Eldorad-Oc

Depuis plus de vingt ans que je randonne en Languedoc, je connais tous les sites pittoresques sauf un lieu mythique: le lac des Rives qui apparaît de façon aléatoire, environ une fois tous les dix ans, après de très fortes précipitations, sur le plateau du Larzac. Comme il avait abondamment plu sur l’arrière pays les jours précédents, nous nous sommes dit, en ce matin brumeux du 23 octobre, que nous avions peut être une chance de le voir. Nous voilà donc en chemin après avoir garé notre «char» sur la D151 à deux kilomètres au nord du hameau des Rives.

Les chaos rocheux qui s’y dressent rendent pittoresques les lieux où apparaît le lac, leurs formes chaotiques m‘étonnent toujours. 

Nous parcourons la dépression - que l’on appelle « doline »  - où apparaît le lac sans y voir, hélas, la moindre flaque d’eau. Nous n’osons pas regretter qu’il n’ait pas assez plu, conscients des dégâts que les inondations causent ailleurs.

S’agissant de ce lac aléatoire et éphémère, l’excellent ouvrage « Géo Tourisme en Hérault » de Jean Yves Crochet (Editions biotope) nous explique que lorsque les pluies sont très abondantes, les exutoires du sous sol qui évacuent l’eau sont trop étroits et en partie obstrués par le sable dolomitique qui provient de l’érosion des roches, ce qui ralentit l’évacuation des eaux de surface vers la nappe phréatique, permettant au lac de se former pendant quelques jours.

Le phénomène se produit environ une fois tous les dix ans, les deux dernières occurrences étant survenues en octobre 2014 et septembre 2023. 

La probabilité était donc assez faible qu'il soit présent en ce jour. Et il n’est pas certain que dans dix ans je sois capable de venir en ces lieux pour tenter de l'apercevoir  !

Pour vous donner une idée de la beauté du site quand le lac est présent, je me permets d’emprunter à Jean Yves Crochet la photo qui figure dans son ouvrage. 

Nous quittons la doline en grimpant sur la colline de Caussignac dans une ambiance fantasmagorique qui titille nos âmes de vieux aventuriers.

Alors qu’en tous lieux notre planète est surexploitée, polluée, dévastée et ses animaux chassés, empoisonnés, décimés quel bonheur de pouvoir jouir à une heure de chez soi d’une nature aussi préservée et sauvage que le Larzac. Que celles et ceux qui l’on vaillamment et pacifiquement défendu contre l’extension d’un camp militaire dans les années soixante-dix du siècle dernier soient honorés et remerciés.

Le sentier que nous suivions s’interrompt à l’approche d’une zone agricole, ce qui nous oblige à «bartasser » à la boussole pour rejoindre, à quelques kilomètres de là, un autre sentier menant à la Croix de Canals. Notons que ce mot occitan «bartasser» qui veut dire progresser hors sentier en traversant les broussailles fait l’objet d'un excellent ouvrage qui souligne que la «bartasse» permet de développer la motricité, l’attention, l’imagination et notre lien au vivant ainsi que de favoriser l’autonomie et l’émancipation. Et il est vrai qu’il est stimulant et euphorisant de se perdre et d’être provisoirement coupé de ce monde numérisé où nous sommes surveillés et pistés à tout moment.

Nous croisons un troupeau de brebis fort étonnées de voir en ces lieux paumés d’autres bipèdes que ceux qui viennent leur caresser les mamelles pour extraire le lait dont on fait le Roquefort, ce roi des fromages selon Diderot et d’Alembert. Première appellation fromagère française, crée en 1925, son histoire remonte à l’Antiquité: dans sa fabuleuse Histoire Naturelle, Pline l’Ancien évoque un fromage de lait de brebis issu de cette région des Grands Causses.

D’autres animaux plus discrets vivent en ces lieux dont les ouvrages sont une merveille technologique qui inspirent les scientifiques qui essaient de dupliquer son fil de soie plus résistant que l’acier ou le kevlar !

Ayant fini par trouver la piste qui mène à la Croix de Canals, nous la dévalons tranquillement face à un somptueux paysage.

Les frondaisons des arbres commencent à prendre des touches automnales qui s’illuminent sous les rayons du soleil qui ont fini par dissiper la brume.

Nous longeons une prairie où paissent paisiblement des vaches heureuses et, bien que nous n’ayons pas des mines patibulaires, une maman vache s’empresse d’aller mettre les veaux à l’abri. N’oublions pas que les vaches sont des êtres intelligents et affectueux qui souffrent quand leur veau leur est enlevé, comme l’atteste cette triste histoire d’une vache qui avait réussi à dissimuler l’un des deux veaux jumeaux qu’elle avait mis bas.

En parlant de prairies, notons que, l’automne venu, elles voient fleurir les dangereuses colchiques capables de gravement intoxiquer le bétail, ce qui fait que les foins sont toujours coupés avant leur floraison.

Soudain au bord de la piste forestière qui nous ramène vers le hameau des Rives nous découvrons, émerveillés comme des enfants apercevant le père Noël, une superbe arche de pierre.

On peine à croire qu’elle soit l’oeuvre de l’érosion des roches calcaires par la pluie, le vent, le soleil, le gel et pourtant c’est le cas, joyau produit par la nature. Pour ce qui nous concerne, l’érosion due au temps qui passe nous rend moins admirables, c’est le moins que l’on puisse dire !

Non loin de l’arche, sur un promontoire rocheux se dresse une colonne également sculptée par les intempéries.

Puis nous passons auprès d’une lavogne, bar à brebis; les nuages qui s’y reflètent ont ils une pensée pour ceux qui y ont fondu?

Soudain nous entendons un rire tonitruant. Etonnés, nous avançons jusqu’à découvrir l’étrange créature pierreuse qui en est à l’origine et que l’on voit rire à gorge déployée. La voyez vous? Non! Regardez bien! Ah! Quand même! Vous aussi êtes atteint de paréidolie, cette délicieuse maladie qui enchante le monde qui nous entoure. Ceci dit, c’est ici que se termine notre virée du jour.  Ah! quel bonheur insigne et indicible et quel inégalable privilège de pouvoir ainsi passer une journée en pleine nature loin des empoignades infantiles de nos hommes politiques, de nos babillages médiatiques futiles et de l’agitation effrénée des humains.

PS : J'informe mon lecteur Daniel que j'ai répondu à son commentaire relatif aux circuits dans l'article sur le causse de Clairac et Boussagues. 

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 Canta-la-Vida  

(lien dans la barre de titre) 

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ALICIA vit dans la grande exploitation agricole dirigée par sa sœur et son époux à Skoura, au sud du Maroc. Son mariage vacille, elle n'est pas très heureuse. Une crise politique entre syndicats et gouvernement rendra la marche de l'exploitation difficile tout comme son travail d'infirmière libérale. Suite à la traversée de moments spécialement pénibles pour sa vie de couple, elle envisage son retour en France. Sa sœur Azziza décide de modifier le fonctionnement de l'exploitation dont la charge est trop lourde pour une jeune femme.

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TEXTE & PHOTOS ULYSSE