Eldorad-Oc

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Pour vivre heureux, vivons cachés dit–on. Et bien s’il est encore des gens heureux en notre beau pays secoué de nombreux soubresauts sociaux c’est à Pégairolles-de-Buèges qu’ils vivent. Car ce village est niché, loin de l’agitation du monde, au creux de la vallée sauvage de la Buèges que dominent au sud les contreforts des Monts de Saint Guilhem et au Nord le massif de la Séranne. C’est du pied du promontoire rocheux où est juché ce village que part notre randonnée du jour.

L’implantation humaine dans cette vallée au sol aride a été rendue possible par l’exsurgence de la Buèges, que l’on voit ici surgir du sol, alimentée par d'un des plus importants réseaux souterrains du sud-Larzac. Cet endroit idyllique est fort heureusement interdit à la baignade pour préserver la pureté de l’eau et sa riche biodiversité.

Pour exploiter leurs champs, leurs oliveraies, leurs vignes et aussi mener leurs bêtes sur les hauts plateaux herbeux, les anciens ont tracé des kilomètres de sentiers bordés de magnifiques murets de pierres qui font le bonheur des randonneurs d’aujourd’hui. Honorons leur mémoire au passage ! Notre objectif du jour est le Peyre Martine qui, malgré sa modeste altitude : 782m, offre une splendide vue circulaire sur la région.

Nos épouses nous accompagnent et l’allure est plus « touristique » que lorsque nous sommes entre garçons, mais cela me laisse plus de temps pour cadrer mes photos que je prends habituellement à la volée !

En ces lieux l’automne est plus discret, la majorité des arbres et arbustes – chênes verts, arbousiers, buis - étant à feuilles persistantes. Seuls quelques érables de Montpellier et chênes blancs ainsi que les arbouses apportent quelques touches de couleurs à la toison mitée qui recouvre le sol calcaire de ces montagnes.

L’arbouse, grosse cerise à la peau rapeuse, est un fruit aux multiples bienfaits que la nature, généreuse magicienne, fait naître de ces sols ingrats.

Un peu plus haut des touffes de bruyère d’automne illuminent les frondaisons de leurs fleurs mauves. Cette plante allie aussi la beauté à des vertus thérapeutiques. A vrai dire une grande partie des maux et maladies qui nous affectent peuvent être soignés par les plantes que les anciens utilisaient. Aujourd’hui les laboratoires nous vendent à prix d’or des médicaments chimiques qui créent le plus souvent un mal en en soignant un autre.

Parvenus à un col, nous jouissons d’une vue sublime sur la Méditerranée qui s’imprègne de la couleur mordorée de la lumière solaire automnale.

En regardant vers le nord, nous découvrons les Cévennes qui font barrage à la mer de nuages qui descend du Massif Central. Un vent chaud qui vient de la Méditerranée les disloque et les effiloche.

En raison du vent violent qui souffle sur la ligne de crête, nous renonçons à grimper vers le Peyre Martine qui nous domine vers l’Est. Nos compagnes plus légères que nous pourraient s’envoler et nous serions bien évidemment inconsolables ! Partant vers l’Ouest, nous empruntons le chemin qui longe la serre des Pins et traverse de nombreux « lapiaz » d’une blancheur immaculée. Ils sont nés de l’érosion du sol calcaire qui y a créé de nombreuses rigoles ou crevasses (les karrens) ou des trous (les kamenistass) bordés d’arrêtes coupantes. Mieux vaut regarder où l’on pose le pied.

La vue sur le village de Pégairolles et la vallée, où se déploie un patchwork de bois, de prés, d’oliveraies et de vignes, est somptueuse.

Au loin, vers le sud, on aperçoit les incontournables Pic Saint Loup et mont de l’Hortus qui se font face.

Vers l’Est, la vallée se prolonge et l’on découvre, au pied du roc de Tras castel, le pittoresque village de Saint Jean de Buèges que domine son important château. Cette vallée est un paradis méconnu mais chut ! gardez ce secret pour vous !

Après nos agapes habituelles en ces lieux bénis des dieux, nous entamons notre descente et traversons une zone où prospèrent les érables de Montpellier dont les frondaisons semblent s’enflammer sous l’effet des rayons du soleil déclinant.

Le sentier descend le long d’une pente abrupte sur laquelle les anciens ont édifié une magnifique « draille » grâce à un admirable travail de terrassement.

Oui, qu’ils soient honorés ces hommes et femmes qui ont transporté et appareillé des milliers de pierres pour bâtir ce chemin nécessaire à leurs rudes activités agro pastorales et qui nous permet aujourd’hui de prendre un merveilleux bain de nature.

Ces mêmes hommes et femmes ont dressé cette tour en haut du village de Pégairolles qui leur servait de refuge quand des bandes de pillards envahissaient la vallée. Dure et pleine d'aléas  était leur existence et les maux dont nous nous plaignons aujourd’hui les feraient sourire.

L’un de leurs rares bonheurs ou consolations venait, sans doute, de la contemplation de la nature dont la beauté apaisait leur âme tourmentée.

Car la nature est le creuset où l’humanité s’est forgée en en découvrant, au cours de dizaines de milliers d’années, les dangers et les merveilles. C’est un berceau dont la vue réveille en nous le regard émerveillé et fasciné qu’avaient à son égard les premiers hommes. S’y plonger nous ragaillardit et nous rend plus humble, plus serein et plus sage. S’en éloigner nous condamne. Et le monde d’aujourd’hui s’en éloigne dangereusement !

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Il ya du nouveau sur mon blog musical 

 Canta-la-Vida   

avec ma nouvelle chanson

" L'armoire de grand-mère "

 

et sur mon blog de vagabondages épistolaires

"Palabres"

où je vous relate l'histoire de l'enlèvement des rennes du père Noël

 

 

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 Texte & Photos Ulysse