A la recherche du lac Blond du Caroux

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A la recherche du lac Blond du Caroux

Entre autres merveilles, le massif du Caroux comporte un lac mythique « le lac Blond », alimenté par une superbe cascade, difficile d’accès et que très peu de randonneurs connaissent. Il y a quelques années, avec Gibus nous avions réussi à le dénicher après une longue marche d’approche à la boussole qui s’était ensuivie d’un retour épique par des barres rocheuses qui ont failli nous faire passer la nuit dans la montagne. De fait, il ne s’agit que d’une très vaste et profonde vasque circulaire sur le cours du Vialay, mais ce lieu sauvage est d’une grande beauté. Nous avons décidé, Gibus et moi en compagnie de notre ami Jo, d’y retourner en essayant de trouver un itinéraire plus facile d’accès. Nous voilà donc partis de Mons la Trivalle en direction du col du Bardou.

Arrivés au col, nous passons devant le cercle des poètes disparus où chaque nuit du 10 novembre, date de la mort de Rimbaud, les fantômes des grands poètes du passé se réunissent pour déclamer leurs poèmes. Comment le sais je, me demanderez vous ! Et bien, je vous en conterai un jour l’histoire que j’avais postée sur un ancien blog.

Nous faisons une pause au belvédère du Bau Filliti qui offre un superbe point de vue sur le cœur du massif. Le ciel est voilé et les nuages se déchirent sur les cimes mais la température estivale nous laisse espérer une revigorante baignade dans le lac Blond.

Nous commençons à remonter sur la rive droite du Vialay sur un chemin tracé par les anciens pour exploiter les châtaigneraies.

Nous passons d’ailleurs près d’un ancien sécadou – séchoir à châtaignes- situé en contrebas d’un énorme châtaignier dont l’âme a rejoint celle de ceux qui cueillaient ses fruits. Car oui les arbres ont une âme puisqu’ils sont issus du même bouillon d’atomes que nous !

Mêmes morts, les vieux châtaigniers restent impressionnants, leurs troncs et ramures restant dressés de très nombreuses années après leur mort et servant d’abri et de nourriture à une myriade d’insectes xylophages. Ainsi la mort nourrit la vie, les atomes qui nous constituent passant d’un organisme à l’autre dans un mouvement perpétuel ! Oyez la bonne nouvelle : nous sommes immortels !

Nous continuons à remonter la rive du Vialay sur un sentier de plus en plus chaotique avec le sentiment d’être des explorateurs découvrant un nouveau monde !

Nous arrivons au point où nous avons prévu de traverser le Vialay pour remonter ensuite vers la piste qui monte au col du Salis. La descente vers le torrent est un peu acrobatique mais de bonnes âmes ont installé des cordes le long des rochers qui facilitent l’opération.

Avant de poursuivre notre périple, nous nous octroyons une première et délicieuse baignade à environ 16°, ce qui est chaud pour un torrent de montagne ! Certaines ou certains contesteront l’adjectif délicieux, mais il n’est pas scandaleux aujourd’hui d’être un peu masos !

Mais l’heure a trop vite tourné et nous avons mis plus de temps que prévu pour arriver en ce lieu. Gibus estime plus sage de renoncer à rejoindre le col du Salis d’autant qu’il nous faudra ensuite tenter de trouver un chemin d’accès au lac Blond, ce qui est loin d’être « gagné » ! Aussi nous changeons d’objectif et décidons de remonter le cours du torrent pour rejoindre une superbe cascade que nous avions découverte il y a quelques années.

Mais le niveau du torrent est très bas du fait de la sécheresse et le cours est obstrué par d’énormes rochers. Lors de notre expédition passée l’eau était beaucoup plus abondante et nous avions pu remonter le torrent en nageant la majeure partie du temps.

Après avoir tenté d’escalader quelques rochers, nous comprenons vite que nous n’y arriverons pas et nous rebroussons chemin pour pique-niquer au bord de la vasque où nous nous étions baignés. Comme nous avait un jour dit Tom, le petit fils de Gibus, nous avons passé l’âge de faire les marioles !

Nos bouteilles de rosé plus à sec que le torrent et nos corps reposés par une bonne sieste, nous remontons vers le chemin qui mène aux gorges d’Héric. Nous admirons au passage l’impressionnant roc Fourcat au travers de l’ouverture d’une ville bâtisse dont on se dit que les occupants ont du passer des heures sereines à le contempler. La montagne comme la mer, milieux parfois hostiles à l’homme, nous apprennent à vivre : elle nous enseigne le sens de l’effort, la résilience, l’humilité et le plaisir de la contemplation. Les montagnards comme les marins sont généralement des gens dont il fait bon être les amis.

Comme partout ailleurs dans le monde l’homo sapiens laisse de moins en moins de place aux animaux pour vivre et prend plaisir à les exterminer. On pourrait croire le Caroux préservé des « nemrods » bedonnants et pétaradants mais hélas il n’en est rien et avec l’ami Gibus nous voyons de plus en plus rarement de mouflons, animal emblématique de ce massif, tant ils sont désormais effrayés par l’homme. Aujourd’hui nous sommes heureux de nous mettre sous la dent ou plutôt « sous l’œil » ce joli lézard vert dont la gorge bleue turquoise révèle qu’il est un mâle. Ce reptile se nourrit d’insectes et parfois de baies et peut vivre quinze ans !

Nous entamons la descente des Gorges d’Heric très fréquentées en ce milieu de l’été, l’accès en étant facilité par une piste bétonnée. Cela permet aux personnes n’étant pas habituées aux sentiers montagnards ou aux familles avec de petits enfants de passer une journée au cœur du Massif en jouissant d’un lieu de baignade idéal. Peut être cela crée–t-il des vocations de montagnard et c’est une bonne chose.

Même si le débit de l’eau est restreint, le torrent comporte encore de magnifiques vasques mais qui sont toutes occupées.

Nous finissons par en trouver une déserte et nous ne nous faisons pas prier pour y plonger et y rafraîchir à nouveau nos abattis.

Ayant rafraîchi notre « extérieur » nous faisons de même avec notre « intérieur » pour clore et célébrer dignement cette belle randonnée. Mes chères lectrices et chers lecteurs, je vous devine frustrés de ne pas avoir vu le lac Blond et peut être pensez vous que je galèje à son sujet. Et bien non, il existe, et Gibus et moi y sommes bien allés, en voici la preuve avec cette photo que j’y ai prise . Sur mon blog il n’ y a pas de « fake news ! ».