L'oranger de Pomérols (Conte de Noël)
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Nous sommes en janvier 1908, au lendemain de la crise viticole qui a conduit aux tragiques évènements de 1907 et laissé l'économie du Languedoc exsangue. Victor Rambier, suivant l'exemple de nombreux jeunes gens de la région, après quelques jours de réflexion et d'hésitation, quitte son village de Pomérols et prend la route un matin, espérant trouver bonne fortune ailleurs. Après quelques heures de marche, il se retrouve sur le port de Sète où il s'engage comme matelot sur un cargo en partance pour Alger. Les années passent sans que sa famille n'ait aucune nouvelle.
photo pixabay elbasrikhadija
Sa famille craint de ne jamais le revoir quand, au soir du 23 décembre 1912, alors que les parents de Victor s'apprêtent à dîner, on frappe à la porte. Dans la pénombre qui règne dehors, la mère ne reconnaît pas de suite son fils mais l'homme qui est dehors lui ouvre les bras et elle est soudain saisie d'une joie indicible. «C'est Victor!» crie-t-elle. Victor se retrouve vite entraîné à l'intérieur, débarrassé de son sac et de son manteau, enlacé par son père et sa mère puis, après que l'émotion des retrouvailles soit retombée, harcelé de questions. Il raconte sa vie en Algérie où il a trouvé du travail comme mécanicien agricole. Ayant économisé un bon pécule, il a décidé de revenir au pays avec l'intention de créer son propre garage dans la région.
«On va fêter dignement ton retour» dit le Père, «nous allons réunir toute la famille pour le réveillon de Noël». Lui adressant un grand sourire et soulevant son énorme sac, Victor lui rétorque alors «c'est une excellente idée, d'autant que je vais pouvoir jouer au Père Noël». Le soir de Noêl, la famille de Victor est donc rassemblée chez ses parents. Il y a là, la grand mère maternelle (ses autres grands parents étant décédés), son oncle et ses deux tantes, ses deux soeurs et leurs maris et leurs quatre enfants. Victor est enlacé, embrassé, harcelé de questions tant et si bien que dix heures sonnent sans qu'ils aient commencé à dîner.
La mère de Victor, entendant la cloche de l'église se lève soudain et s'écrie « Mon dieu, j'ai oublié ma dinde dans le four, elle va être brûlée ». C'est le signal de ralliement autour de la table. La dinde fort heureusement se révèle exquise et le reste du repas aussi. Quand le dessert arrive et que le père de Victor met sur la table des bouteilles de Blanquette de Limoux, bien meilleure selon lui que le meilleur des Champagnes. Victor se lève alors et dit à la cantonnade «je vous ai ramené quelques présents d'Algérie».
Les enfants se mettent à crier et si les adultes ne manifestent pas leur exitation, leurs yeux parlent pour eux. Victor fait un peu de place sur la table pour y poser son sac et distribue les présents qu'il a rapportés. Les femmes reçoivent ainsi de superbes djellabas et les hommes des babouches en cuir ornées d'arabesques. Aux enfants Victor a ramené des poupées arabes pour les trois filles et un superbe couteau pour le garçon.
Une fois ces cadeaux distribués, il reste sur la table un récipient mystérieux en bois ajouré de 40 centimètres de haut sur 20 de large. Intrigués les membres de la famille regardent Victor. «Et cette boite qui reste, c'est pour qui ?» demande alors le garçon, lançant la question que personne n'osait poser .
"Ah ça" dit Victor "C'est le plus beau cadeau que l'on puisse faire, un présent digne des mille et une nuits, et je le réserve à ma mère et mon père : c'est un arbre magique qui, à la saison de Noêl, se pare lui même de magnifiques boules d'or et dont la beauté surpasse tous les sapins de Noël". «Comment cela se peut-il ?» s'écrient en choeur les membres de sa famille «montre nous vite cette merveille!». Victor ouvre alors la boite et en sort fièrement un minuscule arbrisseau dans un pot de terre. « Quoi, c'est ça ta merveille !» s'esclaffent en riant ses soeurs! Ses parents, à qui le cadeau est destiné, et les autres membres de la famille n'osent quant à eux rien dire, mais ils sont un peu étonnés de l'apparence dérisoire de ce cadeau dont Victor fait si grand cas. Victor, qui à vrai dire s'attendait à la réaction de ses soeurs, ne se laisse pas démonter «Riez, riez mes chères soeurs, Ignorantes que vous êtes ! il s'agit d'un oranger et vous verrez que d'ici quelques années sa parure d'oranges vous émerveillera ! »
De fait, après quelques années l'oranger prospéra et se couvrit d'oranges à chaque Noël, faisant l'admiration de la famille et la régalant de ses fruits. Un siècle après, il est toujours vaillant et constitue l'un des joyaux de Pomerols, pittoresque village de l'Hérault.
NB: Cet arbre existe réellement à Pomérols et je remercie ses propriétaires de m'avoir autorisé à le photographier et à publier les photos;
Moi, ci-devant, marquis des Bourdils,
Grand-Chambellan du Roi du Caroux,
chevalier de l'Ordre du Ti' Punch et des oeufs au plat cramés,
vous souhaite un joyeux noël
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Texte & Photos Ulysse