Du causse d’Aumelas au causse du Larzac
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Je vais aujourd’hui faire mieux que l'opticien "«Jevoisflou», je vais vous offrir deux causses languedociens pour rien ! Mais tout d’abord une précision sémantique : ce terme vient de l’occitan « Cauce » issu du latin « Calx » qui veut dire « chaux ». De fait, il s’agit de vastes étendues de plateaux et de versants comportant un sol peu épais où la roche mère calcaire affleure. Ces zones, aujourd’hui peu exploitées, étaient dans le passé dévolues essentiellement au pastoralisme (principalement élevage ovin) et à la culture de certaines céréales (froment, orge) oléagineux (colza) et légumineuses (luzerne). Grimpons tout d’abord sur le causse d'Aumelas qui culmine à 350 mètres et où se dressent les ruines d’un imposant château dénommé le Castellas.
A coté du château édifié au XIème siècle, on aperçoit l’église Notre Dame construite à la fin du XIIIème siècle. Ce fief, possession des seigneurs de Montpellier fut intégré au XIIIème siècle au royaume d’Aragon puis à la couronne de France en 1349. L’histoire de l’homme n’est qu’une longue série de pillages de forfaitures et d’invasions et tout cela à cause d’une hormone : la testotérone ! Cela dit elle nous a été bien utile pour affronter les ours les lions et les aurochs au début de notre histoire.
Le château a perdu toute utilité défensive à la fin du XVIème siècle, époque à laquelle il a été abandonné. Il est en cours de réhabilitation et ne peut, pour le moment, se visiter.
Ces vastes étendues, qui étaient autrefois pâturées, sont aujourd’hui envahies par les buis, les genévriers et les genêts qui l’ornent au printemps d’une parure d’or.
A Christophe Maé qui nous chante avec talent «Il est où le bonheur» je réponds : il est ici sur le Causse d’Aumelas au cours d’un pique-nique avec des amis.
Le château n’est pas le seul édifice historique du causse et nous empruntons une large piste pour aller découvrir la chapelle Saint Martin du Cardonnet. Quelle jouissance de «dérouler» ses pas dans ces vastes espaces aux horizons lointains, la vie s’emplit alors de kilomètres de verdure et de ciel bleu, de caresses de brise et d’odeurs sucrées des genêts ou de chèvrefeuille sauvage. Que demander de plus ?
Nous arrivons aux abords de la chapelle qui faisait partie d'un prieuré dont les vestiges se trouvent autour. Celle-ci desservait des mas isolés sur le plateau. Le prieuré aurait été détruit par les Huguenots qui ont subi, pour leur part, bien des outrages, dont les dragonnades organisées par le roi scélérat Louis XIV qui a ruiné la France par ses guerres incessantes et la stupide révocation de l’édit de Nantes. J’avoue que je suis de ceux qui ne verraient pas d’un mauvais œil le déboulonnage de ses statues comme celle du tyran sanguinaire Napoléon qui a mis à feu et à sang l’Europe et dévasté l’Espagne comme le rappelle le célèbre tableau de Goya « Tres de mayo ».
La chapelle aurait été édifiée au XIIème siècle mais son clocher-peigne daterait du XVème siècle. Le clocher peigne n’a pas vocation à peigner les nuages comme on pourrait le penser mais à abriter plusieurs cloches dont les sonneries sont paradoxalement d’une puissance propre à nous décoiffer. Il fallait effectivement que l’on puisse les entendre dans les habitations dispersées sur le causse.
La chapelle a fort heureusement été préservée et garde belle allure. Malheureusement on ne peut voir l’élégante nef qu’au travers d’une grille. Mais que fait le bon dieu ? Il est vrai qu’il doit être dégouté par ce bipède auquel il a imprudemment confié les clés d’un paradis !
Nous changeons de causse pour nous rendre dans celui du Larzac aux environs de Sorbs, pittoresque village caussenard. Il culmine au puech de Cougouille à 910 mètres et connaît un climat rigoureux l’hiver et très chaud l’été.
Le village a conservé son four banal, superbe exemple d’architecture caussenarde.
Il comporte aussi un château édifié dans la seconde moitié du XVIème siècle dont l’architecture austère et défensive témoigne de l’insécurité qui prévalait alors en ces lieux où les bandes de malfrats erraient dans les campagnes.
Aujourd’hui la paix et la sérénité y règnent pour le plus grand bonheur des bipèdes et des quadrupèdes qui les parcourent.
Par endroits, une végétation dense a envahit les anciens pâturages où les anciens chemins peu à peu disparaissent mettant à l’épreuve le sens de l’orientation des randonneurs.
Nous arrivons au bord du «sotch» (nom languedocien de doline) de Roubert, dépression profonde de 50 mètres creusée par l’érosion du sol calcaire, notre chemin passant ensuite au bord de deux autres sotchs dits de las Parades et de la Fageolle.
C’est le début de la saison des stipes appelées aussi « cheveux d’ange » car en fin de floraison elles arborent un aspect laineux qui pare le causse d’une couverture argentée.
Notre chemin traverse une magnifique buissière qui a reverdi après les ravages causés l’an passé par la pyrale du buis qui semble cette année avoir été éradiquée. Les mésanges qui se régalent de chenilles ont fait, semble-t-il, un bon boulot. Si vous avez des buis et des mésanges dans votre jardin, prenez en soin l’hiver ! Donnez leur des graines.
Nous débouchons sur une mer verte : un champ d’orge qui ondule sous le vent ! Arrivée à maturité cette céréale prendra une couleur dorée que l’on retrouve dans la bière dont l’ancêtre est la cervoise (cerveza en occitan), produite par les gaulois qui ne l’oublions pas ont aussi inventé le tonneau.
Nous arrivons d’ailleurs dans le petit village du Cros en un lieu et à l’heure idoines…..
Celle de l’Apéro ! Au moins un nom qui ne risque pas de susciter de polémiques sauf celle de la ligue anti-alcoolique, mais elle n’est pas présente dans notre région où on ne boit que du bon vin qui n’est pas, comme tout les gens sensés le savent, une boisson alcoolique mais culturelle et hygiénique ! En buvant du bon vin on boit du soleil, du vent, de la pluie (et oui le vin en est constitué à environ 87%) de l’histoire, de la géographie et de l’amour !
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Texte & Photos* Ulysse
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