Ai je grimpé l'Everest ? Non le Véduscle !
Dans le monde il y a des guignols qui rêvent d’aller au sommet de l’Everest porté par des sherpas pour la "modique" somme de 50.000 dollars et ce non pas pour l’amour de la montagne mais pour inscrire ce pseudo exploit sur leur CV et briller dans leurs soirées mondaines. D’autres encore rêvent des neiges du Kilimandjaro ou du Mont Blanc, sommets surfréquentés où les prétendants font la queue comme à l’entrée d’une expo ou d’un spectacle. Pour ma part, après avoir gravi quelques sommets pyrénéens fréquentés par de vrais montagnards, mes rêves me portent vers les sommets de l’Hérault qui peinent à dépasser les mille mètres et voient passer plus de mouflons que de bipèdes. Aujourd’hui, nous partons faire l’ascension de l'un d'entre eux: le Véduscle (957m) qui n’est dans aucun guide de randonnée et que j’ai déniché en parcourant les cartes mises à notre disposition sur internet par Géoportail, précieux service public qui rend heureux de payer des impôts! Nous partons de Graissessac petite cité nichée au coeur d’un ancien et prospère bassin houiller mais qui aujourd’hui périclite.
Pour l’heure, nous empruntons le GR de pays «Haut Languedoc et Vignobles» qui grimpe sur le flanc de la serre des Ginestes et offre une vue somptueuse sur un océan bleuté de monts qui jouxtent le massif de l’Espinouse.
Le GR aborde un promontoire rocheux qui nous fait vite prendre de l’altitude et accélère notre rythme cardiaque comme si nous allions à un rendez vous amoureux, ce qui est effectivement le cas, car amoureux de la montagne nous sommes !
Parvenus en haut du promontoire, nous faisons un pause pour reprendre notre souffle et admirer le paysage environnant. Derrière nous la vue s'étend sur les monts d’Orb où l’on devine, dans la brume, les terrasses des anciennes mines de charbon à ciel ouvert qui ont été exploitées jusqu’au milieu des années 1960. Quand on parle de charbon on pense aux gens du nord et à leurs corons immortalisés par Pierre Bachelet mais l’Héraut a été aussi un pays charbonnier avec son lot de drames!
Vers le sud-ouest, nous découvrons le vaste plateau du massif de l’Espinouse encore enneigé malgré une semaine de soleil et où nous sommes allés la semaine passée.
Nous quittons le GRP pour suivre la voie coupe feu encombrée de végétation qui grimpe vers le sommet de la Capuce (882m) et où nous «bartassons» une quinzaine de minutes.
Parvenus au sommet de la Capuce, la voie coupe feu est mieux dégagée, ce qui nous réconforte car nous devons grimper jusqu’au Mont Redon (934m) qui nous fait face.
Ayant basculés de l’autre coté du Mont Redon nous quittons la voie coupe feu et empruntons une piste qui est encore enneigée pour notre plus grand bonheur et qui descend vers le GR653. Nous sommes sur l’ubac, versant Nord, où les hêtres, amateurs de fraîcheur, prospèrent. Qui penserait que l’on est, à vol d’oiseau, à moins de 60kms des plages du cap d’Agde. Au demeurant, un grande partie des héraultais ne savent pas qu’ils ont des montagnes enneigées à porté de pied!
Après avoir dépassé le col de Serviès, nous arrivons à l’embranchement avec la piste qui mène au sommet du Véduscle que l’on devine à l’extrémité gauche de la photo. Il nous reste une dernière et bonne grimpette avant la pause pique-nique et nos vieilles gambettes piaffent de l’affronter.
Et vaille que vaille, en mettant un pied devant l’autre, nous approchons du but. Qui arpente les montagnes sait le bonheur qu’il y a à défier autant la loi de la gravité que la réticence aux efforts que les années infusent dans notre mental. Ne pas renoncer tant que nos jambes peuvent nous porter et avec nous un sac à dos empli de quoi ripailler sur les sommets, telle est notre profession de foi !
Il nous reste un dernier «mur» à franchir que nous avalons avec détermination et vélocité sachant le bonheur qui nous attend au sommet.
Et le sommet est devant nous promontoire majestueux, proue rocheuse qui s’avance au coeur des Monts d’Orb et offre un panorama à 360°.
Nous immortalisons ce moment pour prouver à ceux qui en douteraient que nous sommes parmi les rares humains à avoir gravi le Véduscle. J’imagine l'air éberlué de l’un de ces milliers d’Everestiens à qui je dirais « et moi j’ai gravi le Véduscle, vous connaissez? ».
Avant de nous «mettre à table» faisons un rapide tour d’horizon : tout d’abord vers le Sud-Est où le regard caracole au dessus des monts d’Orb
Puis vers l’Ouest où le massif de l’Espinouse ferme l’horizon.
Après un excellent chili con carne arrosé d’un vin d’Oc, un café accompagné d’un pain au chocolat (grands enfants nous sommes) suivi d’un verre de Génépi (épicuriens nous sommes aussi), une sieste s’impose que vous êtes priés de ne pas déranger….
Vous remerciant pour votre discrétion pendant notre sieste, nous prenons à contre coeur le chemin du retour, je dis à contre coeur car nous serions bien restés en ce lieu paradisiaque mais nos sacs sont vides et les nuits glaciales alors...
Contrairement aux "éverestiens" qui abandonnent leurs bouteilles d'oxygène, leurs tentes et autres équipements au sommet, transformant l'Everest en une vaste poubelle, nous remportons dans nos sacs les bouteilles vides de vin de pays d'oc et de Génépi! Ayant une digestion à accomplir, c'est avec bonheur que nous entamons la descente…
Revenus au col de Serviès, nous empruntons la piste forestière qui passe par le col du Trépadou et qui au départ, située à l’ubac, est encore enneigée.
Ayant basculé sur l’adret, le versant sud, l’ambiance et la température changent du tout au tout. Les hêtres font place aux chênes rouvres dont les formes tortueuses témoignent des intenses variations climatiques qui règnent dans la région.
Puis nous retrouvons le GRP emprunté le matin qui descend vers Graissessac dont on aperçoit les habitations dans la vallée.
Nous jetons un dernier regard à l’océan de monts bleutés nés d’un séisme il y a quarante millions d’années et, qu’un jour peut être, un autre séisme fera s’effondrer ou projettera sur notre promontoire. Mais pour le moment nous nous sentons en sécurité.
Nous effectuons un dernier slalom au coeur d’une futaie d’immenses conifères. Puis nous retrouvons nos chères blondes qui nous attendent patiemment au frais dans notre diligence! Notez que ce sont des blondes locales et bio excellentes pour la santé - la bière empêche les crampes - et la planète !
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Je vous invite à écouter ma chanson
Je me demande....
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
Mon ami Gibus vient de publier son troisième roman que vous pouvez commander dans toutes les bonnes librairies
(Decitre.fr, FNAC...)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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