De Graissessac au mont Agut la digue, la digue…..
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Celles et ceux qui lisent régulièrement mon blog savent que je n’aime rien tant que de passer une journée à crapahuter, notamment en montagne. Et quand on aime on ne compte pas, n’est ce pas, c’est pourquoi en ce beau matin de la fin novembre, avec mon copain Jo, nous avons décidé de nous « faire » dans la même matinée cinq sommets ! Bon, il est vrai que l’Hérault n’est pas l’Himalaya et que les sommets que nous allons gravir s’échelonnent entre 882 et 1022mètres. De même, ces sommets constituant la ligne de crête du cirque qui domine le village de Graissessac, le passage de l’un à l’autre ne représente pas un énorme dénivelé.
Mais au total nos gambettes vont « avaler » plus de mille mètres de dénivelé et cela impérativement avant de pique-niquer. Car il faut dire que « nos » pique-niques bacchusiens nous mettent, ensuite, hors d’état de grimper ! On redescend en se mettant en roue libre jusqu’en bas ! Mais pour l’heure, nous sommes encore au fond de la vallée à traverser le torrent de Provères dont le débit submerge partiellement nos godasses, fort heureusement étanches.
Les couleurs automnales des feuillages sont à leur apogée comme si la nature voulait compenser les ardeurs déclinantes du soleil.
Alors que pour les humains la mort est souvent un naufrage, elle est pour les feuilles des arbres un feu d’artifice. Elles meurent une fois leur devoir accompli : permettre à l’arbre de se nourrir durant un printemps et un été. Au printemps prochain d’autres prendront leur place. C’est un joyeux message de la nature pour nous faire comprendre que la mort s’inscrit dans un cycle infini où nos atomes dansent et passent d’une forme de vie à l’autre, enrichissant ainsi l’Energie Vitale (que certains appellent dieu) de l’univers.
Mais l’heure de notre « recyclage » n’a pas encore sonné et nous avalons goulûment les ressacs rocheux qui succèdent à la forêt.
Nous nous élevons peu à peu, découvrant le cours tumultueux du torrent de Bouissescure qui se jette en contrebas dans le Trovères que nous avons traversé.
Le franchir nécessite de faire un saut de chamois que nos vieilles articulations ont peine à réaliser. Mais nous sortons sains et secs de l’obstacle !
Prenant de l’altitude, le panorama s’élargit sur le cirque de montagnes dominant Graissessac. Un manteau forestier le recouvre qui dissimule les plaies infligées par les hommes à la nature qui y ont exploité des mines de charbon, dont certaines à ciel ouvert. On aperçoit d’ailleurs sur les monts au loin en face quelques anciennes terrasses houillères trop stériles pour être reprises par la végétation.
Car Graissessac, que l’on aperçoit au fond de la vallée et d’où nous sommes partis, fut, jusqu’en 1993, un important centre minier qui générait une certaine prospérité aujourd’hui disparue. Certains des sentiers que l’on emprunte aujourd’hui ont été créés au XVIIIème siècle pour descendre à dos d’âne la houille qui affleurait dans les montagnes et que l’on utilisait pour les forges fabriquant des clous ainsi que les verreries.
Nous ne sommes pas au bout de nos peines et il reste encore quelques centaines de mètres à grimper et nous remettons un peu de « charbon » dans nos chaudières.
Nous sommes enfin à pied d’œuvre; nous venons de gravir le mont Paréviol (977m), premier sommet de notre parcours. Nous apercevons le second devant nous, le mont Agut (1022m), le plus haut des cinq. Nous partons à l’assaut de ce second sommet en chantant à tue tête « De Graissessac au mont Agut la digue, la digue… »
Vues en photo, ces montagnes ont l’air de grosses collines, mais après le dénivelé du matin, leur ascension nous fait vite « déchanter » et nos cœurs se mettent à battre la chamade comme si nous avions au sommet un rendez vous amoureux. De fait, nous avons un tel rendez vous mais avec dame nature qui nous récompense, par la contemplation de ses beautés, de l’effort que nous faisons pour aller à sa rencontre.
Après avoir avalé le Mont des Trois terres (963m) nous venons de franchir le Mont Redon (939m) et nous allons attaquer la Capuce (882m) cinquième et dernier sommet avant de s’octroyer une pause bien méritée.
Et voici notre « salle à manger » du jour ! Heureux hommes que nous sommes qui pouvons déjeuner au milieu de la beauté du monde. Ce paradis là est à portée de pieds et l’on peut y commettre le péché de gourmandise sans subir les foudres d’une divinité mal lunée ! Les hommes sont un peu fous qui s’inventent des dieux qui leur dictent qui ils peuvent aimer, comment ils doivent s’habiller et ce qu’ils ont le droit de manger.
Les sacs plus légers, nous nous remettons en route pour redescendre par le flanc nord du vallon de Provères, torrent que nous avons traversé à la montée.
Ayant perdu de l’altitude, nous retrouvons de vénérables hêtres qui trouvent ici la fraicheur et l’humidité qu’ils affectionnent.
Mais d’autres essences – châtaigniers, frênes – prospèrent également en ces lieux, dont les feuillages flamboyants créent une voie lactée diurne au dessus de nos têtes.
On pourrait croire la forêt en feu si la température de l’air n’était automnale.
Nous croisons de nouveau le Trovères en un lieu où son cours s’apaise un instant dans une jolie vasque. Qui ne serait tenter de se baigner devant une eau aussi limpide ! En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire nous nous retrouvons en tenue d’Adam (sans Eve hélas !!!) ….
Et nous plongeons avec ravissement dans l’eau dont la température rendrait sa verdeur à une momie ! En deux minutes, la fatigue de la journée est effacée !
Nous achevons notre périple en espérant rester vaillants aussi longtemps que ce vieux châtaignier !
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Il ya du nouveau
sur mon blog musical
Canta-la-Vida
avec ma nouvelle chanson
" Qui peut répondre à ma question "
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Texte & Photos* Ulysse
- Les personnages en bois de récupération ont été réalisés par un artiste local
- Le dessin qui illustre la chanson de Canta-la-Vida est d'Eliane Roi
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