Eldorad-Oc

Certains d’entre nous trouvent leur bonheur dans la possession du dernier mobile, d’une paire de baskets à la mode ou d’un sac ou d’une tocante de luxe mais, pour ma part, c’est dans la découverte d’un nouveau sentier à arpenter que je trouve le nirvana. Ce fut le cas, il y a peu quand j’ai découvert sur la précieuse application Visorando un nouveau circuit pour accéder au Montahut (1050m) l’un des sommets du massif de l’Espinouse. Ce circuit part du hameau d’Auzale et emprunte une piste qui remonte sur le flanc sud de la Sagne Longue. Le jour où nous nous engageons le ciel est malheureusement couvert et crée une ambiance tristounette mais il en faut plus pour affecter notre allant. La montagne est pour nous un aimant auquel on ne peut résister.

Nous quittons bientôt cette confortable piste idéale pour la mise en jambes pour nous engager sur une ancienne draille qui va se révéler être l’un des plus beaux sentiers que j’ai arpentés dans le massif de l’Espinouse.

Ce sentier aménagé par les anciens, dont je remercie chaleureusement les mannes, n’est manifestement guère emprunté car par endroits il est barré par des arbres morts qui mettent à rude épreuve la souplesse - ou plutôt son absence - de nos vieux abattis.

J’avoue ne pas détester ce genre d’impedimenta qui confèrent un léger parfum d’aventure à nos randonnées. Bon nous ne sommes pas non plus des «Indiana Jones » capables de se raccrocher à un pont de singe qui s’écroule et se balance dans le vide!

Le reste du sentier se déroule sans encombre et après cinq cents mètres de grimpette avalés en une bonne heure nous émergeons du couvert forestier dans lequel nous évoluions.

Bientôt, nous découvrons le roc d’Ourliades gros chicot de pierre vieux de plusieurs centaines de millions d’années.

Son épiderme strié, échancré, balafré témoigne de son histoire tumultueuse et nul ne soupçonnerait qu’à sa naissance il culminait à six mille mètres. Grandeur et décadence que nous subissons aussi, pauvres humains, qui, à notre modeste échelle, perdons quelques centimètres au cours de notre existence, surtout ceux qui, comme moi, sont chauves.

Nous poursuivons notre cheminement vers le col d’Ourliades avec dans notre dos la formidable paroi des Cabrignous dont le nom indique que c’est un terrain de jeu propice aux mouflons dont pourtant malheureusement nous n’apercevons pas le bout d’une corne! Il faut dire que les nemrods sévissent ici comme ailleurs qui vident peu à peu notre pays de sa faune sauvage. D’ailleurs ils en sont souvent réduits  à tirer sur des animaux d’élevage, quand ce ne sont pas (encore heureux, involontairement) des randonneurs !

Mais nous avons malgré tout la joie d’apercevoir une marmotte - très rare en ces lieux - qui ne semble guère effarouchée par notre présence. Il est vrai que nous n’avons pas la mine patibulaire des porteurs de flingues. 

Nous retournant, nous apercevons au loin le mince ruban d’argent de la Méditerranée coincé entre une mer de nuages et un océan de monts bleutés.

Alors que nous sommes en vue du col d’Ourliades, les masses nuageuses se déchirent et laissent voir de vastes pans de la toile bleue céleste.

Nous quittons notre confortable sentier pour entreprendre l’ascension du Montahut  à travers les chaos rocheux et le pierrier qui recouvrent ses flancs.

Ce sommet déchiqueté n’a pas vraiment belle allure et son accès est rempli de chausses-trappes qui rendent fort utiles les bâtons.

Mais une fois au sommet le paysage grandiose nous récompense de nos efforts quand le vent, qui y souffle très souvent comme ce jour, nous permet d’y rester et d’en jouir !

Vers l’Est on découvre le Peyre Azent dont l’ascension beaucoup plus périlleuse est réservée aux alpinistes chevronnés comme celui dont on aperçoit la silhouette sur le sommet.

Après une pause pique-nique roborative et réparatrice au refuge des Bourdils nous redescendons vers Auziale par une large piste que même les sénateurs - enfin les moins vieux et décatis - pourraient emprunter et qui longe le flanc Est des Cabrignous.

On a du mal à croire que cette zone a été submergée par la mer dans un très lointain passé mais la vue d’une murène fossilisée qui jaillit d’un amas de rochers nous le confirme.

«Oh! temps suspend ton vol et vous heures propices suspendez votre cours» a écrit ce cher Alphonse et combien de temps cette roche sera encore suspendue défiant la loi de la gravité. Parions que nous ne serons plus de ce monde quand elle chutera!

Nous quittons un moment la piste «sénatoriale» pour emprunter un raccourci plus sportif mieux adapté à notre tempérament.

Nous faisons une dernière halte avant de rejoindre nos montures pour contempler ce magnifique terrain de jeu que la nature met à notre disposition et que nous ne nous lassons pas d’arpenter.

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Je vous invite à écouter ma chanson

Gwada

Sur mon blog Canta-la-Vida

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Texte & photos ULYSSE