Voyage dans le temps autour de Cambous
Aujourd’hui, nous partons explorer les garrigues qui s’étendent à l’ouest du Pic Saint Loup où subsistent des vestiges d’une occupation humaine datant de quelques millénaires. Ainsi, grâce à cette antique voie que nous empruntons, nous allons remonter dans le temps, exploit qu’Einstein pensait impossible, mais même les génies ne sont pas infaillibles!
Au demeurant, en ces lieux, il n’y a pas que les chemins qui vous font remonter le temps, mais de aussi vieux arbres, comme ce magnifique chêne pubescent nom qui lui vient du latin «pubescens» - d’où vient aussi «pubère» - car il a des poils courts sur la face inférieure des feuilles et les jeunes rameaux. Espèce thermophile, elle est adaptée à la sécheresse qui sévit en ces lieux. Son feuillage est marcescent ce qui veut dire qu’il ne tombe que quand les nouvelles feuilles repoussent au printemps. Sa forme étonnante laisse penser qu’il a été contrarié dans sa jeunesse. Peut être a-t-il été étêté par des humains ou des animaux qui auraient brouté ses jeunes pousses.
Au bord du chemin, nous découvrons le dolmen de la Draille dont le long couloir est bordé de dalles dressées (orthostates). Selon les experts, Il a été très probablement remanié, ce qui expliquerait la petitesse de la chambre et sa faible élévation tout à fait anormale. La chambre sépulcrale contenait des ossements humains et des éléments de parure ainsi que des tessons de céramique qui permettent de rattacher ce dolmen à la culture de Fontbouisse. Il s’agit d’une culture qui s'est développée dans l’actuel Languedoc entre 2700 et 2300 av. J.-C. Son nom est lié au village préhistorique éponyme, découvert dans le département du Gard.
Un peu plus loin se trouve un autre type de sépultures de cette même culture de Fontbouisse. Le matériel archéologique découvert se compose de tessons de céramique, de quelques éléments de parure et d'ossements humains. L’une des orthostates qui entourent la tombe est une petite statue-menhir représentant une chouette. Sans doute cet animal a-t-il été choisi car il voit la nuit permettant ainsi aux défunts de voir dans leur tombeau (interprétation personnelle)
Mais en ces lieux il n’ y a pas que les vestiges du royaume des morts qui suscitent notre intérêt, car on y peut y admirer aussi les beautés du monde vivant comme ce superbe «flambé» qui butine une centaurée. Savez vous que comme tous les papillons le flambé a besoin de sels minéraux. Pour ce faire, il filtre l'eau en aspirant les pellicules à la surface de la boue en bord de cours d’eau ou dans les flaques.
Moins séduisante, mais étonnante, est cette punaise arlequin nommée ainsi du fait de sa livrée rouge à rayures noires . On se dit que cette livrée très voyante la rend facile à capturer par les oiseaux friands d’insectes. Mais la bestiole est protégé par une arme secrète qui prend la forme d’une paire de glandes odorantes qui secrètent une substance dont l’odeur désagréable vaut aux punaises leur nom (dérivé de puer, putere en latin). Cette sécrétion odoriférante a un effet dissuasif sur les éventuels prédateurs, dont les oiseaux, car elle communique à l’insecte un goût très désagréable.
Le monde végétal n’est pas en reste en matière de beauté avec ces échinops ritro appelés aussi chardons globe, chardons boulettes ou oursins bleus.
Cheminant vers l’Est, nous découvrons bientôt au dessus des frondaisons le bout du nez de…. Cyrano. Non à vrai dire c’est le sommet du Pic Saint Loup que l’on voit à mille lieux à la ronde quand on habite dans l’Hérault.
De fait, ce pic, malgré sa modeste altitude (658m), en raison de son isolement se voit des quatre coins du département pour peu que l’on soit un peu en hauteur. L’Hortus qui lui fait face crée une configuration géologique originale.
Cet étonnant pic est né du relèvement à la verticale, lors de la surrection des Pyrénées il y a quarante millions d’années, d’un plateau sédimentaire laissé par une ancienne mer. Dans quarante millions d’années ses éléments auront été ramenés à la mer par l’érosion. Vous avez donc encore le temps d’y grimper si ce n’est déjà fait. De là haut la vue est sublime !
Notre sentier passe ensuite auprès d’un autre imposant «quercus» ou chêne. Tout vocable est sujet à une remontée dans le temps car ce terme de quercus remonte au mot indo-européen perkwus qui est probablement lié au nom de l'orage Perkwunos la relation entre l'orage et l'arbre étant peut-être due à l'impact de la foudre sur leurs hautes cimes. Bien que moins élevé que le Pic Saint Loup cet arbre impressionne par sa stature et on hésite à lui dire «salut vieille branche» de peur de s’en prendre une dans la figure
Nous arrivons au village préhistorique de Cambous qui relève de la culture de Fontbouisse. C'est le plus vieux village néolithique de France retrouvé dans un tel état de conservation. Il fut occupé entre 2700 et 2400 avant notre ère.
Ses habitants étaient agriculteurs et éleveurs, chassaient occasionnellement et pratiquaient la cueillette des baies et des fruits sauvages. Ils élevaient des moutons et des chèvres ainsi que des vaches et des porcs.
Quatre groupes de huit à dix cabanes chacun ont été mis au jour à partir de 1967. Les habitations, contigües, ont d’épais murs de pierres et de lauzes selon un plan allongé à extrémités en abside. Une habitation, avec un toit de lauze et de chaume, a été reconstituée à la périphérie du site.
Le temps libre devait être assez important et était consacré à des activités créatives et artistiques qui s'expriment dans le raffinement des objets de parures et l'esthétique élaborée des poteries que l’on a retrouvé sur le site. Ainsi comme l'a écrit Marshall Sahlins dans son essai, du fait du faible nombre d'humains de l'époque et de la grande disponibilité des ressources, le paléolithique était une ère d'abondance et de loisirs ! Le soi disant progrès a fait de nous des esclaves!
Ainsi très tôt dans son histoire les humains ne se sont pas contentés de créer des outils ou des ustensiles fonctionnels mais ils leur ont conféré un aspect artistique qui fait la singularité de notre espèce dans le monde vivant. L’art est sans doute le produit et le témoin de notre âme!
PS : Si ce circuit vous intéresse vous le trouverez ICI. Vérifiez au préalable si le site de Cambous est ouvert.
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Je vous invite à écouter ma chanson
Le temps d'un thé.....
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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