Oh ! Quelle vue du sommet du Montahut !
En ce beau matin de premier jour du printemps, nous voilà partis avec l’ami Jo à l’assaut du Montahut (1053m), l’un des plus hauts sommets du massif de l’Espinousse. Bien qu’il ne soit situé qu’à 60 kms à vol d’oiseau de la Méditerranée, il y neige souvent l’hiver et la température nocturne peut alors y descendre jusqu’à -10°. Pour ceux qui en doutent cet article en témoigne !
L’Espinousse, dont fait partie le Caroux où nous allons souvent randonner, est un vestige du massif hercynien vieux de 600 millions d’années qui à son origine dépassait les six mille mètres mais qui aujourd’hui culmine à 1124m. Ce qui donne la mesure de la puissance de l’érosion. En à peine cinquante ans l’effet sur ma personne en est aussi visible, hélas !
Après une bonne grimpette, nous arrivons sur un premier palier à environ 700 mètres d’altitude en vue du col de Landres.
La végétation a encore sa parure d’hiver et seules les bosquets de pins apportent une touche de verdure.
En ces lieux aujourd’hui déserts vivaient autrefois de nombreux hommes qui y ont édifié de superbes jasses (bergeries) et fermes dont les murs montés avec art résistent au temps.
Les charpentes brisées par le poids des lauzes n’ont pas résisté et révèlent les magnifiques arches qui les soutenaient. Je redis l’admiration que j’ai pour ces hommes et femmes qui menaient une vie rude mais avaient le sens de l’harmonie et de la beauté, hélas perdu par un grand nombre de mes concitoyens qui entourent leurs maisons d’hideux murs en parpaings bruts !
Ce four « banal » est un modèle d’harmonie et sa «gueule» est comme un trou noir de l’univers qui ouvre sur les siècles passés. Aux oreilles de ceux qui savent les entendre résonnent les voix et les rires de ceux qui y ont allumé un feu.
Ici d’autres merveilles se révèlent, comme cet arbre dont la graine a poussé dans une anfractuosité de rocher et qui l’a ensuite au cours de sa croissance écartelé. Magnifique illustration de la prodigieuse puissance du végétal. Un jour nos orgueilleux gratte-ciels seront éventrés par des baobabs !
Cet autre arbre n’est pas moins impressionnant qui pousse quasiment au dessus du vide à l’horizontale.
Après une nouvelle grimpette nous parvenons sur un replat herbeux où subsistent les ruines d’un abri sommaire qui devaient servir aux bergers. Ils avaient comme compagnes la journée la nature et la nuit les étoiles, et n’avaient pas besoin de «like» sur face de Bouc pour se sentir exister !
Après avoir atteint le col de Peyre Azent à 905 mètres, nous abordons le sentier qui mène au sommet du Montahut. Nous passons en silence auprès d’une bergère assoupie contre un rocher dont la légende dit qu’elle y est depuis quelques siècles et que la mort l’a oubliée dans cet endroit isolé. Je me dis que lorsque je sentirai ma fin prochaine je viendrai m’asseoir à coté d’elle !
Nous attaquons le raidillon final avec dans notre dos le magnifique Roc d’Ourliades.
Nous arrivons enfin au sommet marqué par une borne géodésique, l’une des 80.000 installées en France qui ont permis l’établissement de la cartographie basée sur la triangulation.
Et maintenant je vous laisse admirer, barrant l’horizon, la magnifique chaine des Pyrénées enneigée. Nous eûmes l’immense privilège de l’avoir pour décor pendant notre pique-nique. Autant dire que nous étions les rois du monde, plus riches que Jeffe Bezos, Elon Musk et consort auxquels leurs montagnes de picaillons n’apporteront jamais un tel bonheur !
N’étant pas équipés pour y passer la nuit, nous quittons à regret notre coin de paradis.
En redescendant nous faisons face à l’impressionnant versant occidental du Caroux qui offre aux amateurs – dont je ne suis pas – de superbes voies d’escalade !
Nous avons le bonheur de croiser un ours, fort débonnaire au demeurant, qui nous dit avoir trouver refuge ici pour fuir les «nemrods» pyrénéens qui n’acceptent pas leur présence (voir ma dernière note sur mon blog Palabres).
Le sentier du retour passe à proximité du torrent de la Roque dont l’eau fraîche nous invite à nous y délasser.
Il s’avère que l’eau est plus que fraîche et vraiment revigorante et en quelques minutes toute la fatigue du jour est effacée ! Nous en sortons plus vite que nous y sommes entrés !
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Texte & Photos Ulysse
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