Autour de Brive la Gaillarde - 1 - Les villages rouges et blanc
Quand j’étais un jeune ado, j’écoutais "en douce" un disque de Brassens de mes parents où il chantait l’Hécatombe dont la «verdeur» et le ton anarchisant de l’histoire me réjouissaient. Je me suis toujours dit qu’un jour j’irais visiter Brive-la-Gaillarde, lieu où se déroule cette chanson. Ce n’est que ce printemps que j’ai réalisé ce projet en louant avec des amis un superbe gîte rural «Le grand Frêne» situé dans le hameau de la Bitarelle à environ 20 kilomètres de cette belle cité.
Nous sommes à 450 mètres d’altitude et l’immense toison de forêts de feuillus et de prairies qui recouvre la Corrèze révèle le climat océanique dont elle jouit. Il occasionne de nombreux brouillards matinaux qui ne sont pas sans charme pour le photographe que je suis.
Notre première balade nous mène au coeur de la cité qui a gardé ses atours médiévaux et que domine le clocher de la collégiale St Martin.
Au VIème siècle, Brive s’appelait Briva Curretia qui veut dire «pont sur la Corrèze». On lui adjoignit au XIVème siècle l’épithète «La Gaillarde» car elle fut l’une des rares cités à résister aux anglais pendant la guerre de cent ans. Ce passé a sans doute inspiré Brassens pour sa chanson. Au demeurant, la statue de Marie qui affiche une mine méfiante et tient un tabernacle dans sa main semble prête à l’asséner sur la tête de celui qui oserait profaner les lieux.
Le lendemain, ayant besoin de remplir le frigidaire et la cave, nous nous rendons à Meyssac l’un des villages «rouges» de la région où se tient un marché les mardi et vendredi matins.
L’appellation de village «rouge» n’a rien de politique car elle est due au fait que les édifices de ce village sont bâtis avec des pierres de grès rouges qui proviennent de l'érosion très ancienne du Massif Central.
En effet, il y a environ 255 millions d'années, cette montagne culminait à plus de 5000 mètres d’altitude, le climat était chaud de type continental et les précipitations très concentrées tombaient sous forme d'averses violentes. La montagne s'est ainsi érodée durant des millions d’années et les différentes roches se sont fragmentées en galets, en sables et en argiles. Ces matériaux « détritiques", qui contenaient de l’oxyde fer qui leur a donné cette coloration, ont été charriés vers l'aval par des cours d'eau torrentiels. C'est dans ces "cuvettes" dont celle de Meyssac que le grès s’est formé.
Les humains de cette région ont su honorer le précieux cadeau que leur a fait la terre en édifiant des immeubles harmonieux dont ils prennent un soin jaloux. Ici on ne voit pas l’ombre d’un mur en parpaings bruts qui défigurent les villages de l’Hérault où je vis.
Après une pause au gîte, nous partons visiter l’autre et célèbrissime village «rouge» voisin de Meyssac : Collonges la Rouge qui doit sa richesse architecturale au fait qu’elle est devenue au XVIème siècle le lieu de villégiature privilégié des grands fonctionnaires de la vicomté de Turenne, dernier grand fief indépendant au cœur du royaume de France, la Vicomté était un territoire jouissant d’une grande autonomie jusqu’en 1738, date de sa vente à Louis XV.
Les édifices de Collonges la Rouge sont plus majestueux et imposants que ceux de Meyssac et sont agrémentés de superbes jardins. Mais le village est devenu un musée avec des boutiques pour touristes alors que Meyssac a gardé ses habitants et grouille de vie.
Le tympan du portail de l’église est d’une grand finesse bien que l’on sente la lassitude des douze apôtres que l’on y voit qui aimeraient bien quitter leur «perchoir» pour aller baguenauder dans les ruelles de la cité.
Car il est effectivement fort agréable, en dehors de la pleine saison touristique, de déambuler dans ses ruelles.
Il est rare de visiter un lieu où l’on ne perçoit aucune fausse note architecturale ou urbanistique, ce qui prouve que quand on veut vraiment préserver la beauté de son environnement, on le peut !
Mais la Corrèze est une terre de contraste et le lendemain nous allons visiter le village «blanc» de Curemonte, joyau médiéval perché sur un promontoire au coeur d’une zone vallonée.
Ici on aperçoit le château de St Hilaire et celui de Plas et, un peu plus loin à droite, l’église avec son clocher à peigne.
Au coeur de village passe le 45ème parallèle qui le met à équidistance de l’équateur et du pôle nord !
On est étonné de découvrir de si imposants châteaux dans un si petit village et l’un d’eux fut édifié par Jean, docteur en droit canon de la Sorbonne, ambassadeur de Louis XII et de François 1er en Écosse, puis évêque de Périgueux.
Notre étonnement est encore plus grand quand on découvre un troisième château, celui de la Johannie, au coeur du village
L’église n’a rien à envier aux châteaux et dresse vers le ciel son imposant clocher peigne
Question élégance, les demeures civiles ne sont pas en reste et un propriétaire a orné le mur de sa propriété de citations littéraires poétiques et humoristiques
Dont voici un délicieux exemple.
Il a aussi crée un superbe jardin « japonisant » de pierres et de bois qui contraste harmonieusement avec le vert de l’environnement.
Ce village est une véritable machine à remonter le temps même si il ne m’a pas rendu mes jambes de ma jeunesse.
Nous l’avons visité au printemps, mais l’hiver il a aussi un autre charme, comme l’illustre cette photo prise par Tim Mannakee et qui est exposée dans le village.
Je vous invite écouter ma chanson
Je fais chanter ma guitare....
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre de ce blog)
PHOTOS & TEXTE ULYSSE
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