Autour du plateau de Guilhaumard....
En ce lumineux matin de septembre, nous partons à l’aventure faire le tour du plateau de Guilhaumard qui s’étend au sud ouest du Larzac. Surplombant les vallées de la Sorgues au Nord et de l’Orb au Sud, ce plateau karstique présent un relief caractéristique de dolines, d’avens, de grottes, de chaos ruiniformes et de prairies naturelles. C’est aussi un paradis pour les botanistes avec sa flore remarquable et notamment sa grande variété d’orchidées. Partant du Mas Raynal, nous empruntons au démarrage la D140 - que nous rendrons un peu plus loin, nous ne sommes pas des voleurs! - et nous traversons le pas d’Estrech (passage étroit) pour aller à la recherche d’un abime perdu au coeur d’un chaos rocheux.
Pour trouver l’abime, il faut quitter la D140 et avoir le sens de l’orientation, bartasser un peu et aussi être très prudent car du fait de la végétation environnante on arrive dessus sans crier gare avec le risque de tomber dedans, ce qui nous ferait faire une chute de 105m ! Imaginez: quatre vieux d'un coup dans un trou ça ferait faire des économies à notre caisse de retraite !
Même en se penchant au dessus, on n’en voit pas le fond mais on entend la rivière Sorgues qui y coule et ressurgit à deux kilomètres de là au pied du versant nord du plateau. Pour explorer cet impressionnant abime en compagnie de spéléologues je vous invite vivement à faire un détour par ICI
Nous regagnons la D140 pour reprendre notre tour du plateau guidés par un cairn dont les pierres défient la loi de la pesanteur. Chapeau à celle ou celui qui l’a édifié!
Parvenus au niveau de la Frayssinède, nous rendons la D140 au département et nous nous engageons dans une sente qui mène vers la Taillade. Un groupe de moutons, aussi inquiets et perplexes que des sénateurs devant une assiette vide, nous surveillent du coin de l’oeil, peu désireux de finir en gigots.
Mais alors que la table des sénateurs ploie généralement sous le poids des bouteilles de grand cru, la lavogne où ces moutons se désaltèrent menace d’être bientôt à sec si la sécheresse qui sévit depuis trois mois se poursuit. Cela dit, le bas niveau de l’eau nous permet d’admirer le travail artistique des anciens qui l’ont bâtie.
Une des règles à respecter impérativement en ces lieux consacrés à l’élevage est de fermer les portillons qui mènent aux enclos. Trop de randonneurs indélicats ne respectent pas cette règle, ce qui conduit, à juste titre, les paysans à interdire la traversée de leurs propriétés.
Nous passons près d’un alisier dénommé aussi sorbier terminal dont les fruits sont, paraît-il, comestibles. Mais ayant dans notre sac de quoi nous sustenter nous préférons nous abstenir d’y goûter. Et puis que mangeront les oiseaux cet hiver si nous pillons leur garde manger !
Ayant bifurqué vers la jasse de Peyre, nous revenons via les Bouzigasses vers le pas de Licous. La seule énumération de ces noms confère une aura poétique à notre périple.
De là, un superbe sentier en bordure de falaise nous mène vers la Pascalerie.
Une ouverture dans la végétation qui borde le sentier nous révèle un superbe panorama sur la vallée de l’Orb qui nous incite à y faire notre halte pique-nique. S’il y avait un concours des plus beaux lieux de pique-nique du monde, je pense que nous serions dans le haut du palmarès !
Je dédie cette photo à toutes celles et ceux condamnés aux cantoches d’entreprise comme je le fus une partie de mon existence! Trinquer avec des amis en un tel lieu est un bonheur inestimable que ne connaîtront jamais les Arnault, Bezos et autres Musk préoccupés dans leurs bunkers de luxe ou sur le pont de leurs yachts à faire fructifier leurs délictueux milliards.
Parvenus au niveau de la Pascalerie, nous prenons la direction du Pas Farrat
Soudain derrière le fatras végétal qui borde le chemin surgit ce qui reste de la toiture d’une antique jasse.
Sur le fronton de l’entrée est inscrit une date «1820», ce qui fait que cette bâtisse à plus de deux siècles mais seules les poutres de la charpente ont subi l’usure du temps.
Par contre, les magnifiques arches de pierres qui les soutenaient défient la loi de la pesanteur, éclatante démonstration de ce qu’est capable de concevoir un cerveau humain, coupable par ailleurs, hélas, de tant de turpitudes et d’horreurs!
Nous cheminons sur une antique voie menant à la bergerie dans les pas de ceux qui ont vécu ici pendant des siècles. Ils y menaient une existence rude et spartiate éclairés la nuit par la seule lueur de la lune et des étoiles qui nourrissaient leur âme du lait de leur mystère et dilatait leur conscience. Aujourd’hui nos âmes se perdent dans la nébulosité de nos écrans qui les entrainent dans un tourbillon d’egos narcissiques plongeant leur regard sur leur nombril.
Parvenus au Pas Farrat, nous prenons la direction du Pas de Tirecul ce qui nous ramène sur le flanc nord du plateau dont le climat plus humide est plus propice au développement de la forêt. Notons que la dénomination de Tirecul lui a été donné en raison de la pente extrêmement raide qui permet d’y accéder quand on vient de la vallée de la Sorgues qui longe le plateau au Nord.
Au Pas de Tirecul, nous rejoignons le GR71C qui nous ramène au Mas Raynal en nous offrant une succession de panoramas dont la contemplation emplit notre âme de sérénité.
Puisse le paradis, s’il existe et si j’y suis admis, ressembler au plateau de Guilhaumard !
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Je vous invite à écouter ma chanson
Elle parlait à l'oreille des chevaux...
Sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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