A la découverte du Saint Chinianais : de Pierrerue à Roquebrun
La pandémie du Covid nous prive de voyages à l’étranger mais finalement nous les Gaulois n’en souffrons pas trop, tant est grande la diversité et la beauté des lieux et paysages de notre pays. Et le département - l’Hérault - où je vis n’est pas le moins bien doté à cet égard. On y peut s’y baigner sur des kilomètres de plages, dont certaines vierges d’immeubles, grimper sur des montagnes dont le relief n’a rien à envier aux grandes sœurs alpines et pyrénéennes, se baigner dans des lacs et des torrents sauvages, descendre en canoë des rivières, se régaler de fruits de mer et de nectars produits au milieu de collines aussi belles que celles de la Toscane. Il comporte aussi un importent patrimoine architectural. Le seul point noir sont les murs en parpaings bruts que les Héraultais affectionnent particulièrement et qui défigurent leurs villages, dont certains sont pourtant fort pittoresques. Mais nobody’s perfect !
Je vous emmène aujourd’hui dans le Saint Chinianais, situé au Nord-Ouest du département et nous commençons la visite par le charmant village de Pierrerue dont la pittoresque place centrale est ornée d’une antique fontaine lavoir.
Nous voici à Combejean où prospère un murier pluricentenaire qui bien que fort délabré a conservé une magnifique toison qui me rend un brin jaloux.
Un habitant de ce village a installé dans son garage un musée des objets et outils anciens dont l’entrée est libre, si vous avez, comme nous, la chance de le croiser. Je m’esbaudis toujours devant le savoir faire des anciens et le soin qu’il mettait à fabriquer des objets d’un usage quotidien. On est loin des infâmes objets chinois qui ont envahi nos magasins depuis un demi siècle.
La vie alors était rude et les machines n’avaient pas encore supplanté l’homme dans les travaux des champs. Les traitements se faisaient avec des récipients métalliques portés à dos d’homme.
Et les sols étaient travaillés avec des houes de toutes formes en fonction des usages…..
…ou avec l’aide de la traction animale ce qui impliquait un grand savoir faire pour maîtriser à la fois l’outil et l’animal.
C’était une époque où les hygiénistes et pseudo experts de la santé publique qui diabolisent le vin - au lieu de s’en prendre aux divers poisons nommés cola - ne sévissaient pas encore.
Nous nous rendons à la chapelle Sainte Suzanne qui se situe au sommet d’une colline, à vingt minutes de marche du hameau de Le Priou
On y domine la plaine et on y aperçoit, au loin, le Canigou sous un édredon de nuages.
Les vignes qui occupent les coteaux sud donnent des vins très typés sous l’appellation A.O.C Saint Chinian qui doit son nom au moine bénédictin Anhan, fondateur, en 794, du monastère de Saint-Laurent, sur la rive gauche du Vernazobre. Il fut béatifié en 1102 et le monastère prit son nom : Sanch Anhan, qui devint Saint-Chinian au Moyen-Age.
Nous voici au pittoresque hameau de Cauduro dont la plupart des maisons ont été restaurées avec talent et goût par Philippe et Michèle Devisme qui en ont fait des gites de rêve ! Pensez y si vous souhaitez vivre quelques jours au paradis ! C’est un lieu idéal pour une réunion d’amis ou une cousinade !
Il doit être agréable aussi d'y passer l'éternité dans son cimetière une fois que nos genoux ne pourront plus se plier et nos gosiers s'ouvrir. Toutes les tombes arborent des coeurs qui y confèrent une ambiance fraternelle.
Ce hameau a eu jusqu’à 90 habitants au début du XIXème siècle pour n’avoir plus qu’une famille au sortir de la guerre 39-45. On y apprend avec amusement que onze conscrits en sont partis en 1914 après de sérieuses libations et qu’il sont tous revenus de la guerre ! Comme quoi boire du vin protège de tout ! Même des eaux bues !
La mairie a aidé à restaurer le four communal où Philippe et Michèle font quelquefois du pain.
Ici le feu pendant des siècles a brulé pour nourrir des humains dont les atomes ont rejoint le grand feu céleste qu’est l’univers.
Chaque gîte est superbement restauré avec des matériaux nobles dans un environnement fleuri.
Chacun d’eux porte le nom d’un ancien habitant du hameau et perpétue ainsi sa mémoire.
Ce vieux vélo contre le mur d’une grange apporte une touche pittoresque et nostalgique comme si le temps ici s’était arrêté. A cet égard ne manquez pas d'aller jeter un oeil aux photos de Monsieur Devisme sur le passé du village exposées dans un hangard dont l'entrée est libre. C'est passionnant !
Et d’ailleurs en fermant les yeux on entend le bêlement des moutons qui autrefois chaque jour traversaient le hameau.
Vous pourrez profiter des journées du patrimoine pour le visiter
En dépit du sentiment que le temps ici s’est arrêté, nos estomacs nous rappellent que l’heure est venue de pique-niquer. Pour cela nous nous rendons dans la prairie dotée de tables qui jouxte l’excellent restaurant le Faitout à Berlou que le patron met à la disposition des clients qui lui commandent des repas à consommer sur place. La formule est originale, les plats délicieux (Bib Gourmand au Michelin 2020) et le prix raisonnable.
Nous nous rendons ensuite à Roquebrun adossé à des collines qui surplombent l’Orb.
Cette situation le protège des vents du nord et lui permet de jouir même l’hiver d’un climat tempéré. Les mimosas y prospèrent et on surnomme ce village le petit « Nice ».
En 1985 l’association C.A.D.E, sous l’impulsion du Docteur Colonna, y a développé, autour des vestiges du château médiéval, un jardin méditerranénen afin de mettre en valeur la flore méditerranéenne de Roquebrun et de sa région. Il comporte également une partie plus exotique avec notamment des cactées et des agrumes.
Il est dépaysant de déambuler dans ses allées qui partent à l’assaut de la colline et sont bordées d’une végétation surprenante que je vous laisse découvrir.
A un endroit se dresse des orgues dolomitiques qui captent la chaleur diurne et la restituent la nuit venue.
Sur le chemin du retour, une surprise nous attend au hameau de Lugné qui comporte l'une des six copies de la satue de la Liberté que le France offrit à l'Amérique. Cette statue qui ornait la proue du paquebot de luxe Maxim's des Mers et dont la compagnie gestionnaire voulait se débarrasser a été récupérée par le commandant de bord qui était natif de Lugné. Les cinq autres copies sont à Paris !
Ainsi s’achève notre virée dans le Saint Chinianais qui comporte bien d’autres merveilles à découvrir que vous pouvez découvrir ICI.
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Texte & Photos* Ulysse
* sauf photos du cheval de trait et des moutons de Monsieur Devisme avec son aimable autorisation. Je l'en remercie.
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