Les chevaux du Caroux....
Chers lectrices et lecteurs, je veux vous dire aujourd’hui combien j’apprécie vos visites et vos commentaires sur mes récits de randonnées qui font écho aux émotions que j’ai ressenties à les faire et en prolongent le plaisir. Pour vous remercier, je vais poster de nouveau une randonnée mémorable que j'ai faite il y a quelques années en solitaire un jour d'hiver sur le Caroux. Mémorable, cette randonnée l'est à plusieurs titres : d'une part il avait neigé sur le Caroux et surtout il y avait, alors, une harde de chevaux à demi sauvages que j'ai pu photographier.
Partons donc à la rencontre de ces chevaux aux alentours de la jasse d’Alingri (ancienne bergerie) où ils paissent au milieu d’une ginestière, dont les fibres servaient autrefois à fabriquer le «grisaoudo», genre de grande cape que portaient alors les bergers, mais dont le seul attrait aujourd’hui est de couvrir d’or les montagnes du Haut Languedoc lors de leur floraison en mai.
Sous le piétinement des chevaux, la neige a partiellement fondu faisant apparaître de maigres et rares touffes d’herbes rases et gelées dont ils se nourrissent. De temps en temps, pour se réchauffer ils se lancent dans une brève cavalcade, magnifique ballet plein d’énergie et de grâce, dont on comprend qu’il ait fasciné l’homme depuis la nuit des temps, comme en témoignent les peintures rupestres des grottes de Lascaux ou de Chauvet.
Mais les chevaux se sont rendu compte de ma présence et me regardent intrigués, espérant peut être que je viens leur apporter de quoi améliorer leur chiche pitance. Ces nobles animaux, plus généreux et intelligents que certains bipèdes, ne semblent pas faire cas de la couleur de leur pelage et vivent, blancs, noirs ou alezans, en parfaite harmonie. Certains arborent des crinières dont je dois avouer que je suis un peu jaloux. L’hiver est certes une saison rude pour eux mais qui présente l’énorme avantage d’être exempte de mouches et ça, pour un quadrupède qui n’a que sa queue pour les chasser, c’est un énorme avantage !
Constatant que j’ai les mains vides, les chevaux reprennent le cours de leur «déjeuner» sauf une pouliche, plus effrontée que les autres, qui s’approche de moi en semblant me dire «Tu n'as vraiment rien dans ton gros sac à dos qui ferait mon affaire?». Flatté d’avoir attiré son attention, je me dis que je pourrais bien faire le sacrifice d’une partie de mon sandwich, mais je crains de provoquer une ruée sur ma frêle personne et de me retrouver le cul dans la neige avec une quinzaine de chevaux faisant assaut d’affection, perspective qui ne me réjouit guère, même s’il y a dans le lot de jolies pouliches. Et puis de toute façon ce n’est pas un quignon de pain qui changera son existence à laquelle, au demeurant, elle semble fort bien adaptée. Je me contente de lui caresser le museau, ce qu’elle semble apprécier, mais elle retourne très vite à sa préoccupation première qui est de se sustenter ! Comme les humains les animaux ne peuvent pas vivre que d’amour et d’eau fraîche !
Je reste alors tranquillement à les admirer, leurs "robes" – vêtement unisexe chez cet animal - contrastant avec le vert intense des genêts. Conscientes de mon admiration, les juments du groupe se prêtent au jeu et défilent devant moi comme des mannequins, sauf que ces belles équidées ont sacrément plus de grâce et de beauté que les sacs d’os aux minois sinistres, empaquetés dans du Cardin ou du Dior, que l’on voit aux défilés de mode.
La reine de la horde est sans conteste cette magnifique jument rousse à la crinière blonde qui arbore un foulard rouge, offert sans doute par un admirateur.
Elle se campe devant moi semblant me dire «Tu n’as pas envie de faire le tour du Caroux, ça me réchaufferait». Je regrette amèrement de ne pas avoir appris à grimper à cheval car j’aurais volontiers fugué avec elle!
Mais soudain, j’aperçois de gros nuages qui déboulent en face de la montagne d’Aret poussés par la Tramontane et je m’empresse de relever le col de ma parka car je sais le sort qui m’attend pour l’avoir vécu plusieurs fois.
En quelques minutes, je suis immergé dans un brouillard glacial et il n’est pas question que j'aille me réfugier dans la jasse pour y pique-niquer vu l’état de sa toiture. Je décide d’aller m’abriter dans le refuge de Fontsalès à une demi-heure de la pour y casser la croûte auprès d’un bon feu de cheminée. J’abandonne donc quelques instants mes compagnons à leur funeste sort, dont au demeurant ils ne semblent pas se soucier. Je ne regrette pas de ne pas avoir fugué avec la jolie jument rousse !
Rassasié et réchauffé, je retourne les voir et les trouve au même endroit, continuant placidement à brouter des herbes glacées qui sont, peut être, finalement pour eux une friandise comme le sont pour nous les sorbets !
Mon retour parmi eux ne passe pas inaperçu et je sens dans leur regard de l'intérêt pour le bipède que je suis et qui ose affronter les intempéries hivernales du Caroux pour venir les admirer.
Mais la Tramontane redouble de violence et mes amis quadrupèdes courent se mettre à l’abri des rares arbres qui ornent le plateau. Malgré ces conditions climatiques difficiles, leur sort est malgré tout plus enviable que ceux qui ont péri lors de la re traite de Russie ou dans les eaux glacées du lac Ladoga.
Je reste encore quelques instants à admirer ces magnifiques créatures qui font face avec bravoure aux éléments. Me vient alors aux lèvres cette émouvante chanson de Georges Brassens «Le petit cheval blanc » que je vous offre chantée en duo avec Nana Mouskouri en guise de bonus à mon cadeau de fin d'année.
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Texte & Photos Ulysse
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