A l’assaut du Monthaut
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Alors que sévissent aux quatre coins du monde des dirigeants tyranniques ou crétins et que dans nos démocraties fragiles des joueurs et joueuses de pipeau nous promettent un monde meilleur à l’abri de barricades, il est réconfortant de pouvoir quelques instants retourner dans un monde serein où la nature est reine et où nous pouvons retrouver l’union avec elle que nous avons rompue, rupture qui nous mène doucement à l’abime. La vallée de la Buèges, du nom de la modeste rivière qui y prend sa source, et où sont nichés quelques antiques villages comme Pégairolles de Buèges perché sur son promontoire, nous offre ce salutaire retour « aux sources ».
Notre objectif du jour est de grimper le Monthaut, modeste mais rugueux et pierreux sommet qui fait face au massif de la Séranne.
Notre chemin passe par le mas d’Agre, hameau en ruine dont les vestiges nous laissent admiratifs sur le savoir faire des anciens - qui ne disposaient que d’outils rudimentaires - en matière de construction, comme en tant d’autres domaines. Les techniques des antiques bâtisseurs, que ce soit pour construire une cathédrale ou une modeste, reposaient sur la maitrise des voutes permettant de défier la loi de la gravité.
Si l’on est attentif et pas trop dur d'oreille, on peut percevoir l’écho des conversations qui pendant quelques générations se sont tenues devant ce four « banal ». Nous sommes tous les enfants du feu qui a permis à l’homme de survivre dans un monde hostile en se protégeant du froid et des prédateurs. C’est pourquoi il nous fascine car les flammes ardentes du moindre foyer nous font remonter à l’origine de l’humanité.
Mais nous voilà à pied d’œuvre et le moment est venu de grimper ce gros pouding pierreux qu’est le Monthaut.
Vu de loin, il semble usurper sa dénomination, mais son ascension est moins aisée qu’on pourrait le croire. De fait sa carcasse est hérissée d’une succession d’amas rocheux qu’il faut grimper en mode « primate ».
En outre le calcaire dont il est constitué se désagrège et il faut soigneusement choisir les roches sur lesquelles on prend appui.
Pour parvenir au sommet, on franchit un dernier ressac rocheux en surplomb du vide et mieux vaut ne pas rater la dernière marche !
Mais nous parvenons sains et saufs sur la plateforme sommitale parcourue de fissures et de crevasses qui témoignent de l’ancienneté de ce mont. De fait nous marchons sur un ancien massif corallien laissé par l’ancêtre de la Méditerranée il y a cent cinquante millions d’années.
Avant de redescendre dans la vallée, nous allons parcourir toute la crête qui est parallèle au massif de la Séranne, que l’on découvre sur notre gauche.
Nous dominons bientôt le village de Pégairolles de Buèges au pied duquel nous sommes passés ce matin. A chaque randonnée nous sommes étonnés du chemin que l’on peut rapidement parcourir en mettant un pied devant l’autre. C’est ainsi que l’homo sapiens a conquis la terre il y a cinquante mille ans mais hélas ses descendants ne suivent guère son exemple quand on constate que 40% des trajets en voiture font moins de 2km ! Pourtant marcher à pied c’est bon pour la santé, pour le porte monnaie et pour la planète !
Bien que le paysage soit sublime, nous sommes contraints de regarder où l’on met les pieds vu l’état du supposé « sentier»!
Par endroits la crête se resserre et il faut également faire preuve d’un bon sens de l’équilibre si l’on ne veut pas finir comme Icare.
C’est enivrant de cheminer ainsi entre terre et ciel et d’embrasser du regard une vaste partie encore sauvage de notre belle planète.
Dans le lointain, estompée par la brume se dresse la dent du Pic St Loup qui fait face au massif de l’Hortus. Jusqu’à ce sommet emblématique des Montpelliérains il n’y a aucune trace visible des méfaits et blessures que l’homme cause à son berceau céleste et ce spectacle est réconfortant.
Par endroits nous regardons avec inquiétude les rochers qui surplombent le sentier. Les racines de ce pin, que le vent ou un oiseau a fait pousser en haut de ce chaos rocheux, oeuvrent lentement à leur dislocation.
Nous jetons un dernier coup d’œil à la vallée avant d’entamer notre descente. C’est toujours avec regret que l’on quitte les sommets que l’on a gravis car on y éprouve un intense sentiment de liberté dû à l’immensité du paysage qui s’offre à nous mais aussi de sécurité car nous nous y sentons hors d’atteinte des dangers et turpitudes du monde dit « civilisé ».
Toujours, je m’extasie devant les sculptures créées par le vent, la pluie, le gel et le soleil. Ce sont sans doute les œuvres de la nature qui ont donné aux hommes l’idée de sculpter les pierres. La nature est la plus belle école qui soit à qui sait la respecter et la contempler .
De retour dans la vallée, nous prenons le temps d’aller découvrir la source de la Buèges qui jaillit au pied d’un vénérable sycomore qui doit se régaler de ses eaux.
Sa limpidité exceptionnelle me donne envie d’en boire et pour qu’une eau me tente il faut vraiment qu’elle soit belle et bonne !
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où ma dernière chanson postée est "GWADA."
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Texte & Photos Ulysse
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