Pas à pas jusqu’au Pas de l’Escalette
Nous remontons un peu dans le temps, à la mi novembre 2019, en ce matin brumeux où Jo et moi sommes partis à l’assaut du Pas de l’Escalette, ce col qui, à 700mètres d’altitude, permet de traverser les falaises derrières lesquelles s’étend le Larzac. Il fait frisquet et les arbres commencent à se parer de leurs couleurs automnales. Les restes d’un vieil engin agricole témoignent d’un temps où les champs alentours étaient l’objet d’une intense activité.
Nous longeons la Lergue dont les eaux limpides dévalent sur un lit de pierre, qu’infiniment patientes elles érodent au fil des siècles.
Les falaises qui bordent le Larzac forment un vaste cirque où prospère une forêt quasi impénétrable dont l’aspect « primitif » nous donne le sentiment d’être des « Livingstone » découvrant une région inexplorée.
Après une bonne grimpette qui fait danser la lambada à nos ventricules, nous arrivons au pied des falaises, vestiges des sédiments abandonnés par une ancienne mer qui submergeait les lieux il y a 200 millions d’années.
Peu à peu, sous l’effet de l’érosion, les falaises se délitent et sont assaillies par des bataillons d’arbres qui un jour les submergeront. Contempler la nature nous réapprend à inscrire dans le fil du temps nos vies chahutées par de fausses urgences et d’incessantes et futiles impatiences.
Nous retrouvons la Lergue qui n’est ici qu’un modeste torrent qui dévale du Larzac de cascade en cacade. Me revient en mémoire cette jolie chanson de Béart « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive…. » que je vous invite à écouter ICI en regardant les superbes images du film Manon des Sources de Claude Berri.
Un rocher arrêté dans sa chute a créé un lieu propice au développement d’un arbuste dont la graine a été apportée par un oiseau ou par le vent. Formidable vitalité du monde végétal ! Serons nous capables de faire preuve d’autant de résilience et de nous adapter aux conséquences des dégâts que nous infligeons à notre environnement ?
Admirons ce somptueux mariage du monde minéral et végétal qui semblent vivre en parfaite osmose. Nous ne savons rien des liens secrets qui les unissent, les atomes des roches nourrissant ceux des arbres.
Par endroits, des aiguilles rocheuses surgissent des frondaisons qui servent de vertigineux perchoirs à de vaillants arbustes.
Nous accédons enfin sur le plateau du Larzac et passons près d’une antique lavogne dont l’eau a la couleur d’un lagon tropical. Mais les vahinés n’étant pas au rendez vous Jo et moi ne cédons pas à la tentation de nous y baigner.
Ayant rejoint la zone des Signoles, nous traversons une zone sablonneuse idéale pour y pique-niquer et y faire la sieste. Ainsi nous reposons nous sur le fond d’une ancienne mer, des étoiles et des sirènes plein nos rêves.
Puis nous commençons à redescendre vers la vallée en empruntant un sentier qui longe le flanc des falaises.
Nous avons l’impression de marcher au pied des remparts d’une cité fortifiée, une « Carcassonne « naturelle !
Ces lieux accessibles uniquement aux randonneurs valent bien des merveilles que vantent les guides touristiques. Et leur isolement nous épargne les hordes de touristes qui s’agglutinent dans les sites « célèbres » pour faire des « selfies » sans réellement prendre le temps d’en admirer la beauté.
Mais nous sommes les seuls humains dans les parages et cette solitude au cœur d’une nature sauvage amplifie notre bonheur.
Ces falaises créent aussi une barrière climatique qui marque la limite de l’influence méditerranéenne. Au nord sévit le rude climat des Causses, torride l’été et glacial l’hiver.
Mais tout bonheur a une fin (tant que l’on n’est pas au ciel….) et nous redescendons vers la vallée noyée dans une brume bleutée, régénérés par une journée passée au cœur d’une nature sauvage. C’est là le secret de notre éternelle jeunesse !
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Canta-la-Vida
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On s'était promis.....
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Texte & Photos Ulysse
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