Périple en Lozère - 3 - de St Laurent de Trèves à St Julien d’Arpaon
Notons, avant de démarrer notre périple, que son point de départ et son terme portent des noms de Saints ce qui témoigne du passé chrétien de notre pays. Outre de nombreux toponymes, cette religion nous a laissé en héritage la célébration du vin, de nombreux monuments remarquables et un message fraternel que certains de ses représentants et adeptes ont, hélas, bien mal appliqué au cours des siècles passés. A cet égard, la route de la corniche des Cévennes, que nous allons emprunter, a été aménagée au début du 18e siècle pour permettre le passage des armées du roi scélérat Louis XIV dans les Cévennes pour aller exterminer les camisards protestants. Ainsi des chrétiens se réclamant du même dieu miséricordieux se sont étripés pendant deux siècles dans notre pays pour des questions de dogme! Mais oublions ces méfaits et étudions le paysage qui nous fait face et parlons un peu de géologie. Les falaises du haut sont des dolomies du début du Jurassique moyen ( - 190 millions d’années) qu'occupait une lagune où vivaient des «grallators», bipèdes d'environ 4 m de haut.
Sur le sol de la falaise où nous sommes perchés on a découvert quelques empreintes de ces grosses bestioles qu'il valait mieux ne pas croiser car c'étaient de redoutables carnivores.
Nous avons mis un peu de temps pour les repérer mais on en voit une, caractérisée par les trois doigts en éventail du pied de l’animal, juste au milieu de la photo.
Ces grallators ne jouissaient pas du même paysage vu qu’ils évoluaient dans une lagune mais, de toute façon, je doute qu’ils aient été sensibles à la beauté de leur environnement vu leurs moeurs au moins aussi sanguinaires que celles des dragons du roi scélérat !
N’étant ni grallator ni dragon, nous jouissons par contre de la munificence du paysage où la marmelade de nuages qui envahit le ciel aurait ravit John Constable le peintre «météorologue».
Soudain, nous nous inquiétons en apercevant au loin ce qui semble être un volcan en éruption, mais ce n’est qu’un tourbillon de nuages qui s’est accroché à un sommet environnant.
Un paysage d’une palette infinie de couleurs s’étend devant nos yeux émerveillés du fait de l’extrême diversité de la végétation où s’entremêlent prairies, champs de bruyères, chaumes, forêts de différentes essences et où le défilé de nuages crée un ballet incessant d’ombres et de lumières.
Nous avions rarement vu des nuages aussi denses, aussi déchiquetés, aussi variés dans leurs couleurs et ayant la même consistance que le monde terrestre en dessous.
Etonnante est cette longue et sinueuse langue de terre où est cultivé du foin, tracée dans ce paysage sauvage par le travail de nombreuses générations de paysans. Aucune autre activité sur terre ne relie ainsi des générations entre elles à travers la chaine du temps.
Que de labeur représente également le tracé de la route qui zigzague dans ce paysage montueux. Quand l’humanité se sera éteinte - ce qui ne saurait tarder - ces infimes traces de sa présence seront vite gommées de la surface de la Terre.
Au passage, nous nous arrêtons à l’étonnante chapelle de Molezon où un porche gothique a été construit devant le portail roman.
A l’intérieur trône une sculpture «moderne» dont la signification m’échappe. Je préfère de beaucoup les beautés nues (de préférence féminines) de l’art grec et romain que ce personnage énigmatique « voilé ».
Nous arrivons au village de Barre des Cévennes qui commande l’accès aux routes qui pénètrent dans les Cévennes et fut donc un centre se surveillance important pendant la guerre des camisards
La commune a aménagé un circuit de randonnée partant du village qui grimpe sur le mont Castelas qui le domine d’où la vue est somptueuse.
Les paysans du lieu ne sont certainement pas adhérents à la FNSEA vu qu’ils ont intelligemment maintenu de nombreux bosquets et haies d’arbres entre leurs parcelles cultivées, qui permettent ainsi de limiter l’érosion et d’abriter une riche biodiversité.
Nous parvenons sur le sommet du Castelas qui domine le village à 1015m d’altitude.
Là aussi, nous jouissons d’un vaste panorama sur des étendues montueuses et bariolées où les humains ont brodé des prairies sur les pentes les moins prononcées.
On retrouve les dolomies déjà vues le matin que l’érosion a sculptées.
Une graine de pin, apportée par le vent ou un oiseau, a malencontreusement germé dans une anfractuosité de cette muraille de pierre. Il aimerait sans doute pouvoir quitter son perchoir pour trouver une terre plus nourricière.
Nous sommes sur la ligne de partage des eaux, celles qui dévalent sur le versant Nord, à gauche, vont vers l’Atlantique et celles du versant sud, à droite, vers la Méditerranée.
Nous terminons notre périple par la visite des ruines du château Montcalm à St Julien D’Arpaon édifié au XIIIème siècle et démantelé au XVIIème pour servir de carrière de pierres pour la construction du village. Notons au passage que jusqu’à l’invention du béton les humains ont constamment recyclé les pierres de leurs constructions. Ainsi la Narbonne romaine qui fut considéré comme la Rome gauloise a été démantelée au moyen âge pour édifier la ville actuelle.
Ce château avait la particularité rarissime d’avoir un pigeonnier aménagé dans l’une de ses murailles.
Revenus à notre hôtel La Lozérette, havre de tranquillité et étape gastronomique, nous prenons un rafraîchissement bercé par une douce musique.
A suivre….
POESIMAGE
Jours gris,
Jours blancs,
Nuées orageuses.
Forte pluie,
Grand vent,
Vagues monstrueuses.
La peur,
Le froid,
Gouffres amers.
Le bonheur,
Parfois,
Par grand ciel clair.
Fourbus,
Fouettés,
Par les embruns,
Têtus,
Rablés,
Rudes marins.
Vies fragiles,
Au bout d'un fil,
Un trait dans l'eau.
Blanc sillage,
Qu'un naufrage,
Peut rompre bientôt.
Nuit noire,
Prendre le quart,
Ensommeillé,
Les étoiles,
Au ciel s'installent,
L'heure de rêver.
Là bas à terre,
Amours amères,
En pointillés,
De vague en vague,
Vies qui divaguent
Dématées
Terre en vue,
Ombre ténue,
Derniers efforts,
Ballet de mouettes
Qui font la quête
Retour au port !
Je vous invite à écouter ma chanson "Petite..."
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre de ce blog)
TEXTE, POÈME & PHOTOS ULYSSE
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