Au dessus de la Vis par le saut du Loup !
En ces temps ou l’essence devient un produit de luxe, je mesure le bonheur que j’ai d’habiter une région qui m’offre à environ une heure de route une grande diversité de paysages. La semaine passée nous avions surplombé les ruffes rouges du lac du Salagou et aujourd’hui nous allons cheminer au dessus des gorges de la Vis, belle rivière qui entaille les contreforts calcaires des Cévennes. Nous partons du pittoresque - c’est une norme dans ma région - village de Madières dont les maisons s’étagent sur les deux rives. Construit à l’époque romaine sur la voie reliant Le Vigan à Lodève, son nom vient probablement du latin «Materias» (bois de construction) et correspondait à un lieu très boisé.
Sur la rive nord, les habitations sont dominées par un superbe château édifié au 13ème siècle et modifié depuis lors. Après les guerres de religion qui ont dévasté le village - que de crimes au nom des dieux ! - celui-ci a connu une renaissance aux 18ème et 19ème siècles grâce à l’élevage du ver à soie. Depuis il a périclité et ne connait un regain d’activité que durant l’été car la Vis et la proximité des Cévennes en font un lieu de villégiature recherché.
La lumière tamisée du soleil à travers la brume née de la rivière crée une ambiance de premier matin du monde. Le sentier que nous allons emprunter va nous mener en haut de ces falaises. Haut les coeurs !
En prenant de la hauteur sur la rive sud, nous passons au niveau de l’ancien château construit par les Wisigoths au VIIème siècle en ce lieu où passait la frontière avec le royaume des Francs. Ce château sera détruit pendant la croisade contre les cathares par des troupes du roi de France. Le désir de puissance et la barbarie traversent l’histoire humaine et nous n’aurons jamais hélas de répit.
Le sentier monte tranquillement vers le Saut du Loup, promontoire rocheux qui nous fait face. Curieux de toponymie, je n’ai malheureusement trouvé aucune trace d’une légende à l’origine de ce nom.
De là haut, la vue est somptueuse sur les gorges de la Vis. Il est sidérant de voir le travail de sape réalisé par l’eau au cours des âges, c’est pourquoi je me garde bien d’en faire couler dans mon gosier !
Le chemin traverse une forêt à l’abri d’un promontoire rocheux qui préserve sa fraîcheur en toutes saisons. Les arbres y sont vêtus d’une magnifique parure de mousse qu’irradie le soleil.
Nous passons devant l’ancienne bergerie de Sauvie qui restitue peu à peu à la terre les pierres que les hommes lui avaient empruntées. Que restera-t-il de notre civilisation dans dix mille ans à part des déchets nucléaires? Lisez et achetez la magnifique bande dessinée d’Etienne Davodeau «Le Droit du Sol - Journal d’un vertige» qui traite de cet héritage que nous laisserons aux générations futures.
Cette ancienne bergerie comporte un astucieux système d’aération, dispositif que je n’avais encore jamais vu.
Après quelques kilomètres sur le plateau sommital, il nous faut un peu de temps pour trouver le sentier qui redescend vers la rivière car son départ est encombré d’arbres morts qui nous obligent à quelques contorsions.
Etant quelques kilomètres en aval du village de Madières, le relief s’adoucit et la vallée s’élargit où coule paresseusement la rivière.
Puis, retournant vers le village nous sommes dominés par des falaises abruptes que le temps transforme peu à peu en pierriers.
L’histoire de la Terre se révèle dans les strates superposées de roches qui représentent chacune des millions d’années. Nous nous mesurons notre âge aux strates de rêves que nous devons abandonner.
L’épais tapis forestier qui occupe les rives de la rivière protège ses eaux des ardeurs du soleil ce qui fait qu’elles restent fraîches - nous allons bientôt le vérifier ! - même l’été et sont très poissonneuses.
Le sentier se rapproche de la rivière et connaissant notre tropisme pour les bains glacés vous vous doutez bien que nous n’allions pas manquer l’occasion de nous baigner ! L’air était ce jour là à 10° le jour et 2° la nuit, on vous laisse deviner la température de l’eau !
J’espère que Julie sera satisfaite, elle qui s’inquiétait de ne pas encore nous avoir vus nous baigner cet hiver! Bon nous n’y sommes pas restés longtemps de peur que les truites ne prennent nos bijoux de famille refroidis pour un asticot !
Les arbres sont nos meilleurs amis qui nous fournissent l’oxygène que l’on respire et rafraichissent l’atmosphère l’été par leur évaporation. Même morts ils sont utiles, comme ce saule qui nourrit cette superbe colonie de lenzites tricolores entretenant ainsi la biodiversité dont notre survie dépend.
Ces ruines d’un domaine perdues au milieu du dense couvert forestier qui recouvre les rives de la Vis nous donnent le sentiment d’entrer dans un film d’Indiana Jones. Il faut dire que chaque sentier de ma région est la porte ouverte à l’aventure !
Sur la route du retour, nous nous arrêtons à un point de vue sur l’amont des Gorges qui mène jusqu’au cirque de Navacelles ! Point n’est besoin d’aller aux USA pour avoir un spectacle en CinémaScope ! Le Languedoc, c’est Top !
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Une jeune fille au bord de la rivière
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