Eldorad-Oc

Nous sommes à la mi-novembre et l’automne est enfin arrivé dans le sud déshabillant peu à peu les châtaigniers de leur ramure. Je suis aussi arrivé à l’automne de ma vie et comme ces arbres j’ai perdu ma ramure mais, à la différence d’eux, je ne la retrouverai pas le printemps venu !

Le monde végétal est une source d’étonnement et d’admiration. D’une graine qui tient dans le creux de la main, jaillissent des géants qui fendent la roche pour y croître et prospérer.

Partis du village des Aires, nous arrivons aux abords des ruines du château carolingien de Mourcairol. 

Il ne reste que quelques pans de murs de ce château qui au terme d’une histoire mouvementée fut pris par les Protestants au XVIe siècle, puis démantelé. Il devint un lieu de pâture et un ermitage. Il est toujours émouvant de caresser des pierres qui ont été taillées il y a plus de mille ans, vestiges mémoriels du passage éphémère d’humains. En touchant ces pierres je mets mes mains sur les leurs.

Puis nous arrivons à la chapelle Saint Michel qui dépendait du château et fut, au contraire de celui-ci, restaurée après les guerres de religion.

D’un style roman très austère, elle comporte une statue de St Michel terrassant le dragon. Il est réconfortant de voir qu’un gringalet en jupette ait pu l'emporter sur une bête aussi redoutable. Formidable puissance que confère la foi!  Ne l’ayant pas, j’évite autant que possible de croiser ce genre de bestiole! 

D’une plateforme qui jouxte la chapelle, on surplombe les ruines du château et on découvre, au delà, la vallée et les monts d’Orb.

Vers le nord-ouest on aperçoit, au loin, le massif du Caroux, dénommé, à juste titre, la montagne de lumière du fait de son ossature de gneiss imprégnée de mica qu’illumine le moindre rayon de soleil.

Nous poursuivons notre ascension en direction du Pic de la Coquillade par un sentier qui nécessite par endroits quelques acrobaties. Mais nos vieilles gambettes, bien qu'un brin rouillées, sont rompues à ce genre d'exercice.

J’aime traverser ces zones de dense couvert végétal qui confère à nos randonnées un parfum d’aventure. On rêve alors de rencontrer quelque tribu perdue à condition bien sûr que ce soit plutôt des amazones que des cannibales!

Nous arrivons en vue du Pic de la Coquillade qui illustre le coté un brin hâbleur des gens du Sud, vu que ce sommet n’a rien d’un pic! Mais il est vrai que ce mont est plus dur à gravir que les dunes de sable auxquelles les locaux sont plutôt habitués. Son nom viendrait de la “Cauquilhada” en occitan languedocien qui désigne l'alouette huppée. La silhouette pointue de ce pic rappelle la huppe de cet oiseau. Facilement identifiable entre toutes les montagnes, le pic de la Coquillade a guidé voyageurs et marchands depuis des temps immémoriaux. 

Cela dit, du sommet, le vue est époustouflante. On découvre la ville thermale de Lamalou les Bains que surplombent les monts de l’Espinousse.

Et on jouit d’une vue grandiose sur le Caroux dont je connais chaque repli et chaque sentier. Et vous aussi d'ailleurs si vous êtes une fidèle lectrice ou un fidèle lecteur de ce blog.

L’âme et les yeux rassasiés de beauté, nous redescendons vers le village des Aires en slalomant au milieu d’un taillis de chênes verts.

Revenus dans la vallée, le sentier est bordé d'églantiers dont les cynorhodons illuminent  le ciel. Savez vous qu’une fois que ces fruits ont gelé et qu’ils sont devenus blets, on peut les consommer et c’est un vrai cocktail de vitamines dont la vitamine C!

Revenus sur de bons sentiers, nous pouvons laisser notre esprit vagabonder, vivifiés par notre ascension montagnarde, rassérénés par la douce lumière vespérale qui illumine la vallée. Il n’ y a pas pour moi de plus grand bonheur dans la vie qu’une journée de marche dans la nature.

Surtout quand elle  se termine  par de roboratives agapes arrosées de l’un de ces délicieux nectars que produisent ces ardents bataillons de ceps qui affrontent frimas et canicules pour nous désaltérer.

A la fin de notre parcours, nous longeons les rives de l’Orb réduit à une portion congrue de fait de la sécheresse estivale.

Mais les arbres peuvent encore s’y mirer et admirer leur munificence automnale avant que l’hiver ne les dépouille. Je remercie le grand Manitou de m’avoir convié à un tel spectacle !

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Je vous invite à écouter ma chanson 

Il y a mille chemins....

Sur mon blog Canta-la-Vida

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Mon ami Gibus vient de publier son troisième roman que vous pouvez commander dans toutes les bonnes librairies

(Decitre.fr, FNAC...)

TEXTE & PHOTOS ULYSSE