelats de fumeurs, probablement venus ici en 4X4, ont laissé leurs mégots de cigarettes.
Heureusement la forêt est là qui nous entoure pour nous faire oublier la stupidité et les turpitudes de certains homo-sapiens.
Aussi puissants soient-ils, les arbres sont parfois foudroyés par les éléments : vent violent ou foudre ! Mieux vaut alors ne pas être dans les parages !
La forêt est la parfaite illustration de la célèbre formule attribuée à Lavoisier «Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme !». Les arbres morts nourrissent les arbres vivants ou à naître !
Nous émergeons de nouveau de la forêt juste au dessus des falaises du cirque de Labeil.
Un troupeau de chevaux qui n’a plus que de l’herbe grillée pour se sustenter s’approchent de nous espérant quelques morceaux de carottes ou de pommes plus rafraichissants (ne jamais donner de pain aux chevaux !) mais hélas nous ne sommes pas en mesure de leur offrir ce plaisir !
Un peu plus loin un couple n’a pas pris la peine de se déranger, occupés qu’ils sont, tête bêche, à se chasser mutuellement les mouches du visage avec leurs queues ! Qui a dit que les chevaux n’étaient pas futés !
Puis le sentier emprunte une brèche dans la falaise pour redescendre vers le hameau de Labeil en traversant un fatras végétal d’une densité inouïe.
Nous émergeons enfin au grand jour, revigorés et rassérénés par cet intense et long bain de forêt.
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Texte& Photos Ulysse
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