Le Plo des Brus par la chapelle St Eutrope
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Mes fidèles lectrices et lecteurs se souviennent peut être de notre périlleux pèlerinage hivernal à la chapelle N.D. de St Eutrope que j’ai posté en janvier 2021 et que vous pouvez redécouvrir ICI. J’y suis retourné avec Jo en décembre dernier alors que les conditions météo étaient autrement plus favorables. Mais, à vrai dire, ce jour là St Eutrope n’était pour nous qu’une étape vers le Plo des Brus, vaste plateau herbeux situé à 1098m d’altitude.
Perchée sur un promontoire rocheux à 500m d’altitude, parvenir à la chapelle demande d’avoir la foi ou de bonnes jambes ! Mais le site vaut le déplacement: l’édifice est élégant et la vue sublime. De surcroît il est ouvert au public et peut donc, en cas de besoin, servir de refuge. Un ermite y a d’ailleurs vécu dans le passé.
Les efforts nécessaires pour parvenir à la chapelle ne sont rien en comparaison de l’ascension qui mène au Plo des Brus où quelques passages relèvent plus de l’escalade que de la randonnée et où, pour le reste, on chemine sur une vague piste qui serpente entre les chaos rocheux entourés de bosquets inextricables de genêts.
Malgré les années qui passent Jo et moi éprouvons un bonheur indicible à constater que nous sommes encore capables de défier les lois de la pesanteur malgré les articulations qui grincent et parfois coincent et de gravir des pentes plus faites pour les mouflons que pour les humains. D’ailleurs ce jour là nous avons cheminé en compagnie d’un quadragénaire sportif qui se déclara bluffé par notre forme et a tenu une fois arrivés au sommet à nous prendre en photo pour nous montrer à son papa, sans doute beaucoup moins sportifs que nous le sommes ! Je le salue au passage !
Je pense que la vie n’a d’intérêt que si l’on accepte de sortir de sa «zone de confort», cet ensemble d’habitudes entretenues par une voix intérieure qui vous dissuade de sortir parce qu’il pleut qu’il vente ou qu’il fait froid, qui vous susurre à l’oreille, quand une corvée se présente, que l’on verra ça demain, qui vous fait reprendre du dessert, abandonner les bonnes résolutions d’aller chercher son pain à pied, d’arrêter de fumer ou de se remettre à la gym.
Nous avons tous besoin de nous donner des coups de pied aux fesses pour aller affronter les éléments ou défier les montagnes, surtout quand les conditions météo sont peu clémentes, moi le premier ! Mais quel bonheur quand on réussit à vaincre la loi d’entropie qui nous pousse à rester le cul sur son canapé.
Que la montagne est vivifiante et belle et quel plaisir on prend à lui gratter la couenne avec la semelle de nos chaussures et à humer ses senteurs acres et tonifiantes.
Quel plaisir aussi de chercher son chemin au travers de ces chaos rocheux, de lire en quelque sorte le paysage pour y trouver le cheminement le plus logique, le plus sûr.
Parvenir au sommet, c’est arriver au paradis où nous découvrons les confins de la Terre, cette miraculeuse planète où nous avons eu la chance de naître mais que nous saccageons sans vergogne. La contemplation de cette beauté à plus de valeur que n’importe quelle possession matérielle que pourtant de milliers de crétins milliardaires cherchent à multiplier. Pour eux c’est un quête sans fin et sans espoir car cent milliards de dollars ne valent pas un matin d’hiver sur le Plo des Brus.
Ici me revient en mémoire ce vers du poète Paul Eluard «La Terre est bleue comme une orange… » et le poète a raison car la Terre est bleue vue d’ici ou de l’espace et c’est une orange pour les humains qu’elle nourrit et qu’elle ravit.
En ce lieu ou la pollution se résume aux pets de mouflons, nous nous gavons d’oxygène et de ciel bleu !
Outre ce festin de ciel bleu, notre regard avale les montagnes alentours sillonnées de sentiers que l’on devine dans leur toison forestière ou herbeuse. Rares sont ceux que nous n’avons pas encore empruntés car si certains collectionnent les boites de camemberts ou les cartes Pokemon, nous nous collectionnons les sentiers !
Nous ne sommes pas les seuls à nous enivrer de cette belle nature car nous croisons un sphinx hilare perdu lui aussi dans la contemplation du ciel ! Le voyez vous ?
Mais il est temps de trouver un endroit pour le pique-nique et nous commençons à redescendre pour nous abriter de la tramontane qui souffle à coeur joie.
Nous trouvons un endroit idéal à l’abri d’un chaos rocheux en souhaitant toutefois qu’une pierre n’ait pas la fâcheuse idée en tombant de transformer notre sieste en repos éternel ! Cela dit mieux vaut, selon moi, mourir en montagne que dans le fauteuil d’un éhpad.
Notre pause «pique-nique & sieste» s’étant passée sans encombre, nous nous remettons en chemin aspirés par la ligne bleue de l’horizon.
Le chemin devient plus aisé à suivre, tracé dans un tapis de bruyères fanées qui l’été recouvre Gaïa d’une superbe parure mauve.
Nous rejoignons le portail de Roquendouire où la Tramontane s’engouffre et nous pousse vers le vallon qui nous ramène à notre point de départ.
Nous retrouvons le couvert des châtaigneraies où les règnes végétal et minéral s’accouplent et fusionnent, fascinant ballet de la vie dont la source est pour moi au coeur de chacun de nos atomes. Gaïa est un être vivant comme le pense James Lovelock !
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Texte & Photos Ulysse
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