Rendons visite à Andre Debru génial ferronnier d’art
Connaissez vous le village des Costes-Gozons situé au cœur de l’Aveyron à 15 kilomètres environ au nord ouest de St-Affrique? Probablement pas! Et bien je vais vous donner une excellente raison d’aller un jour le visiter car c’est là qu’a élu domicile André Debru, l’artiste le plus étonnant qu’il m’ait été donné de rencontrer. Cette rencontre s’est faite, au demeurant, de façon fortuite alors que nous étions en vadrouille dans ce beau département avec l’ami Gibus et Cie. Arrivant à l’entrée du susdit village nous y croisons un cavalier de fière allure auquel nous demandons la direction pour nous rendre au cimetière wisigothique du Sabel, lieu dont je vous recommande également la visite.
Le cavalier nous renseigne fort aimablement d’une voix ferrailleuse en ajoutant que nous devrions aussi visiter l’atelier du forgeron et ferronnier d’art André Debru, chez qui il vient de faire ferrer son cheval et qui se trouve à cinq cent mètres de là.
Sur ces mots le cavalier reprend son chemin dans un grand bruit de cliquetis, nous laissant admiratif devant la santé de fer qu’il affiche malgré son âge probablement vénérable et ses articulations un brin rouillées. Mais les nôtres le sont aussi alors que nous ne sommes moins vieux que lui.
Nous trouvons très vite l’antre de l’artiste signalée par un faux radar qui invite les «cabourds» - mot qui vient de l’occitan cap-bord qui veut dire idiot - à ralentir. Ce signal est de bonne augure car il montre que notre homme a de l’humour. Et à vrai dire il en a le bougre comme nous allons le voir en allant à sa rencontre.
Déjà les quelques personnages qui sont disséminés sur le terre-plein où est installé le hangar dans lequel il œuvre révèlent un talent iconoclaste. Par chance l’atelier est ouvert et nous nous dirigeons donc vers l’entrée, impatients de faire la connaissance de cet étonnant artiste.
Un singe qui se martèle la tête nous confirme que son géniteur pratique l’auto dérision, ce qui est rare chez les artistes contemporains dont la plupart se prennent pour des génies incompris mais qui sont plus des "pique-assiettes" que des "Picasso".
Un chien aux mâchoires d’acier garde l’entrée du hangar-atelier et bien qu’il ait un air débonnaire nous sommes plutôt rassurés qu’il soit attaché.
André Debru nous accueille avec cordialité et s’empresse de nous montrer la maquette de l’énorme jambon sur lequel il est en train de travailler. Cette oeuvre lui a été commandée par la confrérie des charcutiers de Lacaune – justement réputée pour ses produits - afin d’orner le rond point situé à l’entrée (ou à la sortie comme vous voulez) de la ville. Il a été installé depuis comme vous pouvez le découvrir ICI.
Cette œuvre monumentale est une prouesse technique. Elle est constituée pour l’essentiel, comme toutes les œuvres d’André Debru, de pièces métalliques provenant d’anciennes machines agricoles ainsi que tous les objets en fer qu’il peut récupérer. L’arrière grand père, le grand père et le père d’André Debru étaient maréchal-ferrand et lui même a été forgeron et réparateur de machines agricoles ce qui a déterminé sa vocation et lui a permis de constituer un gisement de pièces en fer dans lequel il puise pour créer ses œuvres.
L’humour pince sans rire dont il fait preuve s’exprime notamment dans cette sculpture féminine qui ne manque pas de piquant .
Un grand nombre de ses œuvres ornent les villes de la région comme celle, célèbre, du «berger et de ses brebis» installée sur l’un des rond-points à l’entrée de Roquefort. Mais sur le terrain qui jouxte son hangar on découvre un grand nombre d’œuvres plus étonnantes les unes que les autres, surtout quand on observe dans le détail les objets hétéroclites dont elles sont constitués et qui ne nuisent en rien à leur beauté rustique.
On y croise ainsi des héros familiers d’un grand réalisme.
Qui nous confirment que cet homme là a du génie. C’est un peu le Léonard de Vinci de la ferraille !
Le plus extraordinaire est la justesse des proportions et de la gestuelle des personnages, alors qu’ils sont constitués de pièces métalliques rigides et hétéroclites.
N’est-il pas impressionnant ce bœuf qui vous fixe de son œil rond! On se surprend à faire marche arrière en voyant la longueur de ses cornes
De même s’attend-t-on à ce que cet éléphant, qui sert involontairement de perchoir à deux échassiers, barrisse pour les faire fuir.
On reste également à bonne distance de ce tyrannosaure-rex qui, fort heureusement, ne regarde pas dans notre direction
Il doit plutôt avoir des vues sur cette girafe qui reste sur ses gardes prête à décamper.
Le prix de l’élégance revient sans conteste à cette danseuse condamnée à faire des pointes jusqu’à ce que la rouille ait eu raison de ses articulations !
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Chères lectrices et lecteurs qui connaissez les talents de grimpeur de mon ami Gibus sachez que sa plume est aussi alerte que ses gambettes et je suis heureux de vous annoncer la publication de son premier roman " De l'eau aux sables" qui vous emmènera dans une aventure palpitante jusqu'au Sud marocain.
Vous pouvez vous le procurer sur ce SITE
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Texte & Photos Ulysse
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