A la découverte des volcans d'Auvergne - Fin - du lac de Guéry à Saint Nectaire
(Article provenant d'un ancien blog)
Nous quittons le lac de Guéry à la fraîche (de toute façon, il peut difficilement en être autrement un matin de juin en Auvergne). Ce lac doit son origine à une coulée de lave qui a barré le ruisseau de l'Enfer, créant ainsi, merveilleux paradoxe, un site paradisiaque. En hiver, quand le lac est gelé, on y pratique la «pêche au trou» comme le font les inuits : On creuse un trou dans la glace et on jette une ligne. Au demeurant, ce matin un courageux pêcheur nous a précédé, heureux homme qui va jouir quelques heures durant du somptueux spectacle du ballet de l'eau et de la lumière dans un cadre féérique. N'ayant ni les talents ni le temps de taquiner le goujon (le chemin est long et nous sommes attendus...), nous prenons la direction du Col de Guéry.
Nous arrivons bientôt au col d'où nous jouissons d'un panorama qui nous coupe le souffle (où peut être est ce la montée au col ?) On y voit, en effet, surgissant dans la vallée, à gauche la roche Tuilière, magma de colonnes de trachyte disposées en gerbes et qui représente la cheminée d'un volcan érodé. A droite, se dresse la roche Sanadoire gigantesque morceau du flanc d'un autre volcan également érodé.
Notre chemin prend parfois l'allure d'une course d'obstacles, mais il faut remercier les propriétaires qui permettent aux chemins de randonnée de traverser leurs propriétés et facilitent le franchissement des barrières.
Nous voici parvenus au bord du Lac de Servières, autre «maar» profond de 26m, auquel sa broderie de sapins donne un air canadien. Un sapin, né sur un îlot d'une graine transporté par le vent ou par un oiseau, est mort d'avoir trop bu d'eau. Sans doute n'a-t-il pas pu regagner la berge pour se mettre au sec faute de savoir nager...Buveurs d'eau, voyez ce qui vous attend...
Le soleil étant pour une fois généreux (Julie a raison, il peut faire beau en Auvergne) Gibus décide de faire trempette. Ayant attrapé un refroidissement au sommet du Puy de Sancy je m'abstiens et en profite pour sonder d'une oreille attentive la rive du Lac. Aucune rumeur ne se fait entendre. Les gaulois peuvent dormir tranquilles !
Nous étant remis en route, l'Auvergne nous plante alors un fabuleux décor : une douce colline, un champ de fleurs, un tapis d'estive, quelques arbrisseaux et deux ou trois nuages poussés par une brise légère; nous marchons d'un pas alerte: nous sommes au paradis !
Parlant de paradis, nous passons devant la basilique Notre Dame d'Orcival édifiée au XIIème siècle, L'harmonie et la perfection de ses formes sont un magnifique exemple de ce que la foi peut produire. Malheureusement elle conduit aussi parfois au pire !
Si l'homme a dressé vers le ciel des édifices qui sont à la fois des prières et des défis à Dieu, il s'est aussi bâti des demeures pour son confort et son plaisir, comme ce magnifique château de Cordes auprès duquel nous passons. Il a été édifié au XIIIème siècle mais modifié au XVème et XVIIème, époque à laquelle ses élégants jardins ont été tracés par le Nôtre.
Passant par Farges puis par Villejacques (nommé ainsi sans doute en raison de "jacqueries"), nous nous approchons au plus près de la chaine des Puys que domine le Puy de Dôme (1455m). La tour dont les hommes l'ont hélas affublé tente vainement de percer les nuages qui caracolent dans le ciel. C'est un fait acquis, il ne pleuvra pas aujourd'hui! Nous arrivons à Vareilles où nous sommes accueillis comme des rois par Michelle et Thierry Gaidier (04 73 65 87 91) qui ont aménagé de superbes gites et chambres d'hôte dans un cadre bucolique à souhait et qui élèvent des ânes pouvant vous accompagner en randonnée. Nous nous y sentons en bonne compagnie....
Le lendemain matin nous prenons la direction de Recoleine. Avant que nous n'arrivions au pied des puy de Lassolas et de la Vache - dont nous devons faire l'ascension avec nos compagnes qui vont nous y retrouver - il est temps que je vous dise quelques mots sur les vins de cette région, dont on pourrait craindre, vu son régime pluviométrique, qu'ils soient un peu dilués....
Et bien détrompez vous (et non détrempez vous, ce qui nous est arrivés dans ce beau pays !) car les vins tirent du sol volcanique où la vigne prospère une force et un caractère surprenants. En outre, le vignoble étant principalement situé entre Riom et Issoire, à l'est de la chaine des puys, il bénéficie de la protection de cette dernière qui fait obstacle à la pluie. On distingue du nord au sud cinq appellations locales en Côtes d'Auvergne : Madargue, Chateaugay, Chanturgue, Corent et Boudes (cette dernière produisant les vins les plus réputés) qui recourent à trois cépages : le gamay et le pinot noir pour les rouges et le chardonnay pour les blancs. Pour les avoir généreusement goûtés, je peux vous dire que ce sont des vins fruités, rafraichissants, bien structurés qui se marient parfaitement avec la cuisine et les fromages locaux dont je vous parlerai plus tard. Ils présentent de surcroît, ce qui n'est pas un mince avantage, un excellent rapport qualité prix.
Mais nous voici parvenus au pied des puy de La Vache et de Lassolas, deux volcans jumelés de type strombolien de près de 1200 mètres. Le plateau d'où ils émergent est encore jonché de «bombes» volcaniques. Leur dernière éruption remonterait à 8.000 ans (quasiment hier !) et leurs coulées de lave, qui ont emporté une partie de leur cône – les transformant en cratères «égueulés» - ont créé les lacs de Cassière au nord et d'Aydat au sud.
Nos compagnes nous ayant rejoints au pied des volcans, nous en commençons l'ascension. Nous évoluons dans un univers minéral pourpre, comme si la lave figée avait conservé la couleur de son état incandescent. Ce phénomène est dû à l'oxydation du minerai de fer, présent en abondance.
Prenant de la hauteur nous découvrons progressivement le cône presque parfait du puy de Pourcharet qui fait face aux deux volcans.
Quelques pins et genêts partent à l'assaut du flanc nord du cratère du puy de la Vache. Parviendront ils au sommet avant que celui ci ne se réveille ?
Du sommet du cône d'où émerge un étonnant chicot de lave nous découvrons, sagement rangés en file indienne, une série de puys qui sont autant de jolis tétons boisés de la terre que le vent doit aimer caresser. Si nous les voyons un jour frémir, ce sera sous l'effet du plaisir et non l'annonce d'une prochaine éruption.
Les pins et genêts ont par contre réussi à grimper jusqu'en haut du cratère du puy de Lassolas pourtant plus abrupt que celui du puy de la Vache. Sans doute y trouvent ils une meilleure protection contre le vent du nord qui souffle ici généreusement en toutes saisons.
L'ascension de ces volcans bien qu'éteints ayant asséché nos gosiers, nous redescendons vers Saint Nectaire où nous nous délectons d'une bière auvergnate (pour les hommes) et d'une glace (pour les femmes) à la célèbre auberge de Sennecterre. Celle-ci porte le nom de la famille des seigneurs du lieu dont l'orthographe s'est modifiée au fil du temps. Notons que cette ville porte le nom de l'un des fromages les plus célèbres d'Auvergne - le Saint Nectaire - auxquels il faut bien évidemment ajouter le Cantal, le Bleu d’Auvergne, la Fourme d’Ambert et le Salers : cinq grands fromages AOP à savourer avec les vins locaux ! Si on leur ajoute des fromages moins connus tels que le Gaperon ou le Bleu de Laqueuille, l’Auvergne mérite son titre de "grand plateau de fromage" auquel nous avons fait honneur au cours de notre périple et dont on a rempli nos sacs !
Nous rendons visite à la fastueuse église du village dédiée à Saint Nectaire (qui évangélisa l'Auvergne au IIIème siècle) et dont les colonnes de la nef et du choeur sont ornées de splendides chapiteaux.
La beauté dépasse et échappe aux croyances qui lui donnent naissance et devient un bien commun de l'humanité.
Le «trésor» de l'église comporte, entre autres merveilles, le buste de Saint Baudime, compagnon d'évangélisation de Saint Nectaire, dont les yeux écarquillés semblent encore éblouis par la munificence du pays des «Arvernes» qu'il a traversé. Sans doute nos regards ont ils l'éclat du sien tant nous nous sommes réjouis de la beauté des sites que nous avons parcourus. Bien que notre périple s'achève, nous sommes déjà prêts à y revenir, pour aller ausculter cette fois les volcan autour du Puy de Dôme, en espérant qu'ils ne se réveillent pas d'ici là....
Il nous reste à remercier nos compagnes qui, grâce à leur assistance logistique sans faille, nous ont permis d'alléger nos sacs et de profiter au maximum du paysage. De surcroît en Auvergne les galeries marchandes sont plutôt peuplées de fromagers et de commerces de produits du terroir que de fripiers et de bijoutiers, ce qui réduit le risque de découvert bancaire !
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Texte & Photos* Ulysse
* sauf 8ème et dernière Marie B.
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