Dans l’enfer vert des corniches de Lauroux
Partir une journée entière sur les chemins me procure toujours un bonheur indicible. J’en éprouve un total sentiment de liberté n’ayant alors plus aucun lien avec le monde : ni radio, ni ordi, ni smartphone (je ne possède qu’un « ploucphone » qui ne sert qu’à téléphoner) et surtout pas de GPS, ayant pour habitude de me guider avec carte et boussole. Je suis seul maître à bord, maître de mon allure, de mon itinéraire, de mes pensées. Avec mon compagnon du jour, nous vous emmenons à la découverte des corniches de Lauroux, falaises rocheuses qui marquent la frontière avec le Causse du Larzac. Une fois n’est pas coutume la rando commence par une descente dont les baliseurs ont pris soin de nous avertir qu’elle était « délicate » ! Effectivement mieux vaut ne pas l’emprunter s’il a plu la veille sous peine d’avoir à descendre un « toboggan » ! Avis aux amateurs de sensations fortes !
Mais cela fait bien longtemps qu’il n’a pas plu dans notre région et la descente se fait sans problème, de même que la traversée d’un torrent quasiment à sec alors qu’à cette saison il devrait rugir ! Ce n’est pas de bonne augure pour les prochaines vendanges ! Faites vite provision de rosé pour cet été car les prix vont monter !
Le chemin présente ensuite un profil ascendant qui nous mène peu à peu vers le pied des falaises. Paradoxalement, quand on a un peu d’entrainement, monter est plus aisé et moins risqué que descendre, car on lutte contre la gravité alors qu’à la descente elle vous entraine et peut vous faire perdre le contrôle de vos mouvements et vous faire chuter. D’ailleurs dans le milieu montagnard seules les ascensions sont célébrées et gratifiantes. Il n’y a qu’a bicyclette ou dans les caves que l’on célèbre les bons « descendeurs » !
Nous voici au pied des falaises qui bordent le Causse du Larzac, semblables aux remparts d’une immense place forte.
Nous sommes en quelque sorte au pied d’une Carcassonne naturelle dont les aigles et vautours sont les seuls défenseurs.
Devant nous, au pied de la partie Ouest de l’amphithéâtre de falaises se tient le hameau de Labeil dans un lieu qui jouit d’un climat très clément, étant protégé des vents du Nord. Ces conditions propices ont fait qu’il a a été occupé par l’homme depuis des millénaires . On peut y visiter une grotte dans laquelle coule une rivière d’origine inconnue et où l’on a retrouvé d’antiques sépultures. C’est une sortie à faire avec des enfants qui pourront partir librement à la découverte de la grotte en tenue de spéléologues !
Quand on est comme moi atteint de paréidolie, on voit souvent dans les rochers des formes animales ou humaines comme ici où je discerne un personnage faisant une confidence à une femme de trois quarts dont on n’aperçoit que la coiffe. Les voyez vous aussi ?
La loi de la gravité dont je parlais auparavant et qui nous entraine dans les pentes provoque aussi des éboulements dont il vaut mieux ne pas être témoin ! En traversant ce chaos rocheux, le sentier nous donne le sentiment de passer dans le chas d’une aiguille.
Une fois passés, nous jetons un coup d’œil inquiet aux falaises qui nous dominent mais qui pour l’heure ne semblent pas encore prêtes de s’écrouler.
Au pied de ces falaises règne un climat particulièrement doux et humide qui donne naissance à un véritable enfer vert digne de l ‘Amazonie. A tout moment, nous nous attendons à voir surgir une tribu de Jivajos, coupeurs de têtes, mais apparemment mon crâne chauve ne les intéresse pas !
Ici le monde végétal manifeste une extraordinaire vitalité qui donne aux lianes l’apparence de boas ou d’anacondas !
Nous arrivons sur le plateau où est installé le hameau de Labeil et d’où l’on a une magnifique vue d’ensemble sur le cirque de falaises qui le surplombent.
Quittant le hameau en direction de l’Ouest, nous constatons avec inquiétude que le sentier a été très récemment obstrué par la chute d’un rocher. Comme quoi nos ancêtres la gaulois n’avaient pas tout à fait tort de craindre que le ciel ne leur tombe sur la tête. Nous constatons avec soulagement qu’il ne semble pas y avoir d’ossements de randonneur sous le rocher!
Ce moment d ‘émotion passé, nous nous remettons en chemin l’esprit plus tranquille, le sentier s’éloignant peu à peu du pied des falaises.
Mais la végétation reste toujours aussi foisonnante et nous avons parfois le sentiment que les arbres sont prêts à nous enlacer. Nous restons précautionneusement à bonne distance. On ne sait jamais !
Nous émergeons sur un plateau couvert de rochers ruiniformes qui nous ressemblent à un village en ruines.
Soudain nous apercevons, en partie dissimulés par des arbustes, deux créatures de pierre s’embrasser langoureusement et là ce n’est pas un effet de ma paréidolie ! Je ne dirais plus jamais de quelqu’un d’insensible qu’il a un cœur de pierre !NB
Si vous êtes intéressé par ce circuit vous le trouverez en cliquant ICI
Je m'absente quelques jours et répondrai à vos commentaires à mon retour
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Canta-la-Vida
où ma dernière chanson postée est "Marie Galante"
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Texte,& Photos Ulysse
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