Eldorad-Oc

Le port Tudy, où autrefois de nombreux thoniers jetaient l’ancre, n’abrite plus aujourd’hui que quelques petits bateaux de pêche côtière, nostalgiques témoins du déclin inéluctable de cette activité.

Car nombreux autrefois étaient ceux qui vivaient de la manne généreuse des océans, mais la pêche industrielle et la pollution les ont quasiment vidés. Le plus scandaleux dans cette affaire est que le parlement européen, au lieu de prendre des mesures de protection des réserves halieutiques, comme le recommandent les scientifiques, vient d’approuver des subventions de six milliards d’euros pour aider les pêcheurs industriels à acheter des bateaux plus rapides et plus performants pour faire face à la réduction de leurs prises. Nos gouvernants ont beau faire des déclarations tonitruantes pour la protection du climat et de  la biodiversité, on se rend bien compte que tout ceci n’est que du pipeau et que ce sont les lobbies qui imposent leur loi mercantile.

Mais arpentons la lande qui domine le Trou de l’Enfer pour s’emplir l’âme de cette immensité qui nous rassérène en dissolvant nos colères dans sa beauté immuable et sereine.

Le Trou de l’Enfer est une faille dans la côte rocheuse où s’engouffre en rugissant l’océan. Et il a raison d’être en colère, car ce lieu fut souillé par la marée noire causée par l’Erika et la faille dut être nettoyée par des hommes en rappel.

C’est un spectacle sans cesse renouvelé que nous offre l’océan dont les eaux changent à tout instant de couleur sous le ballet incessant des nuages.  Heureuse la mouette dont la vie se passe à contempler ce spectacle !

Nous nous dirigeons vers Port Melite et empruntons le sentier côtier au bord duquel nous découvrons bientôt un superbe menhir dans lequel le squelette d’une femme a été trouvé. Je suis admiratif de l’énergie déployée par ses bâtisseurs, dont la vie était difficile et précaire, pour assurer à l’âme de leurs défunts la survie dans l’au delà.  Pour nos ancêtres la puissance divine se manifestait sans cesse : au lever et au coucher du soleil et de la lune, par les éclairs et le tonnerre, par les tremblements de terre, par le mystère de la naissance et de la mort.

Nous arrivons en vue de la superbe plage des « Grands Sables », une étendue  de sable dont la blancheur exceptionnelle vient du mica mêlé au quartz dont il est constitué .

Cette plage présente la particularité d’être convexe et mouvante sous l’effet des courants qui animent l’océan à cet endroit. Ainsi change-t-elle chaque année de configuration.

D’ailleurs ces courants ont possé sur la plage cette pauvre méduse qui prend un bain de soleil dont elle se serait bien passée et qui lui sera fatal.

Nous poursuivons notre balade le long du sentier côtier allant de crique en crique, vierges de toute édification et présence humaine et qui offrent une palette de couleurs d’une intensité exceptionnelle.

Cette palette est à son apogée à la plage des « Sables Rouges » dont la couleur vient des grains de grenat qu’ils contiennent.

Poussant un peu plus avant, nous apercevons le phare de la Pointe des Chats dont le nom n’a rien à voir avec cet animal mais viendrait d’un mot breton « eskatr ». Ce mot signifie « récifs », effectivement présents en ce lieu, et  la prononciation en a été déformée avec le temps.

Les abords de l’île sont effectivement dangereux à cet endroit, le fond de l’océan étant hérissé de pointes rocheuses qui éventreraient vite fait tout bateau qui s’y risquerait.

Mais aux promeneurs pédestres que nous sommes l’océan offre aujourd’hui un aspect serein qui nous invite à nous plonger dans ses eaux limpides et rafraîchissantes.

En contemplant cet océan placide me vient en mémoire ce superbe poème de Victor Hugo « Oceano nox » qui nous met en garde contre ses colères :

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfoui ?

.....

La suite du poème ICI

Mais ce premier jour dans l’île de Groix s’achève et nous rentrons au port de Tudy lieu de notre hébergement.

Bien évidemment nous ne perdons pas une « miette » du coucher du soleil  qui irradie le ciel et déverse l’or sans l’eau du port. Je suis toujours ému par ce spectacle comme l’étaient surement les bâtisseurs de mégalithes. Mais à la différence de mes lointains ancêtres, je sais que demain il sera de nouveau là alors qu’ils n’en n’en étaient pas tout à fait sûrs !

A suivre…..

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 Après cette balade maritime, je vous invite à aller sur mon blog musical 

 Canta-la-Vida   

pour écouter  ma dernière chanson " Je hais la douceur des îles"

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 Texte & Photos Ulysse