Trois papis en cavale sur le Puigmal (2910m)
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Certains considèrent que les vacances sont faites pour se reposer et les consacrent au farniente, assorti éventuellement de parties de pétanque et de moult apéros. Loin de moi l’idée de vouloir les blâmer (surtout pour les apéros !), chacun fait comme il lui plaît, pour autant qu’il n’escagasse pas les autres. Mais, étant toute l’année en vacances, j’ai assez d’énergie pour pratiquer d’autres activités plus sportives. Et comme j’ai la chance d’avoir des amis, Gibus et Jo, qui plient encore leurs genoux aussi facilement qu’ils lèvent le coude, nous avons décider d’aller gratter de nos semelles le sommet du Puigmal (2910m), deuxième sommet des Pyrénées Orientales après le Carlit (2921m), que nous avons gravi il y a quelques années. Nous voilà donc partis de bon matin de la station de Err située plus de mille mètres en contrebas.
Le massif du Puigmal, qui comporte plusieurs sommets, est un gros tas de cailloux (d’où son nom qui veut dire : « mont mauvais ») de nature schisteuse aux couleurs chaudes mais guère propice, hélas, au développement de la végétation.
Après une heure trente de marche sur un sentier bien dessiné mais fort pentu, nous parvenons à un col d’où partent les sentiers qui mènent au Puigmal de Lio (2767m) au Puigmal de Sègre (2843m) et au sommet principal du Puigmal (2910m).
Il y a quelques années, nous aurions fait les trois en sifflant (bon j’exagère un peu !) mais nos abattis commencent à sentir le poids des ans et nous décidons d’ignorer le Puigmal de Lio, superbe pyramide dont l’étroit sommet est déjà occupé par des randonneurs (excellente excuse !)
Nous décidons quand même de gravir le Puigmal de Sègre, choix qui ne se révèle pas très heureux car après nous être engagés sur le sentier nous découvrons que celui-ci traverse un pierrier d’énormes blocs qui nous obligent à quelques acrobaties.
Cet obstacle franchi, le sentier redevient heureusement plus carrossable. Derrière nous, se profile la silhouette du Puigmal « principal » que nous allons devoir ensuite gravir.
Le sommet du Puigmal de Sègre est orné d’une sculpture en fer représentant St Bernat de Menthon (orthographe catalane pour Bernard) accompagné d’un célèbre chien sauveteur équipé d’un tonnelet de schnaps (hélas vide) . Il m’arrive parfois de rêver que je suis perdu en montagne et qu’un chien St Bernard vient me secourir ! C’est un autre effet de l’âge, car quand j’étais plus jeune, d’autres créatures avec un autre genre de tonnelets peuplaient mes rêves.
Revenus au col, nous reprenons le chemin du sommet principal et nous sommes loin d’être seuls car ce sommet, qui ne présente aucune difficulté technique, est très apprécié des catalans français et espagnols qui y montent en famille.
Les mille mètres de dénivelé (même un peu plus) n’effraient pas les jeunes gambettes ce qui n’est guère étonnant car une étude a montré que les jeunes enfants sportifs avaient un métabolisme de super-athlète. Ce que je constate d'ailleurs à mes dépens avec mes petits loups ! C’est lors de l‘adolescence que les choses se gâtent car l’énergie est alors consacrée à la fabrication d’hormones nécessaires au développement des gonades et du corps. C’est à ce moment là que les ados deviennent les champions de l’escalade des canapés.
Laissant le sentier aux familles, nous coupons à travers un pierrier pour accéder au sommet. Vous noterez que pour l’occasion Gibus à renoncé à grimper pieds nus*. Recevoir un grosse pierre sur les arpions, ça fait mal !
* Point que l'on peut vérfier dans mon article sur la Roque Rouge
Nous arrivons en vue du sommet presqu’aussi fréquenté que les Galeries Lafayette ! A l’heure où tant de gens vont acheter leur pain et leurs cibiches en S.U.V (c’est le cas dans mon village !) il est réconfortant de voir autant de gens grimper plus de mille mètres de dénivelé pour « rien ».
Après avoir patiemment attendu que la place soit libre, nous sacrifions à la tradition de se faire photographier au sommet. Ce n’est pas, vous en vous en doutez, pour la gloire, car à l’heure des super trails déments comme celui de l'U.M.T.B.(l’Ultra Trail du Mont Blanc) qui représente 170kms et plus de 10.000mètres de dénivelé, notre grimpette, pour les fadas qui y participent, est une sortie pour pensionnaires d’E.PA.H.D. Nous voulons juste immortaliser ce moment de bonheur en montagne.
Mais, d’ailleurs, que voient de la beauté de la montagne ceux qui se contentent de la parcourir en courant ? Ceux qui ne viennent en montagne que pour la performance font l’impasse sur l’essentiel : la beauté des espaces infinis qui s’ouvrent à notre regard, la leçon d’humilité et de respect à l’égard de notre planète qu’ils nous inspirent, la perception de notre paradoxal mélange de fragilité et de résilience. Et puis en rando avec des amis, il n’y a pas de record à battre ni de classement, cet aliment délétère de l’Ego, il n’y a que du partage !
Et en matière de partage, nous sommes des pratiquants chevronnés. Car nous ne faisons pas un pique–nique montagnard sans nectar Bacchusien, breuvage infiniment plus sain et culturellement plus noble que les boissons dites « hygiénistes » des ultra trailers.
Après notre traditionnelle sieste, nous prenons la version « longue » du chemin du retour qui passe par la ligne de crête du cirque montagneux, dont le Puigmal est le point culminant.
Ce sentier en montagnes russes offre des perspectives sans cesse renouvelées. Vers le Sud, nous apercevons la cime du Puigmal que nous venons de quitter.
Et devant nous, nous contemplons le somptueux ballet d’ombres que crée le passage des nuages venus d’Espagne.
Au fil des pas, le chemin comporte quelques dizaines de mètres de dénivelé supplémentaires que nos gambettes avalent sans regimber !
Cet itinéraire étant plus long que le retour traditionnel, nous retrouvons une quasi solitude, source de sérénité. Bien qu’étant de bons vivants aimant la compagnie de la plupart de nos semblables, nous apprécions la solitude qu’offre généralement la montagne. Cette solitude, loin de la société humaine, permet de « baisser la garde », d’oublier les contingences, les soucis qui parasitent notre existence.
Parvenus au bout du cirque, nous jouissons d’une vision panoramique sur le sentier que nous avons gravi le matin pour parvenir au col qui nous fait face. Le sommet du Puigmal se trouve sur la droite en dehors de la photo.
Puis nous redescendons vers notre point de départ à travers les estives où se reposent un troupeau de « Rosées des Pyrénées ». L’un des mystères du monde qui ne sera jamais résolu est ce que pense une vache des randonneurs qui passent. Moi ça m’intrigue ! Pas vous ?
Qu’elles pensent ou non, ces vaches sont heureuses et c’est ainsi qu’elles devraient toutes être ! Honte aux élevages industriels qui leur font vivre l’enfer ! Consommateurs ne mangeons que de la viande de vache heureuse et, comme les amérindiens le faisaient, remercions les en pensée pour leur sacrifice quand nous les mangeons. Et merci aussi à nos amis belges pour l’invention du steack-frites ! Avec un rouge d’Oc, ce n’est que du bonheur ! Bon, après notre rencontre avec ces « rosées » des prés, nous nous apprêtons à rencontrer de belles « blondes » au bar de l’hôtel où nous créchons . A la vôtre et à la prochaine !
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Après cette balade, je vous invite à aller sur mon blog musical
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Texte & Photos Ulysse
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