Mettez vos grolles et partons pour Pégairolles-de-l’Escalette
Pégairolles de l’Escalette est un petit village niché au pied des falaises qui bordent le causse du Larzac. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, on accédait au causse par un sentier muletier dont la partie terminale était constituée de marches taillées dans la roche, d’où le nom de l’Escalette. Puis en 1861, un ingénieur André Mialane entreprend la construction d’une route mais ses travaux sont bloqués en 1864 par la falaise terminale. Mais il a vent de l’invention d’un jeune allemand, Nobel, qui a mis au point le moyen de transporter sans risque la nitroglycérine découverte par l’italien Ascanio Sobrero (c’est l’Europe avant l’heure). Il utilise alors pour la première fois en France ce produit révolutionnaire qui lui permet d’achever sa route. Cette voie vertigineuse et dangereuse sera remplacée par une autoroute mise en service en 1994 où un tunnel de 900mètres permet de franchir le Pas de l’Escalette. Pour ce qui nous concerne nous allons emprunter l’ancien sentier qui accède au causse du Larzac.
Nous suivons au départ la Lergue, jolie rivière d’un cinquantaine de kilomètres qui nait dans le causse et se jette dans l’Hérault. Les prairies qui la bordent sont étonnamment vertes, signe qu’il a plu en ces lieux alors que sur le littoral la sécheresse sévit depuis deux mois.
Mais le débit de la Lergue n’a rien du débit habituel au début du printemps, ce qui nous fait craindre pour la survie des petits poissons qui y vivent et qui risquent de ne pas devenir grands, faisant mentir le proverbe! Cela dit, nous découvrons avec stupeur que l’échelle qui permettait de franchir un petit ressac rocheux de quelques mètres a été enlevée, ce qui nous oblige à faire demi tour et à suivre un autre itinéraire.
Après un «rallongis» de 2kms (mais quand on aime marcher on ne compte pas) nous retrouvons le sentier habituel.
Peu à peu, nous prenons de l’altitude et la vue sur la vallée s’élargit. Sur la gauche nous apercevons la titanesque saignée dans les falaises qu’a nécessitée la construction de l’autoroute….la seule a être gratuite en France du fait qu’il n’y a pas d’alternative !
Cette autoroute est sous la menace constante d’effondrement rocheux de la falaise constituée de sédiments calcaires laissés par une ancienne mer qui remontait, il y a cent millions d’années, jusqu’à Rodez !
Quand ce gros cube coincé dans une anfractuosité de la falaise se détachera, mieux vaudra ne pas être dans la vallée !
Le sentier débouche sur l’ancienne route au niveau du Pas de l’Escalette dégagé à la dynamite par André Mialane
Ayant franchi le Pas, une dernière grimpette nous mène sur le Causse où nous allons naviguer entre 700 et 800mètres d’altitude au sein d’une végétation qui sort à peine de sa torpeur hivernale.
Mais là une surprise nous attend car le balisage de cet itinéraire assez scabreux à suivre, du fait qu’il chemine en grande partie dans une mer de rochers, a été vandalisé. Selon les habitants du village, à qui nous en avons parlé à notre retour, le vandale n’a pas été identifié ni la raison de son méfait! Toujours est il que des randonneurs s’y sont perdus les semaines passées et ont du appeler au secours.
Heureusement par endroits la trace du cheminement est encore visible mais en d’autres endroits il faut, comme moi, être déjà passé en ces lieux pour ne pas se perdre. J’ose une hypothèse concernant cet acte de vandalisme: peut être qu’un paysan du Causse excédé par les incivilités de certains randonneurs (déchets abandonnés, clôtures non refermées) en est responsable. On peut le comprendre, mais ce n’est pas sans danger pour les randonneurs qui s’égareraient vu la configuration des lieux sans habitat et sans eau potable.
Etant des randonneurs aguerris et confiants dans notre sens de l’orientation, nous gardons notre sérénité et admirons les oeuvres surprenantes des éléments qui parsèment les lieux.
Nous admirons aussi l’étonnante capacité des arbres à escalader les rochers!
Le sentier débouche sur un somptueux cirque rocheux surplombé de temples de pierre qui nous transportent dans un film d’Indiana Jones.
L’érosion est partout à l’oeuvre et on a du mal à s’imaginer que peut être, d’ici 100 millions d’années, la mer sera de retour en ces lieux et que nos descendants (si nous en avons !) viendront y pêcher ou s’y baigner.
Une forêt de chênes rouvre prospère dans le cirque qui lancent leurs ramures encore nues vers les cieux, créant une ambiance fantasmagorique.
Rares sont les régions qui dans un rayon d’une heure de route offre une telle diversité de paysages et un tel dépaysement pour une modeste empreinte carbone car, de surcroît, nous pratiquons le covoiturage !
Ici la nature a édifié ses propres châteaux nés du sable des mers et qui un jour redeviendront sable alors que nous qui les admirons serons redevenus poussière.
Mais une poussière qui aura admiré la beauté du monde et qui s’en souviendra peut être, qui sait !
*****
Je vous invite à écouter ma chanson
Ado blues...
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
Mon ami Gibus a publié son troisième roman que vous pouvez commander dans toutes les bonnes librairies
(Decitre.fr, FNAC...)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
A découvrir aussi
- Les vues sont sublimes sur le sentier du Peyre Martine
- Les petits Loups en cavale autour de Madale
- A l'assaut du Caroux enneigé