A l'assaut de l'Hortus et de son château !
Le face à face de l’Hortus (à gauche) et du Pic Saint Loup (à droite) est l’un des paysages emblématiques de l’Hérault. Bien que proches l’une de l’autre, ces deux modestes montagnes n’ont pas la même origine. Le Pic Saint Loup est né du plissement de ses roches à la verticale lors de la surrection des Pyrénées il y a 40 millions d’années alors que l’Hortus a été créé dix millions d'années après par l’effondrement d’une partie du causse dont il faisait partie, dégageant la falaise que l’on aperçoit.
Ces deux montagnes sont le lieu de superbes randonnées et en ce matin de fin avril nous allons faire l’ascension de plus petite des deux (512m contre 658m) non pas que nous manquions d’énergie mais parce qu’à mon avis c’est la plus belle - et pourtant la moins fréquentée - des deux. Elle possède, en outre, un trésor méconnu, le château de Viviourès (ou de la Roquette), aussi beau à mes yeux que les châteaux cathares!
Elle comporte également un autre lieu qui mérite une visite, une grotte qui a servi de refuge aux hommes de Néanderthal il y a entre 60 000 et 30 000 ans, située au bord d’une étroite vire qui longe la falaise et sur laquelle il vaut mieux éviter de grimper les jours de grand vent.
On comprend que nos lointains ancêtres aient choisi cette grotte pour s’y abriter car son accès difficile les protégeait d’éventuels agresseurs humains ou animaux.
Aujourd’hui elle est fermée par une grille afin de ne pas déranger les chauve-souris d’une espèce rare qui y vivent. Les fouilles qui y ont été menées ont donné des informations sur le climat, la faune et la flore contemporains des hommes qui ont laissé sur le site de nombreuses pointes, lames et racloirs ainsi que des ossements. Après cette première occupation, le site semble avoir été abandonné jusqu’au néolithique où l’on retrouve les traces d'une nouvelle occupation jusqu’à l’âge du bronze final (- 1400). Il faut dire que la période glaciaire qui a sévi dans cette région entre - 40.000 et -15.000 ans a dû la rendre inaccessible.
De la vire on découvre la partie Est du Pic Saint Loup à l’extrémité de laquelle sont perchées les ruines du château de Montferrand édifié au XIIème siècle sur une ancienne plateforme romaine.
Après être revenus sur la piste principale, nous poursuivons notre ascension sur un sentier qui gravit les éboulis de la falaise.
Sans trop d’efforts nous parvenons sur le plateau Est de la falaise où la vue s’étend jusqu’à la mer. `
Vers le nord, derrière une série d’ondulations qui ressemblent aux vagues d’un océan, on aperçoit la ligne ennuagée des Cévennes. C’est hélas là que s’arrêtent les pluies qui manquent cruellement à notre région en ce début de printemps. On peut craindre qu’à l’automne les tonneaux ne restent vides! Et si les tonneaux sont vides, nos verres le seront aussi, quelle tristesse !
Nous nous engageons sur le sentier qui longe le bord de la falaise jusqu’à son autre extrémité. Mieux vaut ici ne pas faire un pas de coté !
Nous surplombons un damier de vignes qui commencent à peine à verdir. Ce vignoble, dénommé Pic Saint-Loup, est l’un des plus renommés du Languedoc et je vous recommande en particulier les vins du Château de Valflaunès.
Ces falaises de calcaire sont idéales pour les amateurs d’escalade et ont été le théâtre des entrainements de générations d'alpinistes de la région qui y ont effectué quelques chefs-d'œuvres de l'escalade locale.
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Du point culminant, on découvre le Pic Saint Loup dont le nom a donné lieu à une légende «abracadabrandesque» faisant intervenir une princesse et de preux chevaliers dont l’un s’appelait Loup, ce qui prouve que les fake-news ne datent pas d’aujourd’hui! A cet égard, notons que «Hortus» veut dire jardin en occitan et il est vrai que le plateau de cette montagne est un jardin suspendu!
Parvenus à l’autre extrémité de la falaise, nous commençons à descendre sur son versant Nord.
Nous suivons avec vigilance, ce qui n’est pas toujours évident, les cairns qui évitent de s’égarer dans le vaste pierrier qui le recouvre.
Nous quittons ce sentier, pour nous engager dans le raidillon qui mène à la poterne d’entrée du château de Viviourès. Cet édifice est mentionné dès le 11ème siècle sous le nom de château de la Roquette (Castrum de Rocheta), il appartenait alors au comte de Melgueil qui possédait également le château de Montferrand en face. Devenu propriété de la famille de Lautrec, le château est bientôt abandonné et tombe en ruines au 16ème siècle. Son nom actuel viendrait d’une famille qui occupa un mas à côté de la forteresse jusqu’au 18ème siècle. Cette famille s’appelait “Bevieures” qui viendrait de l’occitan “bien viure” (lieu où il fait bon vivre).
Nous pénétrons dans une magnifique salle à ciel ouvert, ornée de magnifiques ouvertures. Des arbres y ont élu domicile où ils sont à l’abri des tempêtes tant que les murs resteront debout!
L’austérité des pierres est égayée par quelques audacieuses fleurettes!
Celles et ceux qui ont vécu ici devaient prendre grand plaisir à deviser assis sur ces coussièges réchauffés par le soleil avec vue sur le Pic Saint Loup.
Ayant regagné le sentier de descente, nous contournons le château pour rejoindre le versant sud d’où l’on découvre la position vertigineuse de ce château, qui fait frémir quand on pense à leurs bâtisseurs dont beaucoup ont dû y laisser leur vie. Les accidents du travail n’étaient guère une préoccupation pour les seigneurs à l’époque !
L’histoire ne dit pas s’il a fait l’objet d’un siège, mais on peut penser que les éventuels assaillants ont dû y réfléchir à deux fois avant d’envisager un assaut !
Ce château mérite l’appellation «citadelle du vertige» que l’on applique aux châteaux cathares, mais chut! n’en parlons pas trop, si l’on veut qu’il conserve sa relative confidentialité - et sa gratuité - qui ajoutent au charme de sa visite.
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Je vous invite à écouter ma chanson
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Sur mon blog Canta-la-Vida
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TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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