A l'assaut du cirque de Saint Paul des Fonts
Alors que certains humains écervelés rêvent de coloniser la planète Mars en contribuant, au demeurant, par leurs activités délétères à dévaster notre berceau céleste, mon but le plus cher est de baguenauder quelques heures chaque semaine au coeur de la nature sauvage qui s’étend à la portée de mes pieds. Aujourd’hui, nous allons explorer la partie du causse du Larzac perchée au dessus de l’impressionnant cirque de Saint Paul des Fonts.
D’aucuns seraient impressionnés par cette redoutable muraille qui semble, à première vue, infranchissable mais nous avons déjà relevé bien d’autres défis plus ardus encore et nous savons que là où il y a une volonté il y a un chemin !
Et nous trouvons effectivement un chemin tracé par les anciens qui passaient leurs journées à aller et venir à pied d’un village à l’autre, d’une vallée à l’autre pour acheter ou vendre ce dont il avait besoin ou pour aller cultiver un champ ou emmener paître leurs bêtes. On admire à juste titre les bâtisseurs des pyramides et autres monuments imposants mais ceux qui ont tracé et édifié ces milliers de kilomètres de sentiers à travers notre pays méritent aussi notre admiration. Sans leurs efforts et abnégation, nous passerions notre temps à faire le tour de nos pâtés de maison. Le sentier s’élève en zigzags sur le flanc ouest de la falaise et nous fait découvrir peu à peu la vallée verdoyante qui s’étale au pied du cirque.
D’abruptes tours rocheuses nous dominent dont on espère qu’elles hébergent quelques rapaces dont on aimerait voir le ballet dans le ciel. Hélas, comme l’ensemble de la faune sauvage exterminée par les pétaradants et bedonnants nemrods et les poisons déversés par l’agro-industrie soutenue par la F.N.S.E.A, la population d’oiseaux est en péril en France.
Je ne connais rien de plus gratifiant que découvrir à la force de mes mollets et au rythme des battements de mon coeur cette nature sauvage à l’acmé de sa beauté en ce début de mois de juin.
Les scientifiques découvrent que les animaux et végétaux sont plus sensibles que nous le pensions à leur environnement et qui nous dit que ces ombellifères qui se dressent au dessus du cirque n’apprécient pas aussi le paysage?
Nous arrivons sur le plateau du Larzac paradis des botanistes et notamment des orchidophiles qui trouvent ici une soixantaine d’orchidées sur une centaine qui croissent en France.
Beaucoup imaginent le Larzac comme un vaste espace de prairies pierreuses et arides mais les anciens ont pris la peine d’y tracer des chemins bordés d’arbres ou de buissières pour se protéger de l’ardent soleil estival.
A cette saison, on y croise de nombreux troupeaux de brebis (les moutons passent à la casserole) dont le lait sert à fabriquer le Roquefort, qualifié de roi des fromages par Diderot et d'Alembert, le Roquefort étant, au demeurant, la plus ancienne Appellation d'origine fromagère, obtenue en 1925. Une récente étude scientifique a découvert que manger du fromage contribuait au bonheur et à la longévité. Je suis d'avis que ces effets bénéfiques sont accentués si vous accompagnez ces fromages d'un bon nectar blanc ou rouge selon vos préférences, à consommer bien sûr avec modération! Je vous suggère d'essayer par exemple un bon Saint Nectaire avec un Saint Pourçain de chez Laurent, n'est ce pas Julie ! Notons au passage qu'en France les bonnes choses ont des noms de saint ce qui fait de la religion chrétienne une religion aimable même si, comme moi, on n'est pas croyant!
Nous longeons une prairie recouverte de rhinanthes à feuilles étroites dite aussi «crête de coq» dont la couleur illumine le paysage assombri par une épaisse couverture nuageuse.
Nous arrivons au hameau du Viala-du-Pas-de-Jaux dominé par l’impressionnante tour hospitalière de 30 m de haut appelée le phare du Larzac car, de son sommet, on jouit d’une vue panoramique sur la région. Avant la construction de cette tour les habitants du lieu, en cas de danger, devaient se rendre avec leurs biens et leurs troupeaux à Sainte Eulalie de Cernon située à une dizaine de kilomètres. En 1430, ils ont sollicité du Grand Prieur de Saint-Gilles, Bertrand d’Arpajon, l’autorisation d’élever cette imposante tour séparée, à l’origine, du logis déjà existant, pour pouvoir s'y réfugier en cas d'attaque.
Prenant le direction de l’Est, nous passons devant une superbe lavogne dont le niveau de l’eau en cette fin de printemps est inquiétante. En cas de sécheresse, nous humains pouvant boire du vin mais pas les bêtes!
D’élégants orchis ornent les pelouses pierreuses, l’élégance et la beauté jaillissant dans la nature là à chacun de nos pas.
De loin, nous croyons apercevoir avec étonnement un névé pour découvrir qu’il s’agit d'un champ de grandes marguerites. Nous avons là de quoi déclarer notre flamme à cette magnifique région: Larzac je t’aime un peu, beaucoup, passionnément…..
Un peu plus loin, la richesse botanique du causse étant infinie, nous longeons une prairie où les stipes pennées déploient leurs «cheveux d’ange».
Prenant un peu de hauteur, nous découvrons le causse qui déploie à l’infini ses prairies entourées de haies arbustives et ses mamelons recouverts de buissons de buis heureusement épargnés par la pyrale, fléau venu d’Asie et qui continue de sévir en d’autres lieux.
Nous bifurquons vers le Sud et un paysage s’ouvre alors à nous qui projette l’horizon à la limite de notre vison. Nous n’apercevons aucun humain ni habitation à des kilomètres à la ronde. En nous, s’éveille alors le sentiment que devaient éprouver les premiers homo sapiens découvrant peu à peu notre planète.
Privilégiés et heureux hommes nous sommes qui avons le bonheur de pouvoir écouler le temps de nos vies le long de ces sentiers paradisiaques. Chaque heure de notre existence est alors une heure de bonheur!
Que notre regard se porte à l’horizon ou au bout de nos pieds tout ici n’est que beauté….
Nous entamons la descente vers Saint Martin des Fonts qui est l'un des rares villages de l'Aveyron qui ressemble à un village de l'Hérault, c'est à dire qu'il gagne à être vu d’en haut !
Le sentier descend sur le flanc de la falaise qui est protégé de la froide et desséchante Tramontane et abrite une végétation sub-tropicale.
Par endroits des trouées dans la végétation ménagent de superbes vues sur le cirque rocheux.
Même si vous n’êtes pas marcheur, je vous invite à venir découvrir ce site grandiose qui recèle une richesse floristique remarquable où au XIXème siècle l’abbé Coste a mené des recherches sur la flore hexagonale qui lui a permis de rédiger son ouvrage « Flore de France». Un intéressant espace pédagogique lui est dédié dans l’ancien presbytère du village (Garez vous à la sortie du village en montant vers le cimetière)
Je vous invite à écouter ma chanson "Quitte moi !"sur mon blog
Canta-la-Vida
(lien dans la barre en en tête du blog)
PHOTOS ET TEXTE ULYSSE
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