Autour de Brive la gaillarde - 2- les villages de Turenne, Martel et Aubazine
Après un interlude sportif dans les Pyrénées, je vous invite à reprendre mes pérégrinations "touristico-culturelles". Le premier objectif de ce nouveau périple est la cité perchée de Turenne dont le nom au demeurant vient du nom celtique «turra» qui veut dire «hauteur». Faisant partie de la Vicomté possédée par la famille de Turenne, elle a jouit entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle d’une grande autonomie, les vicomtes n’étant tenus qu'à un simple hommage d’honneur envers le Roi de France. Ils sont exemptés de l’impôt royal et gouvernent en véritables souverains : ils réunissent leurs Etats, lèvent leur propre impôt, battent monnaie, anoblissent, peuvent lever leur propre armée. Cette autonomie prit fin le 8 mai 1738 quand la Vicomté fut vendue à Louis XV pour rembourser de lourdes dettes de jeu de Charles-Godefroy, le dernier Vicomte de Turenne. Grandeur et décadence !
Les ruelles n’ont pas changé depuis des siècles si ce n’est l’asphalte qui les recouvre.
Nous passons devant le «grenier de la rente» massive bâtisse où les agents de l’administration vicomtale recevaient les contributions en nature ou en argent de la population. Vu sa taille on en déduit celui du train de vie des Vicomtes !
Du haut du village, on découvre un paysage façonné par l’homme qui permet d’imaginer l’abondance des moissons qui servaient de principale «assiette» aux impôts de l’époque. En fait d’assiette c’était plutôt une «bassine»et cela n’a guère changé depuis.
Puis nous nous rendons à Martel dénommée la ville aux sept tours dont l’une d’elle est ce magnifique beffroi qui se dresse sur la place de la Halle. Au dessus du passage figure un blason représentant trois marteaux en hommage à Charles Martel car c’est en ce lieu qu’il a anéanti les arabes en 732. Le marteau était en effet son arme favorite et il valait mieux ne pas être sur son passage. Pour célébrer sa victoire il fit construire une église autour de laquelle la ville s’est développée.
Le bâtiment de la halle a résisté aux péripéties historiques notamment à la guerre de cent ans et aux guerres de religion. Les humains sont vraiment une bande de « chiffonniers ».
Mais certains «chiffonniers» ont du génie comme l’illustre la magnifique charpente du bâtiment.
La cité est riche en magnifiques édifices comme cette demeure qui comporte de belles fenêtres de style « renaissance ».
Impressionnante est l’église qui célèbre la victoire sur les arabes qui nous permet de boire du vin et de manger du saucisson (merci Charles!). Elle témoigne de la richesse de la cité qui faisait partie de la Vicomté de Turenne.
Le tympan où figure un christ en majesté célèbre aussi avec des trompettes cette salutaire victoire.
La saison touristique n’a pas encore commencé et nous pouvons déambuler tranquilles dans les ruelles de cette belle cité.
Nous arrivons à Carennac dont les bâtiments surplombent la Dordogne. Dans cette cité résida, dans un prieuré aujourd’hui disparu, François de Salignac de la Mothe-Fénelon avant de devenir archevêque de Cambrai. Il y aurait rédigé Les aventures de Télémaque, personnage que l’on peut considérer comme le « Tintin » du XVIIIème siècle, livre destiné à instruire le duc de Bourgogne petit fils de Louis XIV.
Malgré la présence de cet homme éminent, l'église est plus modeste que celle de Martel
Par contre le tympan de son portail est de toute beauté où figure un Christ en majesté accompagné de onze des ses apôtres dont Pierre qui porte sans faillir depuis des siècles la lourde clé du paradis.
Je suppose que nombreux sont ceux qui en ont fait une copie pour être sûr d’aller au paradis! Mais ces petits malins vont se faire avoir car Dieu qui veille sur tout aura connaissance de cette tricherie et aura changé la serrure du paradis !
Non seulement le village est pittoresque mais ses habitants mettent un point d’honneur à l’embellir ce qui n’est pas le cas hélas dans le village où je vis.
Une étonnante tour dont les portes donnent sur le vide se dresse au bord de la Dordogne.
Nous terminons notre virée du jour par l’étonnant village d’Aubazines où nous allons croiser le fantôme de Coco Channel au coeur de l’ancienne abbaye cistercienne édifiée au XIIème siècle
L’édifice comporte un magnifique jardin d’où l’on découvre l’étonnant clocher qui comporte une extraordinaire particularité architecturale unique à ce jour. En effet, son plan carré à la base passe successivement au plan octogonal par une succession de gradins de pierre.
Faute de candidats à la vie monacale l’abbaye tomba peu à peu en ruines
Mais l’église et certains bâtiments monacaux ont résisté aux outrages du temps
Et c’est en ces lieux que l’on croise le fantôme de Coco Chanel car l’édifice fut transformé à la fin du XIXème siècle en orphelinat pour filles et Gabrielle Chanel alors âgée de 12 ans y aurait été abandonnée en 1895 avec deux de ses soeurs à la mort de sa mère. Elle y aurait appris la couture.
Les vitraux de l’église seraient à l’origine des lettres C entrelacées qui sont la signature de la marque de Chanel.
De même le pavage des couloirs de l’orphelinat où figurent une lune et un soleil l’aurait inspiré pour dessiner ses bijoux en forme d’étoile et sa célèbre « petite robe noire» serait une copie de l’uniforme qu’elle portait. Certains doutent qu’elle ait été effectivement vécue dans cet orphelinat car Coco était un peu mythomane et a eu aussi un passé trouble pendant l’occupation qu’elle cherchait à dissimuler.
A suivre….
Je vous invite à écouter ma chanson
"Café câlin "
sur mon blog Canta-la-Vida
(lien dans la barre de titre)
TEXTE & PHOTOS ULYSSE
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