La jeune fille qui murmurait à l'oreille des chevaux...
En raison du confinement je redonne vie à d'anciens articles
Hello, c’est nous, Léo et Louna, nous vous invitons à passer une journée et une nuit en notre compagnie au refuge des Bourdils réservé par notre Papi et son ami Gibus pour nous initier aux joies de la vie en montagne. Cela promet d’être pittoresque car c’est un endroit où il n’y a ni eau courante, ni électricité et les toilettes sont à 100 mètres dans les bois ! Pour des petits parisiens comme nous, c’est le retour au moyen âge !
Cela dit le refuge est situé dans un lieu magnifique, à 1000 mètres d’altitude, en plein massif de l’Espinousse dans le Haut Languedoc, ce qui nous change des bois de Boulogne ou de Vincennes, soi disants "poumons verts" de la capitale mais qui sont bien enfumés !
Après avoir déposé nos sacs dans le refuge, nous partons faire une première randonnée vers le Montahut. Je guide le groupe avec l’aide de Gibus pour développer mon sens de l’orientation. Il serait temps car à la rentrée je vais devoir aller seule au collège et mes parents, vu que je suis un brin rêveuse et étourdie, ont peur de ne pas me voir revenir !
Les montagnes du Languedoc sont bien plus sauvages que celles que l'on voit sur les affiches du métro parisien qui nous vantent les mérites de Courchevel ou de Megève, qui sont devenues des annexes des Champs Elysées !
On y voit même des aigles qui restent posés sereinement sur leurs aires sans s’inquiéter de notre présence !
Nous voilà au sommet du Montahut. Aucune autre montagne ne le dépasse à l’horizon et nous avons le sentiment de marcher sur le toit du monde. Quelle expérience enivrante ! Et ici l'air a une pureté que n'a pas celui du métro parisien !
Redescendant du Montahut je trouve un cœur perdu, étant un peu jeune pour m’engager, je laisse ses coordonnées GPS au cas où une âme solitaire serait intéressée : 48°51'28.99" N et 2°17'39.44 E !
La jeunesse fait rêver les adultes qui en ont la nostalgie mais je peux vous dire que c’est un handicap sur certains des chemins qu’empruntent Gibus et Papi. J'ai bien du mal à ne pas les perdre de vue !
Nous voilà enfin en terrain découvert et mon frère Léo met un point d’honneur à suivre le rythme des "anciens". Dans quelques années ce sont eux qui seront derrière ! (ce qui s'est vérifié depuis !!!)
Nous croisons un troupeau de chevaux à demi sauvages. Je m’approche d’eux avec douceur et un peu impressionnée et je les contemple quelques instants en silence. Avec les humains, même inconnus, je suis d’un naturel beaucoup plus volubile !
Puis je fais part à un bel étalon noir de mon admiration. Etonnée je l’entends me répondre que l'un de ses ancêtres participa à la marche d'Hannibal vers Rome d'où il s'échappa pour rejoindre les montagnes du Languedoc. Je lui dis que je ne crois pas trop à son histoire et il me répond en hennissant que c'est effectivement une blague. Je découvre ainsi que je peux parler avec les chevaux mais je ne suis pas sûre que dans le monde qui m’attend ça soit un atout professionnel !
L’étalon me laisse alors lui caresser le museau et me raconte le bonheur qu'il a à pouvoir gambader dans ces lieux paradisiaques.
Un superbe et impressionnant Alezan un peu jaloux s’approche alors de moi et réclame aussi sa part de caresses. J’acquiesce avec bonheur à sa requête. On dit que le cheval est la plus belle conquête de l'homme, mais moi petite fille j’ai fait la conquête de deux chevaux et je n'en suis pas peu fière !
Revenus au refuge, vient le moment redouté de la toilette. Comme il faut aller chercher l’eau à la source et qu’elle est aussi froide que celle qui sort d’un frigidaire je me contente de faire une toilette de chat.
En attendant l'heure du dîner, les adultes nous initient à un drôle de jeu qu'ils appellent la "pétanque" dont le but est de se rapprocher le plus possible d'une petite boule - appelée le "cochonnet" - avec des grosses boules. Quand je pense qu'ils n'arrêtent pas de me tarabuster pour que je ne joue pas avec des jeux électroniques qu'ils jugent idiots, je trouve ça un peu fort de chocolat !
L'heure du dîner étant enfin arrivée, à la grande stupeur de nos parents Léo et moi nous précipitons pour mettre la table (évènement rarissime à la maison ) et surtout préparer les bougies qui seront, la nuit venue, notre seul éclairage. La fascination de l’homme pour le feu qui vient du fond des âges survit intacte dans le cœur de chaque enfant.
Puis Gibus aidé de Léo commencent à préparer la fondue savoyarde. On a beau être revenus cent ans en arrière, ce n’est pas pour autant que les femmes sont condamnées à faire la cuisine! C’est d’ailleurs aussi bien car Gibus est vraiment le roi de la fondue !
Pendant que les hommes débouchent les bouteilles de vin de Seyssel - ce qui vu le nombre demande un certain temps - j'accepte de prendre la relève sur les fourneaux.
Vient alors l’heure magique du repas pris à la clarté mouvante des chandelles. L’univers se réduit à une bulle de lumière orange où nos voix sont plus présentes que nos visages conférant à nos propos une densité inhabituelle et créant une ambiance de mystère. La fée électricité ne serait-elle pas finalement une sorcière qui nous aurait jeté un sort avec ses télés et ses jeux électroniques qui nous hypnotisent et nous font perdre le sens du dialogue et de la fraternité?
Les «anciens» évoquent alors la fragilité de notre monde moderne qu’une immense panne électrique ou des séismes terribles mettraient à l'arrêt* et estiment qu'un jour nous pourrions être obligés à revenir à des conditions de vie plus simples et frugales. Je me mets alors à rêver d'un monde ou j'irais faire mes courses à cheval !
* Nos propos étaient prémonitoires car c'est un peu le cas aujourd'hui avec le Covid19!
Un peu fatiguée par cette longue journée, je commence à m’endormir sur l’épaule de ma Mamie. Je donne ainsi le signal de l’extinction des bougies. Ce qui est sympathique dans ce mode de vie à l’ancienne c’est que les grands n’ont plus de privilège, ils se couchent à la même heure que les petits !
PS : Le titre de cette note est inspiré du magnifique film de Robert Redford « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux »
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Je salue le dévouement et le courage de celles et ceux qui prennent en charge et soignent les malades du Covid19 ainsi que de celles et ceux qui assurent les fonctions économiques essentielles qui nous permettent de continuer à vivre.
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Texte & Photos Ulysse