De Saint Guiraud au canyon du Diable en passant par un four à chaux et le dolmen des Isserts
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Le département de l’Hérault, où je vis, a soumis, l’an passé, sa candidature au prestigieux label Géoparc mondial de l’UNESCO. De fait, mon département est une mosaïque de paysages remarquables et de sites géologiques uniques façonnés par la nature et les hommes, comme cette nouvelle randonnée va magnifiquement vous le montrer. Partant du village de Saint Guiraud, dont le nom honore un chanoine qui officia au XIème siècle dans la région, nous empruntons un tunnel par lequel passaient, au cours de la première moitié du XXème siècle, les wagonnets qui transportaient la chaux produite par un four que nous allons découvrir.
Le four est impressionnant et ferait plutôt penser à un ouvrage défensif si sa partie supérieure, composée de béton et de poutrelles métalliques, ne trahissait sa construction relativement récente.
La chaux, qui y était produite à partir de roches extraites d’une carrière proche de Saint Guiraud, a permis l’édification des ouvrages de la ligne de chemin de fer qui menait de Lodève jusqu’à Vias sur la côte méditerranéenne et passait par Rabieux, tout proche de Saint Guiraud.
On fait grand cas des volcans d’Auvergne mais ce que peu de gens savent est que la chaine de ces volcans se prolongeait jusqu’à la Méditerranée en traversant l’Hérault. Et, en face du four à chaux, l’on aperçoit l’un des ces volcans, fort heureusement éteint mais coiffé de son «neck» de lave que les chrétiens ont surmonté d’une croix, sans doute pour empêcher Lucifer d’y rallumer le feu! A son pied s’étend une armée pacifique d’oliviers, belle et bénéfique ornementation humaine qui contraste artistiquement avec le rouge des ruffes, sédiments lagunaires vieux de deux cent millions d’années.
Ayant rejoint le pied du volcan, nous évoluons dans ce territoire de ruffes que la surrection des Pyrénées et des Alpes, il y a environ cinquante millions d’années, a fait remonter à la surface. L’Hérault a été à cette occasion le lieu d’un chamboule-tout géologique qui justifie sa candidature de Géoparc.
Inspirés par la beauté des lieux, les anciens ont édifiés, pour faciliter leurs activités, des abris dont la technique et l’harmonie des formes font notre admiration. C’était leur manière de respecter la Terre Mère qui leur fournissait gracieusement leurs matériaux. Ce lien «spirituel» avec la nature a été malheureusement rompu et nous malmenons aujourd’hui sans vergogne notre berceau originel.
Ce lien spirituel avec notre «berceau céleste»» a pourtant prévalu pendant des millénaires car nos ancêtres celtes y creusaient et y édifiaient leurs sépultures dont le caractère imposant, nécessitait de leur part un travail colossal. Ainsi en est-il du dolmen des Isserts devant lequel nous passons et dont on peut découvrir l’histoire au superbe musée Fleury de Lodève.
Nous arrivons aux abords de l’un des joyaux géologiques de l’Hérault, le canyon du Diable, ainsi nommé en raison de la couleur des ruffes qui le composent.
Nous empruntons une piste forestière qui le contourne et le domine et nous offre ainsi un magnifique panorama que nous admirerons tout le temps de notre pique-nique. Quels heureux humains nous sommes de pouvoir jouir en paix d’un tel spectacle et nous ne changerions pas notre mode de vie pour toute la fortune des gnomes milliardaires maîtres des Gafas et tristes laquais pétochards du Guignol Trump.
Revigorés par nos agapes «bacchusiennes», nous partons explorer le canyon, véritable monde perdu, ancien «Jurassic park » où les mammaliens, ancêtres des dinosaures, déambulaient il y a deux cents millions d’années.
Nous découvrons une première cascade….
….puis une seconde, dont le chant fait plaisir à entendre car la sécheresse a sévit dans notre région l’an passé.
Puis, nous batifolons sur les mamelons de Gaia, après avoir bien sûr demandé son consentement !
Le canyon est un vrai labyrinthe et il faut un bon sens de l’orientation pour ne pas y tourner en rond…..et rond, petits patapons !
Les flancs des monticules sont parsemés de prénoms composés par les promeneurs avec des pierres du site.
On y voit un coeur que l’érosion a brisé; espérons que le temps n’a pas fait de même pour l’amour qui l’a inspiré!
Nous nous engageons dans la gorge creusée par le ruisseau d’Agoras dont les pluies récentes ont rendu l’eau boueuse.
Pour ceux que les parcs américains de l’Arizona ou de l’Utah font rêver, vous n’avez nul besoin de casser votre tirelire pour vous y rendre, cet endroit vous ravira.
Mais pour vous y aventurer prenez la précaution de prendre des chaussures hautes et étanches car on y progresse, par endroits, directement dans le ruisseau.
Nous parvenons au lieu où le ruisseau chute de la falaise. Je m’y serais bien baigné, comme chaque fois que je viens en ce lieu, mais je n’ai pas voulu ressembler, vu la couleur de l’eau, à un «carambar».
Les ruffes étant plutôt stériles rares sont les fleurs qui y poussent et il faut donc saluer la ténacité de ce narcisse douteux (narcissus dubius) dont le nom étonne. Celle ou celui qui l’a nommé ainsi doutait peut-être de son appartenance au groupe des narcisses? Rappelons que ce nom vient du du grec «narkaô», qui signifie "endormir", car l'ingestion ou le parfum des narcisses causerait un assoupissement douloureux.
Ayant terminé notre exploration du canyon, nous remontons vers une confortable piste qui nous ramène vers saint Guiraud.
Comme souvent, hélas, un élément vient gâcher la sérénité et l‘émerveillement de notre journée en pleine nature qui prend la forme aujourd’hui d’une «palombières». On aimerait penser, vu son nom, qu’il s’agit d’un refuge pour palombes mais, hélas, c’est un poste de chasse où des nemrods ventripotents venus en 4X4 par la piste se mettent à l’affût pour «dégommer» ces magnifiques volatiles lors de leur migration automnale.
Je reposte d’ailleurs, à cette occasion, une photo d’une palombe tuée par les chasseurs, prise en rando en novembre dernier lorsque nous randonnions dans le massif de l’Espinousse. Les chasseurs qui l’avaient tuée étaient positionnés sur le col un peu plus haut et ne l’avaient pas retrouvée, massacre stupide et inutile.
Mais revenons à des pensées plus positives alors que nous approchons de notre point de départ, Saint Guiraud, dont on aperçoit l’église. Bien qu’agnostique, la vue de ces édifices qui dressent leur clocher vers le ciel m’interpelle. Ils témoignent de l’interrogation de l’homme sur son origine et son destin. Nos ancêtres ont vu des dieux dans le soleil et la lune. Aujourd’hui nous savons qu’il n’en est rien, mais nous avons appris que nous sommes formés de poussière d’étoiles et que nos atomes y retourneront. Seuls, je l’espère, ceux des tyrans ne seront pas recyclables et finiront dans un dépotoir de l’univers où ils seront condamnés à une immobilité et une nuit éternelle.
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